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Eugène Jacques Bullard, premier pilote de chasse noir

Né le 9 octobre 1894 en Georgie (Etats-Unis), il est le septième d’une fratrie de 10 enfants. Son père, William O. Bullard d’origine martiniquaise, marié à Josephine Thomas, d’origine indienne (Creek), était le fils d’un esclave d’un planteur de coton.

Malgré des origines plus que modestes, Eugene Jacques Bullard reçoit cependant une éducation élémentaire. Après avoir été témoin d’une tentative de lynchage de son père, il quitte le foyer familial vers l’âge de 8 ans, avec l’intention de venir en France, pays où “l’homme est jugé par son mérite et non sur la couleur de sa peau”.

Pendant deux ans, il va errer en compagnie de gens du voyage et apprendra l’équitation. En 1911, il devient garçon d’écurie, puis jockey. L’année suivante, il parvient à embarquer sur un bateau allemand en partance pour l’Ecosse. En Grande-Bretagne, il enchaîne les petits boulots. Il travaillera notamment comme cible vivante pour les spectacles de Music Hall à Liverpool. En parallèle, il apprend à boxer et entame une série de combats, à Londres tout d’abord, puis en Afrique du Nord.

A l’occasion d’un combat contre Georges Foret, en 1913, il gagne enfin la France. Lorsqu’éclate la Première Guerre Mondiale, il s’engage dans la Légion étrangère, au sein de laquelle il prend part aux combats d’Artois, de Champagne et de Verdun. Blessé à deux reprises en 1916, il se voit remettre la Croix de guerre pour bravoure. Mais il est dans le même temps déclaré inapte à servir dans l’infanterie. C’est alors qu’il décide d’apprendre à piloter.

Après sa formation sur Caudron G3 et G4, il est affecté à l’escadrille La Fayette, composée de volontaires américains qui n’ont pas attendu l’entrée en guerre de leur pays d’origine pour se battre contre l’armée allemande. Et c’est ainsi qu’il deviendra le premier pilote de chasse de couleur noire de l’histoire.

Avec son escadrille, il accomplit une vingtaine de missions, à bord de son avion dont le fuselage est orné de la devise “All blood runs red” (Tout sang coule rouge), et au cours desquelles il abat deux avions ennemis. Cela lui vaudra le surnom d’”Hirondelle noire de la mort”. Mais lors d’une permission, il est impliqué dans une bagarre avec un officier supérieur. Et bien qu’il ait été cité à l’ordre du régiment, cela lui vaut la sanction d’être muté à l’arrière au sein du 170ème régiment d’Infanterie.

Démobilisé le 24 octobre 1919, Eugene Jacques Bullard reprend la boxe et joue du jazz à Paris. Il fréquente les boîtes parisiennes et rencontra ainsi Josephine Baker et Louis Armstrong. Plus tard, il ouvrira son propre établissement et dirigera une salle de boxe. En 1931, il se sépare de sa femme, Marcelle Straumann, fille d’une comtesse française, avec laquelle il a eu deux filles.

En 1939, dans le climat d’avant-guerre, et comme il maîtrise la langue de Goethe, il accepte de collaborer avec les services d’espionnage français pour surveiller les agents allemands qui fréquentent son club parisien. Un an plus tard, et alors que les troupes nazies prennent l’avantage sur les forces françaises, il fuit Paris avec ses deux filles pour rejoindre Orléans. Là, il se joint à un groupe de soldats décidés à défendre la ville. Mais au cours des combats, il est touché par un éclat d’obus à la colonne vertébrale.

Après un détour par l’Espagne, il est finalement évacué vers les Etats-Unis, où il est hospitalisé. Mais il ne se remettra pas complètement de sa blessure. Pour survivre, il exerce plusieurs métiers, dont celui de vendeur de parfums, agent de sécurité et même musicien de Louis Armstrong. Après la guerre, il revient à Paris, avec l’espoir de retrouver son établissement. Mais ce dernier a été détruit au cours de l’occupation. Avec l’indemnité que le gouvernement français lui verse, il décide de retrouver son pays d’origine et achète un appartement à Harlem (New York).

En 1949, à l’occasion d’un concert de Paul Robeson en faveur de la défense des droits civiques des minorités raciales, il est violemment pris à partie par des militants extrémistes, lesquels ne seront jamais poursuivis… Cependant, méprisé dans son pays, et alors qu’il est opérateur d’ascenseur au Rockfeller Center, Eugene Jacques Bullard est distingué par le général de Gaulle, qui lui remet, en 1959, la Légion d’Honneur.

Mais c’est dans la pauvreté, la solitude et l’anonymat qu’il décède, le 12 octobre 1961, des suites d’une longue maladie. Il est alors inhumé au cimetière de Flushing, dans le Queen, avec son uniforme de légionnaire. Les honneurs militaires lui seront rendus par des officiers français. Il faudra attendre 1994 pour que ses mérites soient enfin reconnus par sa patrie d’origine : le 23 août de cette année-là, il est promu, à titre posthume, au grade de sous-lieutenant.

Outre la Légion d’Honneur, Eugene Jacques Bullard était également titulaire de la Médaille Militaire ainsi que d’une dizaine d’autres décorations.

Source : opex360.com et Wikipédia

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