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Stéphane Tchonang Jimpie: « qu’est-ce qui se trame derrière l’affaire de l’annulation et du report des RETIC 2012? »

CRIS, Face A La Déchéance Du Théâtre Camerounais

Je t’écris cette lettre pour ne pas me taire. Je t’écris cette lettre parce que nous traversons un calvaire. Je t’écris cette lettre parce que c’est l’heure de notre « révolution prolétaire ». Artistes camerounais, soyons solidaire. Réunissons nous et sortons de cette misère.

S’il y a un pays où il fait bon vivre pour les artistes, c’est bien au Cameroun !

Mais j’ai mal. Je souffre. Je meurs.

Je t’écris dans mon agonie ces quelques mots pour que tout soit entre nous bien claire : Re-crédibiliser les notions d’homme de théâtre, d’auteur et d’interprète est une question nécessaire.

Je ne t’écris pas cette lettre pour te plaire, loin de là.

Ecoute, voici déjà 20 ans que les RETIC existe au Cameroun. 20 ans de challenge pour la promotion du théâtre au Cameroun. 20 ans d’espoir qui risque de s’envoler ! 20 ans de rêves en voie de s’évanouir. NON ! Cela ne se peut !

Dis-moi, qu’est-ce qui se trame derrière l’affaire de l’annulation et du report des RETIC 2012? Le Ministère des Arts et de La culture(MINACULT) aurait-il tourné le dos au théâtre au Cameroun ?

Ecoute, plusieurs promoteurs culturels au Cameroun se plaignent et ont presque ou totalement abandonné leur projet de festival de théâtre. Ils disent qu’il est plus facile pour eux d’obtenir des financements pour les compagnies étrangères que pour les locales. Que le MINACULT ne leur octroie pas les financements qu’il promet, et à temps, pour la prise en charge des artistes lors des festivals. Et le promoteur des RETIC s’en est expliqué au soir du 19 Novembre 2012, au Goethe Institut de Yaoundé, devant la Directrice de cette Institut Allemande de la culture, les quelques compagnies, artistes et journalistes qui n’avaient pas suivi l’annonce du report. 

Le comble c’est que le MINACULT garde un silence d’enfer, comme si cette affaire ne le concernait pas du tout ! Il y a une véritable crise difficile à formuler entre le Ministère de tutelle et les acteurs culturels, plus particulièrement ceux de la filière théâtre, en ce moment.

Il y a pour ainsi dire une véritable problématique des financements et des subventions du MINACULT  liés à la création et à la diffusion des spectacles et des festivals de théâtre au Cameroun.

Sinon, comment veux-tu que je comprennes le fait que Madame le Ministre soit allé à l’ouverture du Forum sur la culture comme facteur de développement dans la sous- région de l’Afrique centrale, ce 21 Novembre 2012, au Palais des congrès, et que son Excellence n’ait pas pensé même se faire représenter, depuis le 19 Novembre 2012, pour expliquer aux malheureux artistes que nous sommes, les raisons gouvernementales d’un tel report ?  Et dire qu’ils y étaient, au Palais des congrès pour rechercher « les stratégies régionales du développement de la culture », « Que la culture brise des barrières ». Que « l’intégration n’est pas qu’économique et sociale, elle est aussi culturelle ». Des mots qui rebondissent comme une balle de ping pong sur la tombe des RETIC 2012.

Rappelle toi que les RETIC non seulement devait fêter ses 20 ans cette année mais aussi les 50 ans de carrière de son fondateur. Non sans négliger le fait qu’un concours spécialement était réservé aux comédienne et comédien, aux metteuses en scène et metteur en scène camerounais, pendant cette édition. Quand aurons-nous encore cette opportunité ? Quand ?

Ce fiasco est cuisant !

Avons-nous droit à une explication, Excellence Madame le Ministre ? Sommes-nous des objets ou des sujets de ce théâtre Camerounais ? Avez-vous opté pour une autre politique culturelle ? Avez-vous mis sur pied une stratégie de gestion des arts du spectacle qui a notre insu serait déjà mis en application ? Si vous avez une autre vision du théâtre actuel, quelle est-elle ? Consisterait-elle à faire mourir les compagnies de théâtre et les festivals au Cameroun?

Votre silence est un mépris. Parlez-nous, Excellence ! C’est énorme ! Comment dois-je comprendre cette rigueur de votre part ?

Ecoute, je te parle comme si c’était toi le MINACULT. Mais laisse que je te le redise : Les RETIC sont reportées ! Ce report est un signe d’échec. Cet échec traduit haut et fort que le théâtre camerounais, même après le colloque de 1987, tarde à s’affirmer. Ce théâtre subit sans doute une crise générale. Cette crise que traverse le théâtre camerounais est si grave et aigüe.

Les motifs qui sont surtout internes au Cameroun, sont d’ordre économique, politique et social mais aussi, je pense, pour des raisons plus profondes, comme la société, le théâtre camerounais souffre et est étouffé par une crise de sens.

Ce théâtre qui semble faire un temps d’arrêt, doit s’interroger sur le sens de son existence. Un peu comme un homme qui souffre, est angoissé et qui se pose des questions sur le sens que prend sa vie.

En effet, peut-on dire aujourd’hui que le théâtre au Cameroun à encore un sens, une fonction ? Est-ce que ce théâtre ne répond pas uniquement à l’égocentrisme des créateurs qui font du théâtre expérimental pour être expérimental ? Les RETIC ont pour leur part, selon moi, défendu cette conviction que le théâtre est et peut être encore vivant, originel et original.

Ecoute, l’humour est devenu trop sérieux dans notre société d’aujourd’hui. Et le sérieux, de l’humour ! No comment !

Autre chose, j’imagine que si le MINACULT a donné son accord de principe pour l’organisation des RETIC 2012, il serait louable de sa part qu’il nous dise ce qu’il avait prévu faire des compagnies et des artistes camerounais programmés pour cette édition, en cas de report ou d’annulation. Parce que ce serait trop facile de les renvoyer à l’organisateur.

Il ne faut pas balayer du revers de la main le fait que toutes les compagnies camerounaises retenues ont dépensé beaucoup d’argents pour préparer les spectacles. Qui donc va rembourser? Ont-elles droit à un dédommagement ?

Vivre entant que artiste professionnel de théâtre au Cameroun aujourd’hui relève du miracle.

Ecoute, toi et moi devons nous lever comme un seul homme, pour faire valoir nos droits.

Face au mutisme de la tutelle, crions haut et fort :

-pour qu’on nous construise des salles de spectacle dans chaque région du Cameroun,

-pour qu’un soutiens financiers soit alloué aux compagnies de théâtre, chaqu’année, pour  soutenir la création et la diffusion,

-pour que les festivals soient financés, et à temps,

-pour qu’un cadre juridique gérant les festivals et les compagnies de théâtre assure la prise en charge des artistes locaux retenus, en cas d’annulation du festival,

Ecoute, l’heure de l’émergence a sonné. Ce ne doit pas être l’heure de la déchéance, du théâtre camerounais.

Stéphane TCHONANG JIMPIE

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