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À la rencontre des derniers rois d’Afrique

Le trône a maintenant des airs de relique poussiéreuse. Mais dans de nombreux pays d’Afrique, il demeure occupé par une tête couronnée. Fortes de leur résistance au joug colonial, certaines jouent même un rôle politique décisif, disputant le glaive aux hommes d’Etat. D’autres, ont disparu, balayées par le vent de libertés qui souffla au sortir de l’indépendance.

La marche vers l’autonomie se solda ainsi par une chute pour le roi Ntare V Ndizeye du Burundi et Kigeli V Ndahindurwa du Rwanda. Elle poussa aussi Moshoeshoe II, au Lesotho, hors du pinacle. Pour ceux qui se maintinrent, cependant, la fin de la colonisation marqua le début d’un règne nouveau, placé sous le signe de la négociation et du négoce.

Deux ans seulement après que la Zambie eut acquis son indépendance en 1962, le président Kenneth Kaunda concéda une certaine autonomie à la province du Barotseland et son souverain Litunga Lubosi. Aux Ghana, les potentats locaux durent attendre 1980 pour voir leur autorité traditionnelle se muer en mandat légal. Car si leur popularité était grande, Kwame Nkrumah avait tenté de les réduire au silence au cours des années 1960.

En Ouganda, le héraut de l’indépendance, Milton Obote, avait une conception tout aussi monopolistique du pouvoir rappelle The African Report. Son arrivée à la tête du pays signa la fin des royaumes et le début de l’exil du souverain du Bouganda, Kabaka Mutesa II. Mais l’instabilité politique du pays allait précipiter le retour d’une monarchie d’abord formelle, celle du «dernier roi d’Ecosse», Idi Amin Dada, puis bien réelle mais plus éparse avec la restauration du pouvoir séculaire, en 1993, par le président Museveni.

A de nombreux égards, ces chefs locaux pouvaient et peuvent encore jouir d’une aura considérable. Pour preuve, un sondage réalisé par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), en 2008, auprès de 1.200 Burkinabè indique que «la confiance de la population envers l’institution traditionnelle est plus grande qu’envers les institutions modernes». Un état de fait qui pèse sur la vie politique et qui oblige le président Blaise Compaoré à chercher le soutien des rois et chefs de canton mossis.

Le roi Mswati III est l’un des tout derniers à régner sur un Etat reconnu par la communauté internationale. Le souverain du Swaziland, qui affirme recevoir des directives de Dieu, a la mainmise sur la politique et l’économie du petit royaume d’Afrique australe depuis son couronnement en 1986. Une stabilité que peut aussi revendiquer Mohammed VI, vingt-deuxième monarque de la dynastie alaouite à présider à la destinée des Marocains.

En dépit de leur résilience au niveau local, les monarques sont une espèce en voie de disparition. Ceux qui demeurent en place, sont ceux qui, le plus souvent, ont su convertir leur autorité spirituelle en monnaie sonnante et trébuchante.

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