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Julio : « Les jeunes font de la danse contemporaine parce qu’ils veulent voyager… »

Le danseur et chorégraphe Julio traine une solide réputation dans le domaine de la danse ; pour l’avoir pratiqué depuis plus d’une quinzaine d’années, nous avons sollicité son expertise en la matière. Ce dernier nous parle alors de la Danse Contemporaine et ses contours.

Votre réputation de danseur-chorégraphe vous précède à chaque fois, et on vous retrouve sur tous les gros plateaux, très souvent comme présentateur aussi. Alors dites-nous, quelle différence devrions-nous faire des formes de danse actuellement pratiquées au pays ?

Il y en a plusieurs, effectivement, et vous faites bien de me permettre de les rappeler. Je commencerai par les danses dites patrimoniales qui en fait sont des danses traditionnelles, propres à nos différentes cultures. Je pourrais en citer l’Ambassi (SAWA), le Benskin (Ouest), Bikutsi (Centre), si je puis m’arrêter là. On retrouve également les danses urbaines, plus pratiquées par les jeunes ; on les appelle aussi danses hiphop et on peut citer le break dance, le pumpping, le jazzé, l’Azonto, le Coupé-Décalé, New Style, Tétris, bref il y en a énormément. On a aussi les danses de salon : Salsa, rock’n roll, rumba, tchatchatcha, valse, lambada etc… Et pour finir, je dirais la danse contemporaine, qui généralement se définie comme la danse du moment, ou danse de création, s’avère alors très artistique et profonde. Elle émane de plusieurs formules ; on pourrait très bien prendre des pas de danses patrimoniales, et y ajouter du modernisme, ça donnera de la danse contemporaine. C’est juste un exemple parmi tant d’autres.

Justement, vu que c’est un domaine que vous semblez maitriser, dites-nous en plus, afin que l’on ne soit pris dans le piège de l’amalgame…

Vous ne pensez pas si bien dire… En fait, dire que l’on fait de la danse contemporaine devrait aller au-delà de cette expression. Cela nécessite beaucoup de travail en termes d’énergie, d’entrainement, d’écriture chorégraphique, de technique, une formation digne de ce nom, bref, plusieurs aspects doivent être pris en compte. Beaucoup de danseurs font dans du contemporain sans toute fois se former, et certains qui acceptent se former ne le font pas jusqu’au bout car ils s’y sont jetés par souci de voyager, parcourir des pays, réaliser leurs fantasmes. En quelques mots, la danse contemporaine c’est le Temps, la Force ou l’Energie et c’est aussi l’Espace. Là sont ses éléments moteurs. Le comment faire usage d’un minimum d’énergie pour faire le maximum de mouvements.

De façon plus pratique, nous vous donnons quatre noms à partir desquels vous pourriez nous dire qui fait de la danse contemporaine et ne la fait pas : 1. King Créol, 2. Krisss Lady, 3. Michelle Djongui, 4. Simon Abbé ?

Ok ; Abbé Simon fait de la danse contemporaine. C’est vrai qu’il s’est lancé dans la danse avec du hiphop, avant d’intégrer le ballet national où il sera formé pendant trois années par les chinois, donc aujourd’hui je suis en mesure de dire qu’il est callé, comme danseur contemporain, vue toute l’expérience qu’il a pu emmagasiner. Michelle quant à elle, malgré le fait qu’elle n’ait suivi une réelle formation appliquée en la matière, a su capitaliser les nombreux stages aux côtés de grands danseurs en plus du visa pour la création qu’elle avait obtenu. Bref, Michelle est même l’une des meilleurs si ce n’est la meilleure au pays, en danse contemporaine. Kréol lui, fait les danses populaires ; c’est un danseur hip hop, les trucs du show… Krisss quant à elle ne fait pas exactement de la danse contemporaine, mais le plus qu’elle a par rapport à Kréol c’est qu’elle a aussi des bases de danses de salon, elle a été au ballet national également, donc elle fait aussi de la danse patrimoniale.

Et comment se porte la danse contemporaine au pays ? Son taux de pénétration est-il en nette progression ?

