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10 Africains qui ont marqué la littérature

Ils ont écrit l’histoire de la littérature africaine et internationale. Pionniers d’une Afrique aux lettres riches et prolifiques, ils ont, de leur plume, ému des générations de lecteurs. Volontiers engagés dans des causes politiques, parfois incompris, mais toujours adulés, ils demeurent une référence pour la jeune génération soucieuse de mériter un si bel héritage. De Chinua Achebe à Chimamanda Adichie, retour sur 10 africains qui ont marqué la littérature.

1- Chinua Achebe

Grand maitre de la littérature nigériane d’expression anglaise, Chinua Achebe est un romancier à la plume alerte. Son premier roman Things fall apart (Le Monde s’effondre) paru en 1958 demeure un classique de la littérature africaine. Sa notoriété qu’a renforcé, No longer at Ease (Le Malaise), perdure même après sa mort en 2013. Personnage respecté et admiré, il crée la polémique à la fin des années 60 en soutenant le parti sécessionniste du colonel Odumegwu, dont il rédige le manifeste. Il enseignera par la suite dans de nombreuses universités anglaises, américaines et nigérianes. Méditations profondes sur le colonialisme, ses romans mettent en situation des héros africains à la croisée de deux mondes : un monde occidental avec une rationalité abstraite, sans justice, et une Afrique dont les valeurs traditionnelles disqualifiées rendent ses sujets handicapés pour les temps nouveaux. Des œuvres poignantes qui lui ont valu, à de nombreuses reprises, une nomination pour le prix Nobel de Littérature.

2- Wole Soyinka, premier Africain prix Nobel de littérature

Premier auteur africain et premier auteur noir, lauréat du prix Nobel de littérature en 1986, l’écrivain nigérian Wole Soyinka s’est signalé par son opposition au concept de négritude développé, entre autres, par Senghor. Il y oppose son concept de tigritude : moins de revendications et plus d’actions. Dramaturge, romancier, poète et essayiste, il a été emprisonné au Nigéria entre 1967 et 1969 pour avoir soutenu le mouvement indépendantiste du Biafra. D’un pessimisme historique profond, ses textes tournent essentiellement autour du thème de la liberté bafouée et du concept de « viol des nations ». Ses productions théâtrales combinent généralement la tradition du spectacle africain à l’art classique et moderne du théâtre occidental. Parmi ses pièces les plus connues, on compte notamment Le Lion et la perle (1958) qui dépeint la vie de villageois ordinaires sur un mode humoristique, La Danse de la forêt (1960), écrite en l’honneur de l’indépendance nigériane, la comédie Les Tribulations de frère Jéro (1960), La Route (1965) qui met en parallèle accidents de voiture et forces divines et la satire politique La Récolte de Kongi (1965).

3- Nadine Gordimer, la « Katherine Mansfield » sud-africaine

Née d’un père juif lituanien et d’une mère anglaise, Nadine Gordimer est la première femme africaine ayant reçu un prix Nobel de littérature (1991). En 1974, elle avait déjà reçu le prestigieux prix Booker Prize pour son livre Le Conservateur. Cette sud-africaine blanche compte pas moins de quinze romans, 200 nouvelles et de nombreux essais et critiques. Son style très personnel excluant la bien-pensance a principalement servi à dénoncer l’apartheid dans son pays ; elle a d’ailleurs été membre du Congrès national africain (ANC) de Mandela. Surnommée la «Katherine Mansfield » sud-africaine, celle qui fut, longtemps, l’une des dirigeantes du Congrès des écrivains sud-africains (COSAW) excelle dans la nouvelle qui reste, d’ailleurs, son exercice favori. Proche de Nelson Mandela, elle fut l’une des premières personnalités que ce dernier a demandé à rencontrer après sa libération de prison en 1990.

4- Sony Labou Tansi, le dramaturge   

                                         

De son vrai nom Marcel Ntsoni, Sony Labou Tansi est né à Kimwenza le 5 juillet 1947 et mort à Brazzaville le 14 juin 1995, à 47 ans, des suites du VIH. Pourtant, la courte vie de cet écrivain congolais, dont le pseudonyme est un hommage à Tchicaya U Tam’si, ne l’a pas empêché de marquer le paysage littéraire africain. Satiriste féroce, il critiquait dans ses pièces de théâtre les tares de la politique africaine, fondée sur la torture, le meurtre, le culte de la personnalité et la dictature. Ses pièces de théâtre furent jouées partout, que ce soit en France, en Allemagne, en Italie et aux États-Unis. Il créa puis dirigea la troupe du Rocado Zulu Théâtre de Brazzaville. En 1988, Il a reçu le Prix Ibsen, une récompense prestigieuse dans le monde du théâtre.

