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Majoie Ayi : « Je suis une artiste par essence »

Votre 3ème album porte le titre « Insomnie » ; est-ce pour dire que vous ne dormez plus ?

(Rire) En fait, cet album est celui qui m’a causé le plus de troubles de sommeil. J’ai dû passer des nuits blanches à réfléchir, penser et écrire les chansons ; sans oublier les multiples séances en studio et les répétions. Il fallait aussi trouver les ressources financières etc.

Vous vous êtes autoproduite ?

Non, c’est Patou Bass qui a signé cette production.

Un coup d’œil rapide sur la pochette de cet album nous dévoile au recto une Majoie Ayi vêtue d’une belle robe longue blanche sur un décor plutôt sombre, et au verso on vous voit plutôt toute souriante, arborant une tenue  noire ; qu’est-ce que cela traduit ?

Tout simplement que la vie est faite du blanc et du noir ; le patriarche François Bingono Bingono disait que le blanc c’est la mort, le rouge c’est la vie, et le noir c’est la tristesse, mais que le bleu et le vert sont les couleurs de l’espoir et de la paix. Donc cette pochette illustre juste la définition de la vie, qui est loin d’être immuable.

Comment jugeriez-vous le potentiel de cet album ; est-ce que « Insomnie » va plus loin que les précédents ? On a remarqué que quelques personnes, notamment Lazare Etoundi et Jean Olivier Onana l’appréciaient déjà…

Honnêtement je n’en sais trop rien, c’est à vous et surtout au public de me le dire ; cependant, j’ai confiance en moi et en ce que je fais.

Vous disiez que certaines chansons de cet album datent de 2003 ; déjà pourquoi avez-vous préféré 10 titres ? Et, croyez-vous en la portée du titre phare ?

10 titres parce que ç’a toujours été la moyenne pour moi ; mon premier album avait 8 titres et le deuxième 11, alors je suis restée dans cette logique. Pour ce qui est du titre phare, j’estime que quand on écoute un album il y a un titre qui peut plaire à la majorité, seulement, en écoutant le reste de l’album, on découvre d’autres titres qui s’avèrent finalement plus intéressants que celui mis en avant. Donc c’est très souvent un choix mitigé et compliqué.

Pourquoi un album et pas un single ?

Je sais que la tendance actuelle est plus portée sur le single, quitte à ce qu’on en sorte un et qu’il fasse le tour des bars pendant que l’artiste reste croiser ses pieds chez lui attendant les invitations de spectacles. Seulement, quand cette chanson fait son temps, on n’a généralement plus rien à proposer au public, surtout quand on est invité sur une scène et qu’après avoir interprété ledit titre on n’ait plus rien à chanter… Mais lorsqu’on a un répertoire fourni, le public ne s’ennui pas et vous non plus ; vous avez l’embarras du choix, surtout quand tous vos morceaux plaisent.

On remarque que certains artistes sortent rarement de la ville où leur album marche vraiment, or le risque d’aller abreuver d’autres sensibilités vaut quand-même le coup. Comment allez-vous gérer Insomnie pour vous assurer de son succès national et pourquoi pas, international ?

Ecoutez, si vous évoquez les artistes qui restent à Yaoundé, je suis désolée, moi je ne reste pas très longtemps à Yaoundé, je suis tout le temps en route pour de nombreuses sollicitations. Et vu ma petite expérience, j’essaye de satisfaire le plus grand nombre de fans où qu’ils soient.

Vous avez un bon background académique, pourquoi persistez-vous dans la voie de la musique ?

Je ne parlerai pas de ça en termes de choix, mais de sens ; la musique c’est moi, et je ne saurai être quelqu’un autre, si ce n’est très capital. Et puis, la musique n’est-elle pas un métier selon vous ? Je lutte contre ce contexte erroné dans lequel on baigne la musique chez nous aujourd’hui, ailleurs les artistes vivent de leurs arts et sont très respectés.

Majoie Ayi se voit-elle un jour produire des artistes ?

J’avoue que pour le moment je n’y pense pas, mais j’ai quand-même le souci de soutenir tous ceux qui se retrouve dans le besoin parce que ça va dans tous les sens dans notre pays, or il y en a qui sont très talentueux, mais manquent d’appui. Alors quand je peux aider, je n’hésite pas.

Selon vous, quand est-ce qu’on sent que c’est le bon moment pour sortir un album ? Parce que certains estiment que votre nouvel album risquerait d’étouffer le précédent, qui lui, se consomme encore…

Ecoutez, je suis une artiste par essence, et ça je le dis toujours. Je n’ai pas de période précise ni de moment précis, dès que je le sens je le fait, et pour dire vrai, sans rien attendre en retour. Je pense qu’un artiste c’est quelqu’un qui a quelque chose en lui à donner, et dès qu’il le sent, alors il le donne inconditionnellement.

Le précédent album a connu la participation d’un artiste étranger et de calibre surtout, Meiway ; d’aucuns y ont vu un beau brassage des cultures, pourquoi cette fois-ci n’y a-t-il pas un autre artiste international ?

Est-ce que vous pensez que le pari n’a as été gagné ? Je pense que l’échange avec Meiway a porté parce que d’autres du même genre ont suivi. On assiste carrément à une prolifération de featurings entre artistes camerounais et artistes étrangers. Donc je suis fière que cela ait pu porter ses fruits…

Donc vous vous targuer d’être la dépositaire de ce phénomène ?

Ecoutez quand vous m’interrompez vous me faites perdre le fil des idées… je disais tantôt que  j’en suis la pionnière. Mais je voudrais préciser qu’il n’est pas forcé, pour avoir une carrière internationale, de faire des échanges obligatoirement avec les artistes d’ailleurs. Or il y a beaucoup de musiques étrangères que nous diffusons chez nous alors que nous n’avons jamais rencontré les auteurs. Moi je suis plus dans la logique : «  la musique c’est beaucoup plus une chose qui se partage et qui se sent ». Quand je décide de chanter avec quelqu’un c’est parce qu’il a quelque chose à apporter aussi. Dans cet album j’ai appelé les artistes camerounais parce qu’ils avaient un plus à apporter à ce produit. C’était pareil pour Meiway.

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