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Chimamanda Adichie, romancière nigériane et nouvelle icône mondiale du féminisme

Chimamanda Adichie, romancière nigériane et nouvelle icône mondiale du féminisme
« Il y avait une somptueuse lenteur féminine dans sa démarche, une amplitude, un roulement de fesses à chaque pas. Une démarche nigériane ». Ces mots tirés de la traduction d’Americanah, le nouveau roman de Chimamanda Adichie, plus qu’un personnage du livre, décrivent aussi l’écriture et la personne de l’auteur. Cette dernière a réussi par la beauté de son écriture à séduire le monde littéraire pendant que son engagement dans un combat quotidien pour la valorisation de la femme inspire les féministes partout sur la planète, dont des célébrités telles que la chanteuse Beyonce.

Le grand public l’a découverte à l’occasion de la sortie de l’album de Beyonce le 13 décembre 2013, lorsque dans la chanson Flawless, la chanteuse cite des extraits du discours prononcé par Chimamanda Ngozi Adichie lors de la conférence TED. Les jours qui vont suivre verront naitre un engouement particulier pour le travail de la romancière nigériane. Pourtant Chimamanda Adichie n’est pas une inconnue du monde littéraire.
Une passion précoce pour les livres
Il faut dire que certaines choses prédisposaient la native d’Enugu (née le 15 septembre 1977) au Nigéria à réussir dans cet univers. Elle en donne quelques exemples dans son discours devant l’assemblée Ted « Ma mère dit que j’ai commencé à lire à l’âge de deux ans, même si je pense que l’âge de quatre ans est plus conforme à la vérité. J’étais donc une lectrice précoce. (…)J’étais aussi un écrivain précoce. J’ai commencé à écrire, vers l’âge de sept ans, des histoires écrites à la main et illustrées aux crayons de couleur que ma pauvre mère était obligée de lire », explique la romancière nigériane.

Durant sa scolarité et un début de cursus universitaire dans la ville de Nsukka où elle grandit, elle devient une véritable lectrice vorace, férue de littérature, d’abord occidentale puis africaine. Mais Chimamanda doit quitter le Nigéria à l’âge de 19 ans pour rejoindre sa sœur aux Etats Unis. Elle obtient à la Drexel University de Philadelphie (Pennsylvanie) en 2001, sa licence universitaire en communication et en sciences politiques avec la mention honorifique summa cum laude. Elle décroche ensuite un master en création littéraire à l’université Johns Hopkins de Baltimore en 2003.

Une romancière flamboyante et engagée auprès de son pays
j’ignorais que des gens comme moi pouvaient exister dans la littérature

Si les premières amours littéraires de Chimamanda Adichie se tournent vers les livres occidentaux, elle va découvrir et s’éprendre de littérature africaine. Cet intérêt va naitre avec le livre « Things Fall Apart » de Chinua Achebe qui la subjugue. Comme elle le dit dans son discours TED

« Il faut dire que j’avais adoré les livres américains et britanniques que j’avais lus. Ils avaient stimulé mon imagination. Ils m’avaient fait découvrir de nouveaux mondes. Mais le corollaire involontaire de ces lectures était que j’ignorais que des gens comme moi pouvaient exister dans la littérature ». Elle commence alors à écrire en appréciant, en plus du côté artistique de la littérature, l’engagement des écrivains. Cet attrait pour l’engagement lui inspire une pièce de théâtre. Il s’agit de « For Love of Biafra » publié au Nigéria en 1998. L’auteure, elle-même, qualifiera de » terriblement mélodramatique » cette pièce sur l’éphémère nation du Biafra entrée en guerre contre le Nigéria dans les années 1960. Elle ne connaîtra pas un grand succès, même si on y entrevoit déjà le talent de Chimimanda Adichie. L’engagement de cette dernière dans l’histoire de son pays est également apprécié à l’initiative de cette pièce. C’est en 2003 qu’elle écrira finalement son premier roman, « l’hibiscus pourpre ». Inspiré de son histoire, ce livre raconte la vie de Kambili, une adolescente de quinze ans vivant à Enugu avec ses parents et son frère Jaja. Eugene, son père, est un riche notable qui régit son foyer selon des principes très stricts. Véritable héros et pilier de sa communauté, ce fondamentaliste catholique assimile l’éducation de ses enfants à une véritable « chasse au péché ». Durant la période d’instabilité créée par le coup d’Etat qui vient secouer le Nigeria, Eugene est obligé de laisser ses enfants aux bons soins de leur tante. Ils découvrent avec elle une vie nouvelle, pleine de rires et de joie de vivre. Ils y prennent goût, et se rendent progressivement compte de la nature tyrannique de leur père. Leur retour sous le toit paternel marque le début d’un conflit très violent.

