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MISTERIOSO-119 : Quand la pudeur frise l’Art et lui donne le ton avant-gardiste de l’absurde…

En effet, celle qui jusqu’ici n’était connue qu’en tant qu’animatrice dudit institut, Soleïma Arabi, en collaborateur avec la Cie Ngoti (Cameroun) et la Cie Ici-La-Bas et Ailleurs, nous présentait là sa troisième expérience du genre.

Les portes à peine fermées, huit filles surgies de nulle part et vêtues de tenues de prison (salopettes orange) se dirigent en file indienne vers le plateau. L’escouade va abruptement se livrer à un tohu bohu où propos capiteux quelques fois « sales », mais en même temps teintés d’humour. Une hilarité qui va amener chacune des détenues à partager les  expériences ayant jalonné leur vie d’avant incarcération, entre affres et délices de la chair…, suivez mon regard ;  « L’indication portée sur les affiches du spectacle (interdit aux moins de 14 ans) en dit long… L’enfermement dans cette prison-là fait que les femmes dont on sait qu’à un moment donné ont besoin d’un CORPS différent, celui de l’homme ; alors elles vont se recréer par les fantasmes du texte, par les fantasmes des mots, par les fantasmes du jeu », nous confie François Bingono Bingono.

A mesure que la pièce évolue, les filles claironnent de plus belle, tandis que l’une d’elle (qui s’est volontairement isolée) s’éprenait de l’intervenante (choisit pour superviser leur chorégraphie de pom pom girls), la couvrant ainsi d’élégies sensuelles et lui témoignant son béguin pour elle.

A certains moments de la représentation, on semble interrompu par des notes d’un violoncelle qui jouait inlassablement… « MISTERIOSO », ce qui ne manquera pas de susciter l’énervement au sein du groupe.

Chacune passera au devant de la scène de façon itérative, parfois sous l’intumescence d’une colère rétive, parfois d’une griserie exaltante : « Quelqu’un connait la fille qui n’arrête pas de jouer cette musique à fendre l’âme du silence ?/ J’ai eu une enfance plutôt belle, une enfance heureuse même, de tendresse, d’amour…/ J’aime les hommes au corps lisse comme le requin… » Après près de deux heures de spectacle, Solëima rejoindra les neuf filles (Clémentine Abena Ahanda, Jeanne Mbenti, Marlyse Menye,Edith Nana Tchuinang, Charlotte Ntamack, Hermine Yollo, Nicaise Magloire Wegang, Meli Doris et Becky Beh) qui sombreront sous un tonnerre d’applaudissement, certainement satisfaites de leur prestation.

Solëima Arabi : C’est une réussite.

Je suis très émue ; MISTERIOSO-119 je l’ai depuis très longtemps et j’ai toujours eu envie de le montrer, seulement il me manquait les énergies pour le faire. Aujourd’hui grâce à ces filles, que je trouve très belles et dont j’ai fait la rencontre ici à Yaoundé, j’ai pu réaliser ce challenge qui est en fait mon troisième, en tant que metteur en scène. C’est une réussite, et je pense que nous allons continuer à le faire, à dire des choses sales (rire) et à parler d’amour.

François Bingono Bingono : C’est une créativité artistique qui va dans le sens du « sans limite ».

Nous venons d’assister à une représentation qui repose sur les bases de ce qui a été appelé « le texte de l’absurde », c’est-à-dire un texte de non-texte, un texte qui ne s’impose pas par sa logique mais tout simplement par la beauté phonique des mots. J’avoue que j’ai hautement apprécié cette mise en scène essentiellement féminine, laquelle a très bien épousé le sens du texte, je veux dire…, on a l’impression que ça va dans tous les sens, mais c’est justement l’esprit avant-gardiste de l’absurde. C’est une créativité artistique qui va dans le sens du « sans limite ».

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