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Raoul Diagne, premier Noir à enfiler le maillot de l’équipe de France

Aujourd’hui et plus que jamais, nombreux sont ceux qui trouvent qu’il y a trop de noirs, d’arabes, voire de polonais dans l’équipe de France. Regardée par presque 70 millions de sélectionneurs dont certains, surtout des personnalités politiques, y voient un bon prétexte pour y aller de leur analyse socio-politique, voire pire… Cependant, d’après un sondage effectué en France en 2007, 9,5% des habitants se déclarent être issus d’une minorité visible (noirs, métisses, indiens etc). Nous passerons-nous un jour de jugements et autres analyses explosives sur les questions d’appartenances, de races, de religions et que sais-je encore ? Pour sa part, l’écrivain Gaston Kelman, lors de son récent entretien avec l’équipe de culturebene disait : « Mon dernier livre est intitulé  La France pays de race blanche vraiment ?, je l’ai écrit à la suite des propos d’une élue française, Nadine Morano, qui disait : « La France est un pays de race blanche judéo-chrétienne ». Je lui rappelais juste qu’un pays n’a pas de couleur, surtout à l’ère de la mondialisation ». Pour beaucoup qui se posent toujours de questions, et même qui s’en offusque, nous avons fait un grand bond en arrière histoire de vous présenter Raoul Diagne, fils d’un député noir et tout premier Noir à enfiler le maillot de l’équipe de France…

Raoul Diagne est un joueur puis un entraîneur de football français, né le 10 novembre 1910 à Saint-Laurent-du-Maroni1 en Guyane et mort le 12 novembre 2002 à Créteil. Sa particularité, il pouvait évoluer à n’importe quel poste sur le terrain, gardien de but inclus. Malgré sa taille imposante (1,87 m), son style aérien lui vaut le surnom d’araignée. Sa zone de jeu de prédilection reste l’aile droite, et c’est au poste de défenseur latéral droit très offensif qu’il fait principalement carrière en équipe de France. Il n’était pas rare de voir Raoul échanger son poste avec son ailier droit afin d’aller chercher un résultat en fin de partie. C’est lui qui marque ainsi les premiers buts du Racing en championnat de France professionnel. Le 15 février 1931, il devient le premier footballeur noir à revêtir le maillot de équipe de France, avec laquelle il comptera dix-sept autres sélections. Il participe à la Coupe du monde 1938. En club, il gagne le titre de champion de France 1935-1936 et les Coupes de France 1936, 1939 et 1940 avec le Racing.

Raoul Diagne est d’origine sénégalaie. Son père, Blaise Diagne (1872-1934), fut député du Sénégal à l’Assemblée nationale française et ministre des Colonies. Raoul arrive en Métropole à dix-huit mois, et découvre les joies du football à treize ans à l’école. Il fréquente un temps le Stade français, puis rejoint le Racing club de Paris en 1926 avant de se joindre aux Pingouins, l’équipe fanion du Racing, en 1930. Lors d’un match du championnat de Paris en 1931, le gardien du Racing, André Tassin, se blesse et doit quitter le terrain. Raoul prend sa place dans les buts, et se révèle comme un excellent gardien. Il assure l’intérim de Tassin comme portier durant les quatre mois de l’absence du portier titulaire. Raoul hérite à cette période du titre de meilleur gardien de Paris et connait même une sélection à ce poste à l’occasion d’un match Paris-Budapest. Sa carrière de joueur achevée, il passe son diplôme d’entraîneur, et prend la direction de la Belgique pour faire ses premiers pas dans ses nouvelles fonctions. Il est responsable du club flamand du KSV Audenarde en 1949-1950, puis traverse la Méditerranée pour prendre en mains le Gallia Sports d’Alger. Ses débuts à Alger sont excellents, avec le gain du Championnat d’Afrique du Nord le 17 juin 1951. La saison suivante, le Gallia joue la pire saison de son histoire et est relégué à l’étage inférieur. Cet échec marque durablement Raoul qui devient entraîneur du Sporting club constantinois en 1952-1953 avant de rentrer en France métropolitaine pour diriger la formation normande de l’US Flers.

Sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal au début des années 1960, Raoul est en poste lors de la victoire du Sénégal aux Jeux de l’Amitié à Dakar en 1963. À cette occasion, le Sénégal bat l’équipe de France amateur 2-0 en finale le 18 avril. Il s’éteint à 92 ans le 12 novembre 2002 à Créteil en région parisienne. Il est considéré au Sénégal comme le « grand-père du football sénégalais ».

Quelques anecdotes :

« Parc des Princes, un soir de novembre 1932. Le Racing club de Paris mène à la mi-temps 1 à 0 contre le Club français (qui avait remporté la Coupe de France l’année précédente). C’est alors que son gardien de but, André Tassin, se blesse au début de la seconde période semant le désarroi dans les rangs de ses équipiers. Le reste, c’est le quotidien Le matin qui le raconte dans le langage inimitable de l’époque «  »Diagne ! » s’écria un joueur. Diagne se fit d’abord prier, mais comme depuis qu’il joue au football, il est successivement passé par tous les postes, (…) il se laissa convaincre qu’il ferait certainement un excellent remplaçant. (..) Diagne eut rapidement l’occasion de faire la preuve de ses talents. Sans émoi, il plongea dans l’herbe humide, sauta, détendit ses bras, étendit ses jambes, et fit si bien que les avants du Club, interloqués, ne poussèrent pas plus loin leurs essais. » Tout le monde le sait, être bon aux cages peut s’avérer une malédiction… Raoul Diagne en fera souvent par la suite l’amère expérience… », nous relate l’anecdote. Une autre nous fait savoir que :

« Un jour que le Racing s’en était allé rencontrer l’Arsenal en Angleterre, c’est Diagne qui garda les filets. Il fit une telle exhibition que les Anglais restèrent bouche bée et que le brave Jimmy Hogan, alors entraîneur du Racing, songea très sérieusement à maintenir le grand Raoul dans les buts pour le restant de sa carrière. »

Dans un long portrait que lui consacre Mario Brun – une plume surtout connue pour sa correspondance avec Jean Cocteau – dans l’édition du 19 novembre 1935 de Paris-Match, le journaliste souligne bien cette particularité, qui, bien davantage que sa taille ou ses origines, lui valait alors le surnom pour le moins douteux de « Joséphine » (Baker était en outre une amie de virée nocturne) : désormais, c’est lui qui s’y collait quand il fallait un « second » portier. Pourtant, celui qui aimait lui-même se dire « défenseur » mais pas « arrière » – il marqua le 11 septembre 1932 le but liminaire de l’histoire du Racing dans l’élite – n’y pouvait rien. Dorénavant, un aimant invisible le ramenait parfois sur la ligne de but.

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