ArtsCamerounExpositionPeinture

Hamadou Palou : « Un soleil radieux se lève sur les arts plastiques et graphiques dans le Septentrion »

Pouvez-vous nous présenter le festival des arts plastiques et graphiques de Garoua ? Que proposez-vous au public ?

Voici déjà six ans que nous organisons le festival des arts plastiques et graphiques et nous pouvons noter qu’au fur et à mesure que nous avançons, le festival se peaufine, il grandit et nous améliorons notre proposition au public et aux mécènes qui nous visitent.

Le festival d’arts plastiques et graphiques de Garoua est un plateau où les plasticiens des trois régions septentrionales viennent se vendre et partager avec leurs confrères. Donc nous proposons une exposition collective des œuvres d’art, des ateliers d’initiation et de partage, on participe à la formation et au perfectionnement des techniques des plasticiens de la région. La prochaine édition aura lieu du 5 au 10 mai 2014 à Garoua. Nous nourrissons l’ambition d’avoir de nouveaux festivaliers, nous sommes en pourparler avec l’artiste Merik de Douala, afin qu’il soit là pour cette 6è édition en 2014.

Quand on sait que les projets culturels aujourd’hui souffrent d’une absence de financement de la part des mécènes et autres sponsors de la culture, comment arriver à boucler le budget de votre festival et le mettre sur les rails, au Nord Cameroun en plus ?

Quand on organise une manifestation, surtout une manifestation artistique et culturelle, il faut avoir du courage et être téméraire parce que chez nous les arts et la culture sont des parents pauvres. Depuis que nous organisons ce festival, nous n’avons jamais bénéficié du soutien du Ministère des Arts et de la Culture. Toutefois,  la Délégation Régionale des Arts et de la Culture nous accorde l’autorisation et nous donne des présentoirs. Ce festival existe et vit parce que des artistes plasticiens de la région y croient. Il y a des artistes qui viennent de Ngaoundéré, il y a le club des arts plastiques et graphiques de l’Université de Maroua qui chaque année est là. C’est une affaire d’artistes, et c’est la raison pour laquelle ce festival tient encore debout.

Lorsqu’on regarde le potentiel artistique et touristique du Grand Nord, on constate par contre qu’il existe très peu de festivals ou toute autre activité pour valoriser ce potentiel. Qu’est ce qui explique cela ?

A mon avis les projets existent, mais c’est l’accompagnement qui fait défaut. Il y a des artistes, il y a de nombreux projets portés par les pratiquants des différentes disciplines artistiques dans les trois régions septentrionales. Mais le véritable problème c’est l’accompagnement, le financement de ces manifestations. Quand vous parlez art on croit que vous êtes fou car certaines personnes considèrent encore les arts comme des futilités, ce qui fait que trouver des financements pour des projets culturels c’est une gageure. Je vous dis, je suis à la cinquième édition de mon festival mais je n’ai jusque là eu le soutien de personne. En réalité c’est une question de volonté et de passion. Il faut que les promoteurs artistiques et culturels du Septentrion comprennent qu’ils ont un devoir et il faut qu’ils fassent des manifestations en fonctions des moyens qu’ils ont. Et puis avec l’avènement de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Maroua, je crois que c’est déjà un très grand pas. Le combat continu, nous ne devons pas baisser les bras, nous devons travailler davantage.

Très peu de municipalités appuient les activités culturelles dans le Septentrion. Pourtant, ses festivals pourraient très bien contribuer à vendre, à valoriser le potentiel créatif de ses villes et être un atout sur le plan touristique. Au Mali par exemple, la ville de Ségou a pu renaitre grâce à son festival sur le fleuve Niger qui attire chaque année des milliers de festivaliers. Qu’est ce qui à votre avis explique ce désintérêt de la part de certaines municipalités du Septentrion pour la culture?

Dans la vie il y a des gens qui se lèvent tôt, il y a des gens qui se prélassent alors que les autres sont déjà au travail, peut être que nous nous sommes encore en train de dormir ici. Ce qui est évident c’est que quand vous arrivez dans une mairie avec un projet artistique et culturel on vous regarde de travers, on se dit « tiens, voila encore un autre illuminé, il perd son temps ». Voyez-vous, ce n’est pas du tout facile. Quand bien même vous arriver à la délégation de la culture est-ce qu’on a à faire à des gens qui savent pourquoi ils sont là ? Je me demande bien. Pour encadrer les artistes il faut des gens qui connaissent ce qu’on appelle les arts et la culture. Mais quand déjà au niveau du ministère et de ses démembrements on a du mal à comprendre les problèmes des artistes comment peut-on les aider ? Et au niveau des collectivités décentralisées quand on considère les artistes et les promoteurs culturels comme des moins que rien, ça ne peut pas marcher. Je crois qu’il va falloir que le gouvernement lance un très grand programme d’éducation artistique et culturelle. Quand un peintre est apprécié en Europe mais inconnu chez lui, c’est parce que les gens ne comprennent pas la valeur de ce que cet artiste produit et c’est paradoxal. Vous allez voir qu’il y a des comédiens de la ville de Garoua qui sont appréciés hors de Garoua mais ils sont ignorés ici, c’est un drame. Mais nous gardons espoir, je crois que les artistes doivent s’investir à ce qu’on les accepte, petit à petit même ceux qui décident brusquement d’être sourds et aveugles aux problèmes des artistes, un jour leur cœur s’ouvrira et ensemble nous trouverons des solutions.

Quel est l’état de santé des arts plastiques dans le Septentrion ?

Il y a de cela quelques années on comptait sur les doigts d’une main le nombre d’artistes plasticiens dans le Grand Nord. Aujourd’hui avec l’avènement de l’école du « crayon N’djino », avec le festival des arts plastiques et graphiques de Garoua, et parce que nous avons travaillé dans certains établissements scolaires, nous avons suscité de nouveaux talents. Aujourd’hui on dénombre près de deux cents artistes qui travaillent les arts plastiques. Au niveau de Garoua on compte beaucoup d’artistes, surtout des jeunes. Si vous allez à l’école de dessin du « crayon n’Djino », vous serez émerveillé par le talent de ces jeunes enfants, idem si vous allez au club des arts plastiques de l’Université de Maroua. Je crois qu’un soleil radieux se lève sur les arts plastiques dans la région septentrionale.

Contact : 97113522 / hamadoupz@yahoo.fr

Commentaires

0 commentaires

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux:

📸 INSTAGRAM: https://instagram.com/culturebeneofficiel
🌐 FACEBOOK: https://www.facebook.com/culturebene
🐤 TWITTER: https://twitter.com/culturebene
📩 EMAIL: culturebene@declikgroup.com
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page