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Emmanuel Mbombog: « Je ferai une grève de la faim devant le bureau du DG des Aéroports du Cameroun »

Le président de la ligue Nationale de défense des droits des personnes défavorisées était l’invité de Constant pierre sur Kiss FM 106.0 à Yaoundé dans l’émission « Face à Copi » du jeudi 1er Novembre 2012, quelques grandes lignes de l’entretien à bâtons rompus.

Emmanuel Mbombog Mbog Matip on dit que vous êtes quelqu’un qui bavarde beaucoup

Je ne bavarde pas beaucoup, c’est quand ça va mal que je sors de mes gongs. Quand je vous dis qu’un ex-employé des ADC qui était mon voisin vient de rendre l’âme suite à la précarité, il y a de quoi être amer. Partout où j’irai le nom du Directeur Général des ADC sera collé sur mes lèvres parce qu’il fait mal.

Pensez-vous que cette façon de parler pourrait améliorer les choses ; et qu’il n y a pas une autre façon de dire plus haut ce que les gens pensent tout bas ?

La bible nous enseigne qu’il y avait un aveugle qui criait au passage de Jésus Christ en disant : « fils de David sauvez-moi », les disciples repoussaient cet aveugle et à la fin le seigneur a écouté ses cris et l’a accueilli. Plus je pousserai ma voix, plus je serai entendu.

Et c’est vous l’aveugle ?

C’est moi l’aveugle !

Et pourtant vous voyez ?

C’est une parabole

D’accord. Mbombog vous êtes handicapé moteur, qu’est ce qui s’est passé ?

J’ai été victime d’un accident de circulation le 18 Décembre 1992, 7 jours avant la fête de Noël qui est aussi mon jour d’anniversaire de naissance. C’était sur la route de Bot Makak dans le Nyong et kellé. On était nombreux à bord d’un camion.

Vous voyagiez en camion ?

Oui, parce que nous étions des vendeurs à la sauvette. Nous sommes partis dans le marché périodique à Bot Makak, le chauffeur était dans un état d’ébriété très avancé. Face à des élans d’accélération, il faisait la sourde oreille à propos de nos interpellations, on s’est renversé. La plupart des passagers ont trouvé la mort. Moi j’ai perdu mes deux pieds. Dieu merci, j’ai pu retrouver la santé. Je suis fier de marcher avec mes deux béquilles car toute chose est voulue par Dieu pour un but précis.

Est-ce à dire que cet handicap vous a apporté beaucoup de choses dans votre vie ?

Quand on perd un organe même si c’est l’ongle de ton doigt ça fait problème. De nos jours par exemple, je ne peux plus courir. Je ne peux plus manifester certains gestes comme celui qui a ses deux pieds. Dans ma tendre enfance et jusqu’à un certain âge, j’étais le chargé de multiples commissions. Je savais rendre service à tout le monde. Dieu a peut-être voulu que je passe par là pour comprendre les souffrances et les épreuves de vie. J’ai connu l’orphelinat, les hôpitaux, les centres des personnes handicapées, j’ai pu étudier beaucoup de choses.

Si je comprends bien vous étiez commerçant ?

J’ai été vendeur à la sauvette à Eseka.

Ça se passait bien ?

Ah ! Ça m’a produit l’accident. Si c’est la voix du bonheur futur, tant mieux. Le 18 Décembre 1992 restera gravé dans ma mémoire. Il restait 7 jours pour que je célèbre mon anniversaire, car je suis né le 25 Décembre 1970.

Aujourd’hui vous êtes handicapé, évoluant avec deux béquilles. Vous avez certainement joué au football dans l’enfance. Quand vous regardez Ceux qui exercent cette activité, quel est votre point de vu ; quand on sait qu’il y a certains qui jouent et d’autres qui tapent à côté ?

Notre pays a des grands joueurs,  ce sont les dirigeants qui dérangent. A propos des lions indomptables, j’ai mon opinion personnelle qui m’engage. Ce sont des gens qui dérangent. Ils sont habités par l’orgueil, c’est difficile pour moi de les aborder ; parce qu’ils sont entourés de gros bras alors que nous sommes leurs fans et leurs supporters. Nous avons supporté Roger Milla mais pas facile pour moi de le rencontrer. Je les regarde à distance. La malédiction est posée sur notre football aujourd’hui. Les lions valeureux de l’époque sont oubliés. Mais les gens qui ne servent à rien sont portés à la tête du football camerounais. Le Cameroun n’a pas de stades. Les gens meurent pour un comprimé de 25 fcfa. On nous fait comprendre que l’Etat du Cameroun a une dette vis-à-vis des patriarches de Nfandena pour le stade. Comment peut-on espérer gagner avec tout cela ? Il faudrait qu’à la base que tout s’arrange.

