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Arthur Zang : « N’ayez pas peur du regard des autres ! »

« C’est très difficile de ne pas pouvoir consulter un médecin. Ma famille était dans ce cas ». Voici pourquoi Arthur Zang s’est lancé dans la création du CardioPad, une tablette reliée par des électrodes à la poitrine du patient. Grâce au modem intégré, elle permet d’acquérir et de transmettre à distance les données du patient au cardiologue. La Royal Society, basée à Londres, vient de le distinguer parmi 1 800 candidats pour lui attribuer le « Prix Rolex à l’esprit d’entreprise 2014 ». Il aimerait que son culot soit copié enAfrique.

Le Point Afrique : Pourquoi vous êtes-vous intéressé au domaine médical ?

Arthur Zang : Je suis né à Yaoundé le 26 novembre 1987 et j’ai grandi dans le petit village de Mbankomo à 25 kilomètres au sud de Yaoundé. J’ai d’abord obtenu une licence en informatique en 2004, puis je suis entré à l’école polytechnique de Yaoundé, où je me suis spécialisé en informatique. Durant mes études, j’ai effectué un stage à l’hôpital et je me suis rendu compte qu’ il manquait cruellement de cardiologues au Cameroun : il y en a moins de 40 pour 19 millions d’habitants. Et impossible d’en trouver un en dehors de Yaoundé et de Douala.

Alors, que faire ?

En fait, c’est une rencontre qui a tout déclenché. Lors de mon stage à l’hôpital général de Yaoundé, j’ai rencontré le professeur Samuel Kingué, qui a des malades aux quatre coins du pays, et qui m’a demandé d’imaginer un outil pour mieux les suivre. C’est ce qui m’a poussé à consacrer, en cinquième année, mon mémoire d’ingénieur au développement d’un logiciel permettant d’effectuer les examens cardiaques et de transmettre les résultats à distance.

Et pour mettre en valeur ce logiciel, vous vous êtes mis en tête de lancer une tablette…

Oui, j’ai dû me mettre à l’électronique ! Je m’y suis initié en suivant à distance un programme auprès de l’Indian Institute of Technologie. Mais il me fallait de l’argent pour aller plus loin. J’ai d’abord obtenu 700 000 francs CFA, soit 1 450 dollars, grâce à un prêt bancaire contracté par ma mère infirmière. Cela ne suffisait pas. Plus tard,Paul Biya, le président de la République, m’a accordé une subvention de 20 millions de francs CFA, environ 40 000 dollars… C’est important, car cela m’a permis de continuer mes recherches et surtout d’effectuer des voyages en Chine, pour voir comment je pouvais mettre au point mon CardioPad.

Quand sera-t-elle disponible?

Le kit qui comprend la tablette, les électrodes et des appareils permettant de mesurer l’activité cardiaque est déjà disponible en précommande auprès des hôpitaux. À 3 500 dollars pièce, c’est deux fois moins cher que ce qui existe aujourd’hui. Je pense que les CardioPad que nous allons assembler au Cameroun seront disponibles en novembre. Avec ma société Himore Medical, je planche déjà sur la suite en m’intéressant à ce qui pourrait permettre un meilleur suivi des femmes enceintes par exemple. Mais, surtout, j’aimerais que d’autres entrepreneurs africains me suivent.. L’innovation peut venir et viendra de plus en plus d’Afrique ! Mon conseil aux jeunes Africains qui ont envie de faire changer les choses : ne soyez pas conventionnels. Et surtout, n’ayez pas peur du regard des autres, c’est normal que vous fassiez peur si vous apportez le changement.

Propos recueillis par GUILLAUME GRALLET / LEPOINT.FR

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