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Rappeurs : acceptez aussi qu’on vous clash !

Ceux qui se sont livrés à cette activité musicale, l’ont fait avec l’esprit de lutte, donc une attitude belliqueuse. Les mots chiants et obscènes, occultant les formules de bienséances sont récurrents dans leurs textes. « fuck », « mother fucker », « fils de pute », « enculé de ta race », « va niquer ta mère », « sale chien »… ce sont les mots et expressions que les rappeurs utilisent pour se défendre de l’offensive ou même pour attaquer. Les premiers rappeurs se sont mêmes identifiés à ces mots insultants et se faisaient appeler « Nique Ta Mère », « Ministère Amer », « public Ennemy », « Terror »… en écoutant le titre de Booba dans l’album Panthéon : R.A.P, il définit le RAP par des expressions suivantes, toute la République A Peur, c’est la Réponse Aux Porcs, c’est Rien A Péter…

De ce fait, les rappeurs n’hésitent pas à utiliser les mots les plus choquants, sans scrupules pour décrire le système. Et au Cameroun, la mayonnaise a aussi pris. Les rappeurs insultent les autorités en place, ce qui est dans leur droit le plus absolu, ils ont même des slogans qui ne caressent en aucun cas ce régime et les politiques en place, comme « génération fuck les politiques », ils traitent les dirigeants d’homosexuels, de corrompus, de voleurs, d’assassins, d’illuminés… bref ils ne sont pas réservé en ce qui concerne ce point. Comme ils le disent ils n’en n’ont rien à foudre, Rien A Péter. Ils se croient tout puissant, exempt de toutes menaces ou de toutes poursuites. Ils disent sans peur ce qu’ils ont à dire. C’est vrai, ils prendront pour dérobade pour faux-fuyant ou pour subterfuge, le fait qu’ils sont la bouche des malheurs qui n’ont point de bouches. Qu’ils sont le haut-parleur des sans voix, leur voix, qu’ils sont des « généraux », de cette grande armée muette et poltronne, qu’ils sont les secrétaires de l’observation et les photographes de la réalité, qu’ils disent la vérité et qu’ils sont prêts à en payer le fruit.

Puisque le RAP comme l’a ajouté Booba, c’est aussi, Réservé Aux Pros, le professionnalisme exige que celui qui marque des buts, autant qu’il peut, ai le « fair-play » d’accepter d’encaisser en retour sans crier vengeance, si ce n’est en essayant d’en marquer plus encore, selon les normes du jeu.

Le triste constat que je suis arrivé à faire, depuis que je m’exerce à décrire par les chroniques l’univers rapologique au Cameroun, c’est que les rappeurs qui tirent à boulets très rouges sur le système, n’arrivent pas à accepter la moindre critique qu’on fait à leur endroit. Et quand c’est le cas, ils sont sidérés, sortent de leurs gongs, et promettent même la bastonnade, voir même la lapidation à l’auteur de ce pamphlet. C’est un manque de professionnalisme et de responsabilité qui ne veut pas dire son nom. C’est même enfantin de ne pas avoir le courage d’accepter les critiques et les observations, bien qu’elles soient constructives. Pourtant eux quand ils insultent les politiques, ils ne leur proposent rien pour changer les choses, ils ne savent que dire « fuck babylone ». donc si ta musique n’est pas bonne, si ton écriture est bancale, si ta vidéo est chiante, si ta pochette est amateuriste, si tes punchlines sont hors lignes, si ton flow est défectueux, accepte qu’on te le dise avec franchise, comme tu le fais quand le Président n’est pas bon, quand les politiques pillent et volent, et violent…car ce n’est que comme ça qu’on pourra sortir de l’auberge, du béni-oui-oui, de la médiocrité et du laxisme indicible dans lequel on est enfermé depuis.

Les rappeurs au Mboa doivent savoir que ce n’est plus l’heure des big up gratuits et hypocrites, nous voulons avancer, et pour le faire, chacun doit avoir le regard critique tourné sur lui-même, s’il ne le fait pas, et ne se corrige pas lui-même, qu’il souffre que les autres le fasse à sa place. Acceptez aussi qu’on vous clash ! C’est même un abus de langage, car ce ne sont mêmes pas des clashs, mais des simples et humbles observations, apportées à telle ou telle œuvre, sans prétention aucune ni autre rancune, qu’on aurait envers tel ou tel artiste. Alors que vous soyez le plus grand rappeur, le plus âgé, le plus connu, le plus fortuné… soyez prêts, disposés et disponibles pour les accueillir sans toutefois vous énerver ou promettre la bastonnade à celui qui vous a porté critique. Parce que vous le faites aussi sans représailles aucune, au système, aux politiques, aux sponsors, aux promoteurs et aux autres artistes…le Roi de la sagesse disait que celui qui n’accepte pas la réprimande ne croitra jamais, que ce soit en stature en sagesse ou en intelligence. Puisque personne n’est parfait, donc qu’aucune œuvre n’est parfaite en soi, et que tous les gouts sont dans la nature, sachez donc que toutes les opinions sont permises, puisqu’elles émanent des sensibilités propres et multiples. Donc le prochain artiste qui va se plaindre au sortir de la lecture d’une critique, d’une chronique ou d’un simple article contre lui, s’exposera à des conséquences fâcheuses. Le RAP doit dès lors se définir comme Youssoupha l’entend : Retour Aux Pyramides, donc à plus de raison et de bon sens.

« Les insultes ne me blessent plus, car ce qui ne tue pas laisse de bonnes structures » Youssoupha

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