Qu’est ce que vous avez fait pour que le Cameroun gagne ?

Je ne veux même pas qu’ils gagnent un jour. Les lions indomptables ne nous servent à rien. Ils ont tout, alors que les gens meurent dans les hôpitaux, les détenus dans les prisons ont la gale partout. Et parlant des prisons quand tu entres dans ce milieu, il faut faire le signe de croix. Parce que tu n’es pas sûr de ressortir. Tous les dons sont détournés par le régisseur. Il faut avoir quelqu’un de fidele qui te rend visible pour avoir la paix. Même si tu as fait 3 jours sans manger, il n’y a que la visite d’un proche même bras ballants pour te réconforter.  nous autres, on nous a envoyé en prison innocemment. Je suis entré à la prison de Bertoua sans mandat dépôt.  Mon bourreau un certain Emmanuel Angoula Ngoa et ses complices huissiers de justice ont imité ma signature et tromper les magistrats, le commandant de brigade à Yaoundé m’a d’abord fait garder sans me voir. Le procureur Belinga a signé ma mise en route sans me voir jusqu’aux magistrats de Bertoua avant d’atterrir en prison et ressortir 5 mois après.

A propos des dons pour ceux que vous défendez aujourd’hui…

J’ai la volonté de defender les couches vulnérables. Mais les moyens me font défaut si j’avais ces moyens, je ne tournerai pas seulement à Yaoundé. Un jour, un jour Dieu ne dort, ça ira pour le bonheur de tous.

Il parait que le Ministre des affaires sociales vous a déjà aidé ?

Le Ministre ne m’a jamais aidé. Madame Catherine Bakang Mbock m’a aidé plutôt en répondant à deux lettres écrites pour dénoncer certaines injustices.

Vous ne reconnaissez pas qu’elle vous a aidé ?

Suivez-moi un peu. Elle m’a aidé en m’écrivant deux lettres par rapports à la jeune fille albinos incarcéré à la prison de Monatelé, avec son bébé de 6 mois puisqu’on demande 700.000frs pour la libérer. Elle m’a souligné par une lettre qu’elle a donné les instructions aux Délégués régional et départemental. Et la dame déléguée à Monatelé devait prendre des mesures à propos. Mais cette dame réside toujours à Douala. Même le délégué régional depuis 6 mois n’a rien fait. Pour les réponses, je me réjouis d’ailleurs car tu peux écrire 100 ans à un Ministre dans ce pays, on ne te répond pas.

On revient sur vos origines, vous êtes Bassa ?

Je suis Bassa d’Eseka.

Vous avez le sang très chaud ?

Le sang chaud ? ce qui est sûr quand les gens m’entendent parler au micro ils estiment cela, ou le micro est mythique je ne sais pas. Parce que quand je suis devant un micro, ça me hante et me donne un courage fou. J’ai le sang chaud par-dessus tout, surtout à l’endroit des gens qui font du mal aux autres.

Quand vous parlez du mal, vous faites allusion à quoi ?

Voilà les ex-employés des Aéroports du Cameroun (ADC) dont je faisais allusion en début de ce programme et que le Directeur Général Malmène.

Vous en voulez à ce monsieur ? Parce que depuis le début de l’émission c’est la 4e fois que son nom est prononcé…

Il y a un moment que j’ai crié pour la petite fille albinos qui est à la prison de Monatelé. J’avais annoncé un Sit-in et une grève de la faim devant la fondation Chantal Biya mais on m’a appelé pour me faire comprendre qu’il y a déjà 400.000frs, il reste 300.000frs. Sur ce, le Directeur Général des ADC me verra dans les jours à venir. Je ferai la grève de la faim devant son bureau à Nsimalen, question de payer les droits sociaux des ces valeureux camerounais qui ont procédé à un Sit-in dernièrement sans succès à l’aéroport. Il faut payer ! Quand quelqu’un travaille chez toi ; même s’il est domestique, pense à son salaire, chacun a ses problèmes. Vous avez construit des châteaux partout, remettez à chacun son dû. Le président Paul Biya ne juge pas les gens par l’apparence. Il reconnait que le bas peuple l’a élu. Vous voulez salir ses grandes réalisations.

Est-ce que dans votre village vous faites la même chose ?

C’est rare pour moi d’aller au village.

Pourtant vous êtes tradi-praticien, naturopathe et vous avez peur d’aller au village ?

Je n’ai pas peur. Je n’y vais pas parce qu’il ya certaines divisions dans la famille.

Est-ce que vous avez milité en faveur de la réconciliation ?

Je l’ai fait mais à un moment donné quand tu n’as pas les moyens, la voix ne compte pas.

Quelques temps de l’émission retranscrits par Roméo Tchamaleu, Secrétaire Général de la Ligue Nationale de Défense des Droits des Personnes Défavorisées.

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