Je pense que oui ; puisqu’il y a un mouvement qui prend forme, il y a par exemple L’Institut français qui fait des efforts de ramener des danseurs-chorégraphes expérimentés de France et d’autres pays d’Afrique comme le Burkina Faso, sur place. Ces derniers tiennent des ateliers et il y a également des spectacles qui s’en suivent. Mais j’estime que l’on ne devrait pas prendre des jeunes du niveau amateur et leur tenir des ateliers dignes de danseurs professionnels. Certains comprendront où je veux en venir… Mon second souci réside au suivisme ou copié-collé ; beaucoup de jeunes danseurs aujourd’hui vont sur youtube télécharger des pas, ou imitent des pas de leurs formateurs sans toutefois savoir dans quel état d’esprit ces derniers étaient, ou bien même quelle a été leur écriture chorégraphique. C’est tout simplement dommage, car il faudrait être capable de créer, d’où son appellation : Danse de création. Je pense que ces jeunes devraient plus se rapprocher des aînés que nous sommes, pour plus d’apprentissage. D’ailleurs, je n’ai jamais refusé de recevoir un jeune frère, au contraire, je suis et reste ouvert. Vous savez, beaucoup aujourd’hui se lancent dans cette danse parcqu’ils espèrent un voyage au bout. A une époque, Mme Elise mballa Meka et Michel Nyakam ont fait partie du ballet national et ont pu beaucoup voyager dans le monde au gré des stages et formations, mais à chacun son destin. Même en faisant de la danse hiphop, bien, on peut réaliser ses rêves. La danse contemporaine est la danse à la plus haute dimension ; d’ailleurs il y a un phénomène qui gagne l’Europe ces derniers temps, c’est le phénomène de la non-danse. En fait vous êtes un danseur sur scène, vous regardez le public, vous déchirez vos vêtements, vous regardez le public sans mot dire, vous vous asseyez, vous vous levez, vous bousculez la table ou renversez ce qu’il y a au-dessus etc… Le tout pendant une heure de temps ; voilà comment vous êtes payez en millier d’Euros. Bref, c’est un peu ça la non-danse

On l’a sciemment voulu, qu’à la fin de cet entretien vous puissiez nous dresser votre parcours de danseur, surtout que vous revenez des Etats-Unis avec le ballet national…

Ouf ! ça risque être très long, mais en quelques mots, je suis entré dans la danse en 1998, mais bien avant je dansais sans ambition, juste pour accompagner des grands-frères. J’étais à l’époque danseur hiphop et par la suite j’ai été sept fois sacré champion de danse du Littoral. Dans les années 2000 je suis danseur du groupe Bantou Po-Si, et c’est là que j’intègre la notion du showbiz dans ce que je fais, aux côtés des aînés et pères comme Jef T Talla et le feu Tom Yom’s. Je remporte aussi les deux premières éditions de la méga compétition Real Time Music  Show Train. J’étais une star de la danse à Douala et je bossais en solo et avec les grands crews comme le Kundeyala… Bref, c’est en 2006 que le déclic se fait ; il m’avait été rapporté qu’on lançait un casting pour le ballet national, j’ai pas réfléchi je m’y suis rendu (Yaound). Arrivé sur place, j’ai été le premier danseur de l’histoire du ballet national à être sélectionné dès les échauffements. C’est-à-dire que pendant que l’on se préparait à passer le casting, alors que j’esquissais quelques pas pour me mettre en condition, on me dit : « Gars le jury demande qui tu es et d’où tu viens ? », et c’était des chinoises qui constituaient le jury. J’ai passé mes trois années de formations, mais c’est à partir de 2007, avec l’arrivée de la ministre Ama Tutu Muna, que j’effectue mes premiers voyages, notamment en France, invité par l’UNESCO. Puis on a été accompagner les Lions Indomptables partout pour diverses compétitions (CAN, Coupe du Monde, etc…). Et par la suite nous sommes allés en Chine, au Japon, en Algérie, au Maroc, bref, on a parcouru le monde, et comme vous l’avez mentionné, tout récemment nous étions au pays de l’oncle Sam en Mars, et aussi en Juillet de l’année 2014.

 

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