Qui est Warsan Shire, la poétesse choisie par Beyoncé?

Pour les besoins de son «film-album» Lemonade, diffusé il y a quelques mois sur la chaîne américaine HBO, la chanteuse américaine a fait appel à plusieurs talents, dont l’auteur anglo-somalienne, chantre d’une poésie engagée et connectée.

La publication d’un nouvel album de Beyoncé provoque toujours l’effet d’un séisme dans le monde de la musique pop.

Lemonade, paru il y a quelques mois a eu d’autant plus d’impact qu’il s’accompagnait d’un film d’une heure, diffusé sur la chaîne américaine HBO. Beyoncé poussait là plus loin l’association musique et image qu’elle chérit tant. Mais pour venir à bout d’une telle entreprise, la chanteuse a fait appel à plusieurs talents.

Après avoir sollicité des extraits de discours de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie consacrés au féminisme dans son précédent album, elle s’est cette fois notamment tournée vers Warsan Shire. Cette jeune femme anglo-somalienne de 28 ans s’est avant tout fait connaître en tant que poétesse. Inconnue en France, où ses textes n’ont pas été publiés, sa popularité grimpe pourtant, notamment sur les réseaux sociaux où celle-ci met en œuvre une poésie aussi engagée que connectée. Mais qui est Warsan Shire, la poétesse adoubée par Beyoncé?

Anglo-somalienne

Née en 1988 au Kenga, de parents somaliens, Warsan Shire a immigré avec sa famille au Royaume-Uni alors qu’elle n’avait qu’un an. Elle a grandi à Londres et vit aujourd’hui à Los Angeles, aux États-Unis. Pour être plus proche de Beyoncé et consœurs?

Deux publications

Pour le moment, Warsan Shire n’a pas encore publié de recueil rassemblant l’intégralité de son travail, elle y travaille pour la fin de l’année. Elle a néanmoins déjà sorti deux ouvrages: le «pamphlet poétique» Teaching my mother how to give birth (2011) et Her blue body (2015), les deux chez l’éditeur Flipped eye. Ses poèmes ont déjà été traduits dans plusieurs langues, mais son toujours inédits en français.

Lauréate de plusieurs prix

À 28 ans, Warsan Shire peut se féliciter d’avoir déjà séduit le jury de plusieurs prix de renom avec ses poèmes. En 2013, elle a remporté le Brunel University African Poetry Prize, un prix littéraire qui a pour but de promouvoir et célébrer la poésie africaine. Elle a été choisie parmi plus de 655 participants. La même année, elle était élue Young Poet Lauréate à Londres. L’année suivante, elle obtenait une résidence en Australie. Après la reconnaissance de ses pairs, la voici qui gagne celle de la pop culture.

De la poésie du soir au matin, jusque dans ses tweets

Warsan Shire ne passe pas l’intégralité de son temps à rédiger de la poésie, quoique. La jeune femme est également rédactrice en chef de la rubrique poésie de Spook Magazine, qui traite de la culture alternative. Elle enseigne aussi régulièrement la poésie. Bref, même quand elle n’écrit pas de la poésie, elle en vit. Jusque dans ses tweets d’ailleurs. Warsan Shire est très active sur les réseaux sociaux, où elle écrit des vers inspirés ou bien se contente de publier des citations de Margaret Atwood ou Pusha T, comme dans ses derniers posts.

Des thématiques qui parlent à Beyoncé

Ce qui a touché Beyoncé, outre la réputation grandissante de Warsan Shire, ce sont les thématiques que la poète aborde dans ses textes. Warsan Shire évoque les migrations, les questions d’identité, les traumatismes… et leurs influences sur la vie des femmes. Beyoncé, qui s’épanche sur ses problèmes de couple dans Lemonade, a ainsi choisi de reprendre ses poèmes For women who are difficult to love (Pour ces femmes qu’il est difficile d’aimer) et Grief has its blue hands in her hair (Le chagrin a ses mains bleues dans ses cheveux). Des textes qui ont une résonance forte avec le sujet du dernier album de Beyoncé.