Clin d'oeilInterviewMusique

Eko Roosevelt: « Les meilleures écoles de musique restent les pianos bar et les cabarets »

A 70 ans, il est fier de célébrer ses 50 années de musiques dont les 20 premières restent les meilleures de sa vie. Sa Majesté Eko Roosvelt prépare activement le dîner-spectacle du 11 décembre prochain, prétexte pour une levée de fonds qui lui permettra d’organiser des spectacles à la hauteur de son charisme et palmarès. Culturebene s’est approché de ce baobab de la musique camerounaise voire africain.

Eko Roosevelt, un nom très respecté du milieu artistique camerounais et d’ailleurs sur le point de célébrer ses 50 ans de carrière. On se rappelle qu’à une époque lointaine vous penchiez alors pour votre passion la musique au détriment de votre profession d’antan. Sauf qu’il s’est écoulé près de trente ans sans sortie de disque officielle. Cette passion aujourd’hui serait-elle devenue –à tort ou à raison- un divertissement ? Peut-on évoquer le découragement ?

Voilà pourquoi déjà nous avons préféré le terme « 50 ans de musique » et non spécifiquement 50 ans de carrière. Vous savez, le disque est une activité commerciale aujourd’hui ; moi je ne suis pas un commerçant. D’autres s’en sortent tout de même, c’est bien aussi. Moi je peux produire autant de chansons, d’ailleurs j’en ai à foison, mais de là à les sortir j’émets des restrictions. Vous-même vous voyez dans quel environnement nous baignons aujourd’hui avec le phénomène de piraterie etc. Si je produis un disque aujourd’hui, c’est pour nourrir le pirate et non moi-même. Investir aujourd’hui dans du disque, malgré l’avancée technologique dont se satisfassent certains, c’est se risquer à dépenser pour rien. J’ai préféré donc faire un choix : je joue ma musique, dans la joie et en satisfaisant mon public, et j’en vis convenablement. Pour la petite histoire, je joue même très souvent des chansons que je n’ai même pas encore enregistré, mais que le public apprécie beaucoup or il ne les découvre que nouvellement.

On comprend mieux pourquoi certains –notamment de votre génération- ont fait le choix de s’expatrier, afin de vivre décemment de leur art. Pourquoi ce ne fut pas le cas avec Eko Roosvelt ?

C’est très simple, j’ai voulu me créer un cadre social convenable car j’ai toujours bien vécu ici qu’ailleurs. Je suis issu d’une famille plutôt aisée, c’est d’ailleurs l’une des très vielles familles d’ici : La famille royale des Batangas. Depuis plusieurs années j’ai succédé à mon grand-père comme Chef de village et je mène plutôt une vie épanouie. Je suis par ailleurs conseiller municipal, officier d’état civil, et j’en passe. Je ne me plains pas. Ceux qui sont partis doivent certainement avoir une bonne raison. Moi si j’étais parti, je ne serais rien devenu et je n’aurais certainement pas investi autant car aujourd’hui j’ai construit plein de maisons. Je consacre ma vie au travail mais aussi au développement de mon pays.

A la conférence de presse que vous avez donnée jeudi 26 novembre dernier au Cabaret BOIS D’EBENE de Yaoundé à l’occasion de l’annonce de votre diner-spectacle du 11 décembre prochain à l’hôtel La falaise, vous déploriez les effets négatifs de la technologie notamment les programmations qui selon vous ont tué l’esprit du LIVE. Tout espoir serait-il perdu, selon vous, pour ce qui est de la bonne musique ?

Il serait très prétentieux de ma part d’aller jusque là. Mais je reste convaincu que cette programmation donne la facilité à plus d’un qui ne pensent même plus à travailler, ni à faire de la recherche musicale. Quelqu’un d’autre programme pour vous, et votre esprit n’y est pas véritablement etc. La plupart de jeunes font aujourd’hui de la musique sans âme ni feeling, et c’est un peu ce que je déplore. Une chanson que vous avez travaillée pendant des mois et y aviez mis du cœur, quand vous la chantez vous éprouvez plus que du plaisir et ça reste dans les mémoires.

Mais les anciens que vous êtes, pouviez vous mettre ensemble et initier des sortes d’écoles, quitte à ce que des structures ou entreprises vous accompagnent…

Disons qu’il y a des cabarets ; les plus connus sont à Douala et Yaoundé. Mais je l’avoue, je n’ai plus la force de trainer dans des cabarets les nuits pour chanter ou jouer comme avant, j’ai 70 ans aujourd’hui, je ne suis plus si jeune. Mais je continue de donner des ateliers de musique aux jeunes. Les meilleures écoles demeurent les pianos bar et les cabarets.

Vos 50 années de musique sont annoncées pour Douala, Yaoundé et Kribi, du moins en principe ; le gouvernement, à travers le MINAC aurait-il déjà fait un geste y relatif ?

Venant du gouvernement je puis dire qu’il y a des années j’aie été décoré Chevalier, Officier et Commandeur, et comme je suis chef traditionnel on m’a même décoré Musicien- Chef traditionnel. Mais pour ce qui est de cette célébration, je n’ai pas eu à approcher le gouvernement, puisqu’à chaque fois que j’y allais je ne frappais pas à la bonne porte.

On se souvient encore de votre démarche vers le gouvernement pour une subvention de 10 millions qui vous auraient permis de sortir un certain nombre de chansons ou d’albums…

Ces 10 millions n’auraient pas seulement servi à sortir des albums ; j’avais un centre d’apprentissage de musiques du côté de Douala et il était aussi question de le fournir en instruments. Malheureusement jusqu’aujourd’hui je n’ai eu aucune réponse.

Mais vous pouvez relancer ; c’est un autre système qui se met en place, sait-on jamais…

D’accord je vais essayer (rires) ; je verrai.

Joyeux anniversaire Monsieur EKO Roosvelt.

Merci à vous.

Commentaires

0 commentaires

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux:

📸 INSTAGRAM: https://instagram.com/culturebeneofficiel
🌐 FACEBOOK: https://www.facebook.com/culturebene
🐤 TWITTER: https://twitter.com/culturebene
📩 EMAIL: culturebene@declikgroup.com
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page