5- Assia Djebar, l’académicienne venue d’Alger

Assia Djebar, à l’Etat civil Fatima-Zohra Imalayène, est une femme de lettres algérienne née à Cherchell le 30 juin 1936 et morte le 6 février 2015 à Paris. Ecrivaine algérienne d’expression française, cinéaste, nouvelliste, cinéaste, poète et essayiste, elle a exploré toutes les facettes de la littérature. Son œuvre a principalement servi à promouvoir l’émancipation des femmes, l’histoire, et son pays l’Algérie. Très populaire, en Afrique du nord, Assia Djebar entre à l’Académie française en 2005. Ses œuvres ont été traduites en plus de 21 langues et lues dans de nombreux pays.

6- Ahmadou Kourouma, le soleil des indépendances

Né en 1927 à Boundiali en Côte d’Ivoire, Ahmadou Kourouma est un ancien « tirailleur sénégalais ». Il combat pour la France et y étudie même les mathématiques. Après l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, il revient dans son pays. Il lutte contre le régime du président Félix Houphouët-Boigny qui finit par le faire emprisonner, puis exiler pour la première fois de 1964-1969. C’est vers la fin de cet exil, en 1968, que paraît son premier roman, Les Soleils des indépendances qui marquera des générations de lecteurs. Ce livre s’impose comme un classique de la littérature africaine, à cause du style très réaliste de l’auteur et de son analyse des indépendances africaines. Son second roman, Monné, viendra vingt ans plus tard. En 1994, il publie En attendant le vote des bêtes sauvages, mais c’est en 2000, que sort son Best-Seller Allah n’est pas obligé. Ce livre lui vaudra le Prix Renaudot et le Goncourt des lycéens. Son dernier roman, Quand on refuse on dit non, paraît à titre posthume en 2004.

7- Naguib Mahfouz, le plus grand écrivain contemporain de langue arabe

Lauréat du prix Nobel de littérature en 1988, l’égyptien Naguib Mahfouz est considéré comme le plus grand écrivain contemporain de langue arabe.  Très tôt possédé par la littérature, celui qui écrivait depuis l’âge de 17 ans, commence à être connu vers la fin des années 50 grâce à la publication de sa fameuse Trilogie, un roman historique sur fond de saga familiale, racontant l’histoire de l’Egypte de la révolution de 1919 aux dernières années de la monarchie. Auteur de plus de 50 romans et recueils de nouvelles, Naguib Mahfouz est définitivement l’une des plumes les plus prodigieuses du continent africain.

8- Mongo Béti, le contestataire

Né au Cameroun en 1932, Mongo Beti (qui signait auparavant sous le pseudonyme Eza Boto), est à l’Etat civil Alexandre Biyidi Awala. Romancier prolifique (Ville Cruelle, Le Pauvre Christ de Bomba, Mission terminée, Le Roi miraculé, Remember Ruben, Perpétue, La ruine presque cocasse d’un polichinelle, Trop de soleil tue l’amour, Branle-bas en noir et blanc), il a également été un essayiste engagé (Main basse sur le Cameroun, La France contre l’Afrique). D’ailleurs, sa plume acerbe et percutante lui a valu d’être envoyé en exil, en France, par le pouvoir camerounais, pour plus de 30 ans. Censuré aussi bien, en France que dans son pays, il a incarné, pour des générations, le visage de la contestation anticolonialiste et anti-dictature.

9- Alain Mabanckou, l’Ovni congolais

Alain Mabanckou est un écrivain franco-congolais né à Pointe-Noire, en février 1966. Son style particulièrement inédit, découvert du grand public dans son roman à succès, Le verre cassé, lui vaut en 2006 un prix Renaudot pour son roman Mémoires de porc-épic. L’ensemble de l’œuvre de l’enfant de pointe noire a été couronné du Grand Prix de littérature Henri Gal, en 2012, par l’Académie française. En 2013, la Principauté de Monaco lui décerne le prix littéraire Prince Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre, bien que celle-ci soit loin d’être achevée. Son roman Petit Piment a été finaliste du prix Goncourt en 2015. La même année, il sera le premier écrivain à intégrer le Collège de France.

10- Chimamanda Ngozi Adechie, pour l’Afrique, pour la femme

Elle fait partie de la nouvelle génération d’écrivains africains dont le succès dépasse les frontières de son pays natal. Engagée dans la préservation de l’intégrité de l’histoire africaine, l’admiratrice de Chinua Achebe, présente, dans ses romans à la prose envoûtante, la nécessité pour les enfants de la diaspora de conserver leurs racines africaines. Gagnante du Orange Prize for Fiction, du prix MacArthur, elle fait partie des jeunes auteurs encensés, aussi bien par la critique africaine, qu’occidentale. Ses romans, L’hibiscus pourpre, L’autre moitié du soleil et Americanah ont tous été des best-sellers. Et le plus intéressant, c’est qu’à seulement 38 ans, la Nigériane a les moyens d’atteindre des sommets plus élevés que ceux atteints par les plus grands auteurs africains.

Avec ecceafrica.com

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