Le livre est un véritable triomphe, non seulement au Nigéria mais également à l’extérieur du pays. Mais, personne n’avait parié sur le succès de ce roman. Plusieurs maisons d’édition ont, en effet, refusé le manuscrit de ce livre. «J’étais préparée à essuyer l’indifférence : les agents [littéraires ] avaient été tellement nombreux à m’expliquer, en rejetant le manuscrit que le Nigeria n’intéressait personne », explique-t-elle, sur son site Chimamanda.com. Pourtant, après sa publication, le livre est encensé par la critique et figure, l’année suivante, dans la liste des sélections du prestigieux Orange Prize for Fiction qu’il ne remportera finalement pas. Mais, il sera couronné Meilleur premier livre du prix littéraire Commonwealth Writers’ Prize.

Forte de ce succès, Chimamanda Adichie va publier en 2006 son second roman, « L’Autre Moitié du soleil » dont le nom vient du drapeau du Biafra. Ce livre rencontre beaucoup plus de succès que la pièce de théâtre qu’avait écrite la romancière sur le même sujet. Contant l’histoire de deux sœurs séparées par la Guerre du Biafra, ce roman fait le tour du monde. C’est finalement avec lui que l’auteure remporte le prix Orange Prize for Fiction en 2007, alors qu’elle achève son cycle de Maitrise ès Arts qu’elle finit en 2008 à l’université de Yale. En 2008 justement, elle reçoit le prix MacArthur. Le prix MacArthur est une distinction annuelle décernée par la fondation éponyme offrant une bourse de 500 000 dollars, versés sur cinq ans, aux lauréats qui ont démontré « une créativité particulière », pour leur permettre de poursuivre et développer leur activité.

En 2009, Chimamanda Adichie publie un troisième roman « The Thing Around Your Neck » qui rencontre moins de succès que le précédent mais fait des chiffres de vente au-dessus de la moyenne. Mais la romancière est désormais une véritable célébrité. Elle est inscrite à l’émission TV The New Yorker « 20 Under 40 ».

En 2014, Chimanda Adichie publie Americanah, une histoire d’amour sur fond de mixage des cultures entre Etats-Unis et Nigéria. Le livre est un véritable succès avec près de 500 000 exemplaires vendus la première semaine. Le livre est traduit en près de 30 langues, confirmant avec son succès le nouveau statut d’écrivain star de Chimamanda Adichie.

Une véritable icône féministe planétaire
J’ai décidé d’être désormais une féministe africaine heureuse qui ne déteste pas les hommes, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes

Si Hollywood prévoit de réaliser un film sur la vie de Chimamanda Adichie, si elle est citée dans la chanson Flawless de la diva Beyonce, ce n’est pas seulement pour son talent d’écrivain. En effet, elle est également une grande figure du féminisme mondial et ne manque aucune occasion, aussi bien dans ses livres que dans ses interventions, de rappeler son engagement dans la lutte féministe. D’ailleurs, son discours à l’assemblée TED est intitulé « We should all be feminists ». Elle y décrit non seulement son attachement à la cause des femmes mais sa vision du féminisme et des clichés qui sont liés à ce mouvement. « J’ai décidé d’être désormais une féministe africaine heureuse qui ne déteste pas les hommes, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes », a-t-elle déclaré au TED face aux critiques selon lesquelles le féminisme n’est pas une valeur africaine et est le propre des femmes malheureuses qui haïssent les hommes. Chimamanda Adichie lutte donc contre la subordination de la femme aux hommes sous toutes ses formes et prône une égalité des genres. Ce combat transparait dans la plupart de ses écrits et lui attire des soutiens partout sur la planète.

La romancière désire également mener un autre combat : celui de la promotion de la littérature dans son pays. « Avec mon éditeur nigérian, nous venons de lancer une ONG qui s’appelle Farafina Trust. Et nous avons de beaux rêves de construire des bibliothèques et de rénover celles qui existent déjà. Nous allons fournir des livres aux écoles gouvernementales qui n’ont rien dans leurs bibliothèques. Nous voudrions aussi organiser plein d’ateliers de lecture et d’écriture, pour toutes les personnes qui ont envie de raconter nos nombreuses histoires », a-t-elle révélé.

source: Aaron Akinocho / ecceafrica.com

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