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Pahé : « Je ne suis pas un professeur de dessin, je préfère conseiller »

Le Cameroun est aujourd’hui l’une de vos destinations préférées pour avoir pris l’habitude de le fréquenter ; doit-on dire que le plaisir a gardé sa même fraîcheur comme ce fut le cas les premiers jours ?

Beh écoutez, je me sens chez moi au Cameroun ; et après la tenue du mini sommet de la CEMAC au Gabon tout récemment je puis vous dire que je suis l’un des premiers à profiter des fruits de cette assise, car j’arrive au Cameroun sans papier, voilà…

Vive l’intégration sous-régionale alors…

Ah ça oui, vous pouvez le dire.

On aimerait bien avoir l’avis d’un habitué du FESCARHY que vous êtes, sur l’évolution du dessin au Cameroun ? Comment se porte-t-il déjà?

Bah, je sais pas ; personnellement je ne saurais dire comment il se porte. J’aurais pu dire qu’il se portait comme ci ou comme ça si je voyais des publications…

Mais on vous voit écumer pas mal d’évènements et rencontres sur le dessin au Cameroun…

C’est vrai, je sais qu’en termes de publication dans la BD camerounaise on peut compter Bitchakala, on peut compter WAKA, ainsi que les œuvres de Georges Pondy ; du côté de Douala je sais qu’il y a Joel Ebongué qui prépare un truc pour le festival de bande dessinée d’Alger, sans oublier Popoli qui sort régulièrement.

Pensez-vous honnêtement qu’il y a de l’espoir, ou bien le métier se meurt peu à peu ?

Vous savez, ceux qui peuvent faire vivre le métier, c’est les dessinateurs ; il faut sortir beaucoup de projets, il faut qu’il y ait une constance dans les sorties.

Vous trouvez qu’outre le talent, il faille compter sur le facteur « chance » pour aller aussi loin que possible dans ce métier, et on remarque de moins en moins de jeunes réussir dans le dessin ; selon vous qu’est-ce qui ne va pas, pourquoi n’y a-t-il pas autant de Pahé ni de Nyemb Popoli ?

Oui je l’ai dit, c’est vrai que le facteur chance joue ; je vous prends un exemple : Moi je suis éditeur et vous vous êtes un jeune dessinateur et on ne vous connait pas ; je tombe donc sur votre travail et vous voulez que je sorte votre projet. Seulement, je suis un commerçant, donc il me faut une garantie pour que je puisse rentrer dans mes dépenses. C’est ça qui détermine le fait qu’un éditeur puisse vous publier, au-delà de magnifique travail que vous avez accompli. Il y a aussi ce problème chez nos dessinateurs qui veulent à tout prix publier pour l’Europe au lieu de raconter les histoires de chez nous…

Il faut aussi reconnaitre qu’en voyant Pahé qui a réussi du côté de la Suisse, forcément on est tenté de vouloir lui ressembler…

Pas forcément, on peut tout aussi raconter des histoires de chez nous qui plaisent aux gens de chez nous. On n’est pas obligé de faire des trucs genre Mangas, car des choses d’ici peuvent aussi intéresser les gens de là-bas qui ont même besoin de quelque chose de différent aujourd’hui. Je pense que c’est ça qui a fait la force de Pahé et de la BD Aya de Yopougon de Marguerite Abouet qui marche d’ailleurs très bien. Vous savez, j’ai eu plusieurs fois l’occasion d’aller vivre en Europe mais j’ai toujours refusé, parce que je me sens mieux ici.

Quels sont les rapports entre les dessinateurs camerounais et Pahé ? Vous devez en connaitre un bon paquet…

Je ne vais pas mâcher mes mots, mon meilleur pote au Cameroun quand on parle de dessin c’est Nyemb Popoli. Lui et moi sommes en contact permanemment, et à chaque fois que je suis de passage à Douala, il m’offre toute une page dans son journal.

Rendu à sa 14ème édition, q’attendez-vous de ce FESCARHY ? Quelles sont vos espérances ?

Il faudrait qu’il y ait encore plus de productions, et je pense que ça va se faire parce que je vois qu’il y a pas mal de projets en cours. Le FESCARHY vient de publier deux magnifiques ouvrages de bonne qualité sur les hommes emblématiques du Cameroun ainsi que les femmes fortes de la Nation, mais j’ai des doutes au niveau de leur coût par rapport au camerounais moyen ; parce qu’à voir ces livres, tout est tellement bien fait que la valeur je l’estime entre 15 et 25 mille francs. Alors, seront-ils accessibles à tous les camerounais ? Je vous retourne la question.

Formez-vous déjà des jeunes dessinateurs ?

Ecoutez, j’interviens plus dans le cadre des ateliers et je me contente de donnez des conseils parce que vous savez, de nos jours on a affaire à des « supers Almo The Best » qui pensent tout connaitre. Donc je le dis toujours, je ne suis pas un professeur de dessin, ceux qui viennent me montrer leurs travaux, je leurs donne juste mon appréciation sur ce qui est bon ou ce qui ne l’est pas. Et honnêtement, ce qu’il faut faire quand on a en face d’un jeune dessinateur, c’est de lui dire que son travail est merdique au lieu de toujours dire « C’est bon, c’est bon » pensant le mettre en confiance. Une fois que vous avez déchiré la planche d’un jeune et qu’il vous demande « Mais Pahé, pourquoi t’as déchiré ma planche, qu’est-ce qui y manquait ? », celui-là veut vraiment apprendre.

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