Festival Woila Hip Hop : l’heure du bilan !

Durant trois jours ce fut une occasion de partage d’expérience pour les artistes

Le festival Woila Hip Hop est devenu au fil de ses différentes éditions, une plateforme pour tous les talents artistiques et un cadre de rencontre pour les personnes travaillant dans la sphère des cultures urbaines. Et c’est sous le thème « Agir ensemble » que s’est tenue du 1er au 3 décembre 2016 à Garoua, la 6ème édition du Woila Hip Hop Festival. Cette édition spéciale, a rendu un hommage à la ville de Maroua et toute la région de l’Extrême Nord Cameroun car voici bientôt trois ans que cette région est touchée de plein fouet par le terrorisme.

Malgré les difficultés de tous ordres, l’unique rendez-vous culturel qui met à la disposition de la jeunesse du Grand Nord en général, et celle de Garoua en particulier, un espace d’expression plurielle, favorable à un envol des cultures urbaines, s’est tenu et a connu la participation massive des spectateurs qui n’ont pas boudé leur plaisir d’être face à leurs artistes préférés. Sur les deux scènes où les artistes se sont produits pour cette édition 2016, ils ont répondu présents. Au collège Moderne de la Bénoué ou encore à la Maison du parti, public et artistes ont communié et célébrer en musique la culture urbaine.

Après deux années d’hibernation, contexte sécuritaire oblige, cette édition a mis au-devant de la scène, des artistes confirmés et des valeurs montantes du Hip Hop Septentrional. Il y a eu des artistes venus de Maroua (Gaadal G, Pikasso, Benhony), de Douala (Le Berger), du Tchad (2D Kost, Steven’T), de la RCA (As Kotabanga), et bien sûr de la ville de Garoua (Serum, Samy Trys-B, Alkawal Familly, Takarda Chatim’s, Collectif Rap Eveil, etc). Parmi ces acteurs de la scène, un artiste a fait forte sensation. Il s’agit en l’occurrence de Le Berger. Dans une expression scénique savamment orchestrée, il a su enflammer le public de Garoua et donner aux spectateurs la substance du message qu’il véhicule dans ses chansons.

Le festival s’est ouvert par un grand concert baptisé « Hip Hop Protect », le jeudi 1er décembre au Collège moderne de la Bénoué. Il s’agissait d’un spectacle de musique urbaine couplé à un dépistage du VIH, avec en toile de fond des actions d’information, de prévention et de sensibilisation en direction des jeunes. Près de 1000 jeunes étaient présents. Parmi ceux-ci, plus de 200 élèves se sont volontairement fait dépister du VIH et retiré leur résultat, ce qui leur a permis par ailleurs de connaitre leur statut sérologique. Et en clôture du festival, un concert géant a été organisé le samedi 03 décembre à la maison du parti de Garoua, avec sur la scène un joyeux mix de têtes d’affiches, d’artistes émergents et de groupes locaux. De Douala à Ndjamena en passant Garoua et Maroua, les artistes ont baladé le public dans un flot de mélodies, une succession de beat agrémenté de punchline, sans oublier les incontournables shows dj.

Une table ronde entre professionnels et artistes locaux était également au programme. Cette conférence intitulée « Musique et nouvelle technologie » sera l’occasion pour les intervenants de débattre sur les enjeux pour le marché musical du Grand Nord à l’ère du numérique, les moyens de promotion des artistes et de la musique urbaine sahélienne, grâce aux nouveaux moyens de communication. Cette session sera aussi l’occasion idoine pour poser les bases d’une synergie et des actions en réseau pour un hip hop sahélien plus performant.

Le festival Woila Hip Hop a été un moment d’échanges prometteurs (partenariats, featuring) qui ont permis de renforcer les liens entre les créateurs du Cameroun et du Tchad. Cette 6ème édition fut celle de la décentralisation avec des shows au Collège Moderne et à la Maison du parti. Incontestablement une réussite, Woila Hip Hop n’est pourtant pas une évidence. Seule la détermination et le travail de l’équipe de 2H Kulture font que cet événement a lieu chaque année. Woila Hip Hop 6 s’en est allé, alors vite Woila Hip Hop 7 !

Par Ebah Essongue