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Cyrille Bojiko : « La culture est le parent pauvre du système politique au Cameroun »

Que retenez-vous de cet échange avec la presse de la cité capitale ?

C’est une bonne chose, c’est une belle initiative dans la mesure où  Narcisse Pryze est un artiste qui se prend au sérieux et qui prend tout au sérieux ; il n’y a qu’à regarder dans quel cadre on se trouve pour sa conférence de sortie, la pléthore de journalistes qui s’est déplacée pour écouter ce qu’il avait à dire, parce qu’il est intéressant. Vous avez pu remarquer la multitude d’interventions, cela témoigne du respect que lui portent et les médias et le public, surtout quand on sait son poids sur la scène musicale. Un album comme celui qu’il nous présente aujourd’hui, avec tout le temps qu’il a mis pour le concocter, il est tout à fait normal qu’il lui accorde cette dimension et ce sérieux. Pour moi, c’est tout simplement magnifique, et je suis content d’avoir été parmi les panélistes.

On sait que vous vous déplacez beaucoup ces derniers temps et écumez pas mal de pays africains ; alors dites-nous, c’est quoi votre opinion sur la culture camerounaise aujourd’hui ? Qu’est-ce qui lui manque de fondamental pour une réelle expansion ?

Bah, écoutez il manque tout simplement une cohésion des promoteurs autour des artistes, c’est-à-dire, que nous puissions tous nous mettre ensemble pour soutenir les nôtres qui font déjà des efforts et qui ont un talent indiscutable. Moi je connais un pays comme le Bénin où les gens qui font bien moins que nous sont soutenus et ont des passeports diplomatiques. A Madagascar, savez-vous que les artistes ne payent que la moitié du billet d’avion ? Parce que là-bas le gouvernement a mis en place des politiques de facilitation à leur endroit quant à leur condition de vie. Ainsi, ils bénéficient des passeports diplomatiques qui leurs permettent de voyager à moitié prix afin de mieux vendre la culture malgache à l’extérieur. Mais c’est génial ce qu’ils font ! Je vous pose à présent la question : Y a-t-il au Cameroun, une politique culturelle ? Qu’est-ce que le gouvernement fait pour la culture (littérature, théâtre, musique, cinéma etc) ? Il n’y a même plus de salles de cinéma… Vous convenez avec moi que finalement la culture est le parent pauvre du système politique de notre pays, et c’est vraiment dommage, ce d’autant plus que c’est l’Etat qui devrait être le moteur de la promotion de nos valeurs culturelles. Comment les gens seraient motivés à soutenir ce que l’Etat ne soutient pas ? C’est vraiment malheureux !

Y a de l’espoir quand-même…

Heureusement nous on ne lâche rien ; on est derrière nos artistes à fond, qu’ils soient comédiens, humoristes, musiciens, cinéastes, écrivains et autres, nous sommes derrières-eux parce que nous croyons en ce qu’ils font et nous le ferons jusqu’à ce que les choses changent.

Là nous sommes en plein dans le rôle du média ; en passant, vous êtes grand patron d’une radio qui bat les records dans la cité économique Douala, alors quel conseil à l’endroit des autres chaines pour une nette avancée ?

Vous savez, il y en a qui n’ont pas compris ; si quelqu’un se met devant un micro pour insulter un artiste, et bien c’est qu’il n’a rien compris. Parce que voyez-vous, quand quelqu’un arrive à nourrir sa famille par son nom,  et que derrière un individu vienne à le salir dans une radio en disant des choses qu’il n’était même pas forcé de dire, je ne sais pas s’il en mesure les conséquences. C’est de l’ « irresponsabilité », c’est même de la méchanceté, pour ne pas dire de la jalousie ou de complexe d’infériorité. Parce que dans nos quartier tous les jours, nous sommes sans cesse victimes de viols, d’agressions, de crimes, mais jamais on n’anéanti de la sorte les coupables de tels actes. Que non ; on préfère médire de tel artiste pour régler ses comptes ou parce qu’on a été monté par un tel. C’est lamentable. Ecoutez, qu’on ne détruise ce qu’on ne peut construire ; on ne se lève pas un beau matin pour détruire la carrière d’un artiste qu’il a conçu durant des années entières. C’est d’ailleurs ce que notre Président de la République a appelé « les apprentis sorciers », ceux qui posent des actes sans en mesurer les conséquences, ni en maîtriser les effets.

C’est un réel danger pour nous-mêmes…

Justement, parce qu’on nous écoute ailleurs, et c’est ce qui pousse ces étrangers se dire que rien ne va chez nous ; il faudrait par contre parler de ceux-là qui font avancer le pays, et d’ignorer carrément ceux qui ont choisi la médiocrité. C’est plus valeureux, c’est d’ailleurs le rôle du média, celui de construire et d’éduquer l’opinion.

Actualité oblige, nous sommes à la veille de la tenue de l’Ag de la SOCAM ; votre point de vue ?

Du grand n’importe quoi ; voilà une histoire où on dit qu’il y aurait une Ag élective dans une société pourtant jugée illégale par la Cour Suprême, mais qui malgré tout fonctionne ; une affaire où il y a des candidats qui traînent des démêlés avec les statuts, bref, tout ça ne me dit rien qui vaille. Honnêtement c’est une histoire d’argent, et non d’intérêt collectif. Ils veulent créer une crise dans une crise ; c’est la « catastrophe ».

On sort avec vos projets ; à quand la télé ?

Dans les prochaines semaines ; soyez prêts.

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