A la uneInsideInterview

Raymond Tchengang : « Le SYNAPROM protège et préserve les droits des artistes »

Le 30 Aout prochain se tiendra une assemblée générale du SYNAPROM (Syndicat National des Promoteurs de Musique), que vous présidez ; que pouvez-vous déjà nous dire sur cette tenue, de prime abord ?

Merci à vous culturebene, d’avoir pris la peine de venir auprès de moi vous enquérir de la situation. La tenue de cette assemblée justifie assez ma présence au pays dans la mesure où la communauté artistique camerounaise assistera à la mise en place dudit syndicat qui a pour mission première la protection et la préservation du droit de l’artiste camerounais. Nul ne l’ignore, le droit de l’artiste camerounais est bafoué et ce dernier est en chute libre depuis déjà quelques années, alors il fallait mettre en place un syndicat solide pour revendiquer ses droits.

Et jusqu’ici combien de membres le composent ?

Ils sont pour le moment vingt membres fondateurs ; d’où la tenue de cette assemblée générale du 30 Aout prochain au cours de laquelle un bureau sera élu.

Un compte a été ouvert pour assurer le bon fonctionnement du SYNAPROM ; pouvez-vous nous donner les chiffres y relatifs ?

J’ai décidé d’ouvrir un compte pour le fonctionnement du syndicat à hauteur de 15 000 000 F Cfa ; vous avez devant-vous les papiers qui le prouvent (Il nous montre le chèque en question). Vous le savez tout comme moi, ils sont nombreux ces artistes qui malheureusement décèdent pour avoir manqué d’une somme de trois mille francs pour s’acheter des médicaments. Personnellement j’en connais au moins huit qui ont perdu la vie ainsi. C’est dommage mais il ne faut pas se le cacher, aujourd’hui au Cameroun, le droit d’auteur n’existe plus ; la Cmc a disparu, et même la Socam n’existe plus. Dites-moi, l’artiste ira où pour défendre ou revendiquer ses droits ?

On imagine que vous détenez vous-même la réponse à cette question… Sinon, nous avions assisté aux élections qui avaient porté à la présidence de la Socam, le sieur Ndedi Eyango. Quel est votre regard sur ce qui s’est réellement passé ?

Ecoutez, le gens ont la mémoire courte ; moi, Raymond Tchenga j’avais pourtant fait le tour des médias à l’époque pour dénoncer cette mascarade. Je vous avais dit que cette assemblée n’ira nulle part et que tout ce qui était organisé tout autour n’était que folklore. J’ai même demandé aux artistes de ne pas y aller de peur de se casser la gueule, mais personne ne m’avait écouté…

Et qu’est-ce qui vous laissait penser cela ?

Plusieurs éléments ; déjà à ces élections on comptait des candidats qui n’étaient pas de nationalité camerounaise or les statuts de la Socam étaient clairs là-dessus. Je suis même allé jusqu’à sortir des documents prouvant la double nationalité du monsieur en question. Seulement, tant que le serpent ne vous a pas mordu, vous ne sauriez évaluer l’effet corrosif de son venin, alors les artistes sont allés soutenir massivement ce dernier. Mais après, où sont-ils donc ? Nous connaissons tous la suite, ce candidat a été contesté et son élection a été annulée. Seulement on se demande encore pourquoi le ministère des arts et de la culture a bien voulu accepter sa candidature au départ ? Monsieur Ndedi Eyango avait gagné légalement ces élections ; la question qui fâche c’est pourquoi avoir validé sa candidature alors que les statuts ne l’admettaient pas, n’étant pas camerounais ?

A qui la faute, selon vous ?

A la même personne qui fout le bordel dans le droit d’auteur au Cameroun et nous la connaissons tous : C’est la tutelle, n’ayons pas peur de le dire.

Comment fonctionnera le syndicat, une fois mis en place ?

Vous savez, il serait important déjà que l’on soit solidaire ; il va bien falloir faire asseoir tous les artistes -ceux de la diaspora ne sont pas exclus-, parce que l’un des problèmes majeurs des artistes au pays c’est l’existence des clans. Ce dysfonctionnement date de l’époque de la Cmc qui avait eu gain de cause devant les juridictions mais la décision n’a jamais été respectée par le MINAC. La tutelle a retiré l’agrément à la Cmc pour l’octroyer à la Socam et voilà qu’elle fait pareil avec la Socam. Là nous sommes perdus. Il serait peut-être important que le ministère de tutelle fasse asseoir les différents acteurs notamment Sam Mbende, Ndedi Eyango, pour ne citer que ceux-là, afin de trouver ensemble une solution. Et le SYNAPROM est aussi là pour ça : Rassembler les artistes et faire taire des querelles qui n’ont que trop duré.

Le SYNAPROM aura-t-il les moyens de sa politique ?

Vous savez ici, chaque artiste devrait prendre ses responsabilités ; moi j’ai pris de ma poche 15 000 000 Frs pour ouvrir ce compte, c’est mon argent et non celui de l’Etat. J’ai des enfants, j’aurais très bien pu leur donner cet argent ou m’en servir autrement, mais c’est parce que les problèmes des artistes de mon pays me préoccupent vu qu’ils sont abandonnés à eux-mêmes. Laissez-moi vous citer un exemple, vous connaissez bien l’artiste Tout Couleur ? Ce dernier était très malade et abandonné à son sort. Il avait perdu l’usage de ses jambes depuis pratiquement deux années. Alors quand j’arrive au Cameroun, il me fait part de sa situation et me dit qu’il lui faut un million pour se soigner. J’ai remis un million à ce dernier et deux mois plus tard on l’a soigné. Tout récemment il est quitté d’Akwa pour Deïdo à pied. Pour vous dire qu’il a recouvré l’usage de ses jambes. Croyez-moi, j’ai dit MERCI à Dieu. Tout Couleur n’est pas le seul, il y a également eu l’artiste Guy Lobè qui avait été victime d’AVC. On l’avait même annoncé pour mort après six mois d’hospitalisation. Pour qu’il reçoive des soins et puisse sortir de l’hôpital, j’ai dû débourser 6 000 Euros, pourtant Guy Lobè n’est pas mon frère, c’est un artiste camerounais, et moi je mène ces combats pour ces artistes camerounais que les gens ne cessent de clochardiser.

Mais vous êtes pourtant combattu aussi…

Justement, ça n’empêche que certains artistes me combattent. Mais je vais vous dire une chose : Dans un sac d’arachide s’il y a un seul grain pourri c’est pas tout le sac qui l’est. Moi je fais mon devoir et c’est désormais à chaque artiste de prendre ses responsabilités. Il y a des avantages à être membre du SYNAPROM, s’ils en sont conscients qu’ils viennent pour qu’ensemble on construise, même ceux qui m’insultent.

Commentaires

0 commentaires

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux:

📸 INSTAGRAM: https://instagram.com/culturebeneofficiel
🌐 FACEBOOK: https://www.facebook.com/culturebene
🐤 TWITTER: https://twitter.com/culturebene
📩 EMAIL: culturebene@declikgroup.com
Afficher plus

Articles similaires

Un commentaire

  1. ce monsieur a-t-il besoin de communiquer sur le montant des aides qu’il octroie aux uns et aux autres?? ou bien tout cela fait partie de la promotion de la musique??

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page