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Salif Tao : « Les artistes du septentrion doivent rester originaux et ne pas accepter de se prostituer…»

Qui est Salif Tao ?

Salif Tao est un jeune originaire du Mayo Louti, animateur radio, présentateur TV, producteur et promoteur culturel. J’ai débuté mon aventure à Crtv Nord en tant que animateur, par la suite j’ai été animateur culturel et communicateur à l’Alliance française de Garoua. Ma soif de nouveaux défis m’a conduit vers la télé. Depuis deux ans je suis aux commandes d’une émission culturelle diffusée  sur Galaxie télévision.

Peux-tu nous en dire davantage sur ce programme télé que tu présentes ?

Je présente une émission de variété internationale qui fait la part belle aux artistes qui promeuvent la musique sahélienne. L’émission est diffusée tous les mercredis, samedis et dimanches à partir de 16h. Je suis exigeant que la qualité des clips et chansons qui sont diffusées car il est question de défendre l’image de marque des artistes du sahel. Il s’agit pour moi de donner l’opportunité aux musiciens du septentrion de pouvoir s’exprimer sur une télévision. Aujourd’hui, beaucoup de musiciens en ont bénéficié. C’est le contrat qui me lie à Galaxie télévision qui est sur satellite et est regarder par des millions de téléspectateurs par jour. Cela veut dire que celui qui passe sur Galaxie télévision dans mon émission est vu dans le monde entier. C’est un créneau que nous donnons aux musiciens du septentrion. Aujourd’hui, cette émission est tellement installée que nous recevons des invitations de partout. Cela veut dire que l’émission est bien suivie dans le monde entier.

Quel est le contenu de l’émission ?

L’émission a plusieurs rubriques toutes intéressantes. Nous avons rubrique Takiaré qui est la musique coup de cœur de la semaine. La rubrique kodo’o qui est consacrée à l’invité, la rubrique Sana’a qui met en lumière  les petits métiers de l’art, la rubrique Jarral qui est un hit-parade des chansons les plus diffusées ou écouter par les mélomanes. La rubrique Mi hofni quant à elle réservée aux dédicaces tandis que Molorou dévoile aux téléspectateurs toutes les infos culturelles. Tous les noms de ces rubriques sont en fulfulde et ceci a été fait à dessin. L’émission est présentée en  français et en fulfulde et depuis deux ans que l’émission existe j’ai vu du beau monde défilé sur le plateau : le réalisateur et producteur Laminou Tilimdo, le comédien Ousman Sali, le griot Hayatou Ibbal, la star Babba Sadou, Abou Soroba et pleins d’autres.

Que pensez-vous de la musique sahélienne actuelle ?

Je pense que la musique sahélienne n’a pas beaucoup évolué. Je regrette qu’il y ait beaucoup d’imitations de musiques qui viennent d’ailleurs. Il n’y a pas de recherche. La nouvelle génération ne se soucie guère de l’avenir. Je ne sais pas si la relève est bien assurée ou pas. J’entends beaucoup de musique qui passent, éphémères. Je crois que la jeune génération a besoin de s’exprimer autrement. La musique sahélienne va mal. Il suffit de constater l’absence de nos artistes dans des évènements culturels d’envergure tels que les festivals et autres concerts sur le plan national. Si ce n’est pas Isnebo c’est Amina Polloh, les autres on les connait à peine. Pour la plus part ceux-là n’ont pour terrain de prédilection les mariages. Pas d’album, pas de clip, bref rien qui puisse les valoriser et les faire connaitre au-delà du grand nord.

Comment faire pour inverser la courbe ?

Sincèrement, la musique sahélienne peut se faire une place si les artistes acceptent de mettre en avant l’originalité à travers leurs créations. Le sahel est riche en sonorités et c’est un créneau intemporel. Les artistes du septentrion doivent rester originaux et ne pas accepter de se prostituer. Il faut limiter l’immixtion sans contrôle des rythmes venus d’ailleurs dans la musique sahélienne tradi-moderne. Il ne s’agit pas de se fermer mais d’opérer un tri judicieux de façon à ne pas se perdre. Il faut regarder Isnebo ou Alfa Barry qui sont en train de faire de belles choses tout en étant ouvert à l’apport extérieur. Il ne faut pas que ce qui se passe ailleurs tue ce qui se passe ici. Pour une zone aussi culturellement riche, aussi musicalement dense, cela veut dire qu’il n’y a pas de recherche de rythme, ni d’effort de composition et de création. Si un travail de formation, d’encadrement et même de conscientisation est fait, la musique sahélienne pourra enfin décoller. Pour ma part, mon credo c’est de toujours porter plus haut l’étendard de la musique africaine et sahélienne, d’ailleurs je n’ai pas vraiment le choix, il y va de mon crédit propre et du rayonnement de mon pays. Je pense qu’avec notre appui, avec la nouvelle école, on va essayer de faire quelque chose.

Un dernier mot ?

Il faut une structuration véritable si on veut que la musique se développe dans le septentrion. Il faut que les mécènes se manifestent et accompagnent les promoteurs et les artistes. Il faut aussi que les aînés s’acquittent de leur mission de formation et d’encadrement des plus jeunes. Je vais continuer à me battre à mon niveau, avec mes armes et j’espère ouvrir une radio qui aura pour mission principale la promotion de la musique sahélienne

Entretien mené par Ebah Essongue Shabba

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