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Scènes expérimentales/Exposition : Indifférence sur le genre humain

Regard croisé sur deux démarches artistiques atypiques : la première, d’Irène Gaouda, remonte « Sur les traces de Toumai » et la seconde, d’Hervey Keedi, s’interroge sur la « Metamorphosis ». Cette exposition se tient du 16 mai au 02 juin 2017 à Dakar, dans le cadre de la 4ème édition de Scènes Expérimentales organisée par Osmose-Culture Cameroun et placée sous le haut patronage du ministère de la Culture et de la Communication du Sénégal.

Le visiteur qui débarque au lieu d’exposition à Sup’Info sis à la Rue Aristide Le Dantec à Dakar est d’abord fasciné par les photographies en format 40 x 60, pour l’essentiel en noir et blanc que présente l’artiste Hervey Keedi. 10 photographies dont certaines sont des visages humains. La série débute par un enfant au regard placide qui semble tutoyer le visiteur. A la suite de cette photographie, un lutteur Pygmée mène une bataille féroce avec un citadin. Les deux personnages semblent déborder d’énergie. Interrogé sur cet agencement, Delphin Néo Nana qui présente pour la circonstance les travaux de l’artiste Hervey Keedi, explique que ce dytique en début d’expo démontre comment l’enfant qui est le symbole de l’innocence, observe sans réelle maitrise des enjeux, ce « primate » dans sa lutte pour la conservation de son authenticité.

Puis, il plonge le visiteur dans une explication rationnelle de la corrélation existant entre l’installation photos « Sur les traces de Toumai » mise en scène par Ibrahima Thiam et présentée par Irène Gaouda et la thématique « Metamorphosis », qui est en réalité, un questionnement sur la situation actuelle de l’évolution des Hommes. Il amène le visiteur à constater que ces visages qu’il a soigneusement sélectionnées parmi un échantillon de la population de Yaoundé, présentent un caractère multiracial au point de démontrer l’absurdité d’une notion aussi controverse qu’est la race. Il se plonge donc librement dans les questions de développement et le sens que prend la vie si nous allons sans conditionnement vers la technologie en oubliant d’où nous venons. Enfin, après cette série en Noir/blanc, l’une d’elle, en quadrichromie, la seule d’ailleurs en couleur, est une capture d’un instant de bonheur qui se lit sur le visage à moitie représenté d’une mère qui embrasse son fils dont la sérénité se traduit sur le visage. Et Nana Delphin Néo d’expliquer que cette image représente tout un espoir, l’espoir d’avoir un monde sous un jour meilleur.

L’on peut constater une sorte de parallèle entre les deux artistes qui exposent sur le thème de la condition humaine. Si Irène Gaouda fait un voyage à la profondeur de l’anthropologie, pour comprendre les causes et les raisons de l’extinction de Toumai, le fossile d’hominidé datant de 7 millions d’années découvert au désert du Djourab au Tchad par David Ahounta et le professeur Michel Brunet, Hervey Keedi quant à lui s’interroge sur la condition humaine en nous proposant une typologie universelle qu’il retrouve sur des visages africains. Les deux posent un problème de la préservation de l’espèce. Soit par la disparition de Toumai ou par la menace d’extinction Pygmée. Cette exposition peut s’apparenter à un cri de révolte sur l’indifférence qui plane sur le genre humain.

Quant à ce qui est du choix du site qui abrite l’exposition, il nous a été révélé que ce lieu est un symbole de conservation de la mémoire historique. Ce site est un ancien entrepôt ou magasin où l’on stockait les esclaves avant de les transférer sur l’ile de Gorée avant de les acheminer pour les Amériques.

Pendant les explications, Sidy Dasilva, étudiant, s’est étonné de savoir que ce soit David Ahounta, un jeune africain qui ait mis la main sur Toumai le premier, alors que les medias ne cessent de présenter le français comme étant le seul acteur de cette découverte. Pour l’Administrateur du groupe Sup’Info, avec cette exposition, la bataille médiatique est déjà amorcée en ce qui concerne l’appropriation de l’histoire de l’Afrique par les africains. Mme Marguerite Thiam, architecte sénégalaise de féliciter la journaliste pour ce travail de restitution de l’histoire authentique de l’Afrique. Rebondissant sur cette remarque, une autre dame dans le public suggère même que cette exposition soit itinérante.

Par : Abdoulaye Ndour Tall, à Dakar

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