Quand l’été (la session de rattrapage) dicte sa loi…

Alors s’ouvre le grand marché où chacun devra à tout prix s’acquitter de sa dette selon sa valeur ; ici on parle de « mp3 » ou encore « mp4 », pour ceux là qui auraient plus de cinq matières à valider… Un jeune étudiant (invité à la réunion familiale) a bien voulu partager avec nous cette expérience.

Ça fait trois ans que je roule dans les amphis non pas en tant que Dr ou Pr, vous savez ces enseignants qui pourraient vous retirer vos points parce que vous n’avez pas habillé leur nom d’un de ces titres éphémères de « Dr » ou de « Pr ». Je me suis toujours demandé pourquoi le nom des enseignants africains ayant été en occident n’est jamais aussi habillé (Achille Mbembe, Mamadou Diouf, Elikia Mbokolo, Catherine Coquery Vidrovicth, Alain Mabanckou…). Mais la n’est pas l’objet de mon billet. Comme je le disais, je parcours les amphis depuis des années en tant qu’étudiant, un étudiant que certains qualifient souvent « hors du commun » et qui, à force d’avancer, découvre des choses hors du commun dans les amphis, pendant l’année académique. Cette année, j’ai donc eu le privilège d’être invité à la réunion familiale (session de rattrapage) comme on appelle ici et comme toute bonne personne je m’y suis rendu avec une rage de valider mes cours mais aussi de découvrir le « hors-du-commun » de cette période.

A la cité des savoirs, cette période est appelée « été » en guise de vacances. Mais le terme qui est très intéressant est celui de « regroupement familial », « réunion familiale ». Au cours de l’année, les cours que vous n’avez pas validés étaient des billets d’invitation à ce grand rassemblement d’étudiants. Il a alors fallu me rendre dans les amphis et les salles du campus ce Vendredi (cherchant un ami), pour me rendre compte de l’ampleur du rassemblement. J’ai pas pu m’empêcher de lui demander : « Dis, c’est un concours ? C’est quoi cette marée humaine ? », à lui de me répondre, « Beuh ! Les gars révisent pour le rattrapage». J’ai alors confirmé qu’il s’agit bien de la réunion familiale. Ce qui est observable dans cet amphi l’est aussi dans les salles du campus « A » où je cherchais les gars avec qui réviser. Pendant que ces camarades révisent individuellement ou en groupe dans les amphis ou les salles, d’autres (les ainés) organisent des séances de répétitions à travers les groupes qu’ils ont crées pour la circonstance. C’est ainsi qu’à l’entrée du campus, vous verrez les tableaux de chaque groupe de répétition et son offre pour permettre aux étudiants de valider. Les noms de ces groupes sont aussi impressionnants « le succès », « la réussite », « les Mozart » et « hors du commun » que cette période de regroupement familial.

Les étudiants qui viennent de poser leurs valises dans la capitale de la Menoua, comme moi, se dirigent vers le babillard pour s’informer de l’emploi du temps. La surprise est plus évidente à cet instant. De trois heures à la session normale, les épreuves passent à deux heures au rattrapage. Ce n’est plus 7h30-10h30, c’est maintenant 7h30-9h30. Heureusement qu’il y’a des matières que j’ai validées (comme l’informatique) sinon je vous assure, je ne vois pas comment j’aurai pu refaire cette matière en 2h. Le temps imparti aux matières est tout aussi spécial que les nouveaux visages qui font leur va- et- vient au sein du campus.

Mais la période du rattrapage coïncide avec celle des préinscriptions ; vous savez, cette période où ces nouveaux bacheliers comme je le fus il y’a quelques années arpentent les collines de la cité des savoirs pour certifier, s’enregistrer et choisir leurs filières. Le décor est planté dès l’entrée du campus. Des ainés, selon leurs filières, accueillent et orientent ces jeunes bacheliers qui veulent faire partir de la grande famille étudiante dont le Pr Anaclet Fomethe (Recteur de l’Université) a la charge. C’est donc une période chargée et hors du commun. Mais confirmons aussi l’hypothèse selon laquelle, les étudiants de cette cité prennent la session de rattrapage très au sérieux à la différence quelques fois de la session normale…

Ainsi règne l’ambiance à Dschang, la cité du savoir.

Bienvenue à tous ceux qui, comme moi, sont des invités spéciaux à cette réunion familiale !

Ulrich K.Tadadjeu