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Germaine acogny : « je danse depuis 49 ans Et ma première école a été créée en 1968…»

Mère de deux enfants dont un garçon aujourd’hui Docteur en Art de spectacle et une fille fonctionnaire internationale aux Nations Unies, Germaine Acogny nous donne là la leçon d’une combattante qui n’avait pour seules armes la passion et la détermination. 

Bonjour Germaine Acogny, Nous allons amorcer avec ton spectacle de Mercredi 18 juillet dernier à l’IFC de Yaoundé, « Sangook Yaakaar », dis-nous, comment as-tu senti le public ?

Je vais vous avouer un truc, j’ai toujours le trac quand il s’agit de jouer devant autant de monde (rire). Et là, de voir un public plus qu’africain… il y avait des blancs, des étudiants et tout…, j’ai été un tout petit peu intimidée (rire). Mais une fois que j’ai foulé la scène, j’ai immédiatement senti l’adhésion du public, sa sympathie et mon émotion a été plus grande encore lorsque j’ai fini d’exécuter la dernière danse ; il eu un silence, puis les gens ont applaudi, c’était pour moi quelque chose de tellement profond. 

Et quand on entend « Sangook Yaakaar », quelle est l’histoire qui se cache derrière ?

Sangook Yaakar parce que pour enlever les tensions entre les familles, la politique ou tout ce que vous voulez… j’ai choisi le procédé de la plaisanterie pour dire ce que je pense et j’y parle d’affronter l’espoir… je m’explique, les jeunes africains, les jeunes sénégalais en particulier qui prennent la pirogue et affrontent plusieurs éléments pour aller chercher les miettes en Europe qu’on leurs refuse d’ailleurs, alors qu’ici les multinationales prennent tout ce que nous avons. 

Il faut rappeler que tu es un sexagénaire, tu as 68 ans déjà et beaucoup s’étonnent de ta forte présence encore sur de grandes scènes ; quel est le secret d’une telle endurance ?

Je vais vous surprendre, quand j’étais toute jeune, je ne faisais pas trop d’efforts et je ne travaillais pas beaucoup mon corps. J’ai été très chanceuse sur ce point là et j’estime que quand on a un don, c’est un péché que de ne pas l’exploiter. 

Donc tu ne préparais pas assez tes spectacles à ce moment là ?

Oui, il m’arrivait même de faire trois mois sans préparation physique avant un spectacle. Mais plus j’avance en âge et plus je travaille ; ce qui fait que tous les matins je me lève à 6h30, je fais mes exercices d’étirements et des exercices sur ma technique de danse. J’ai aussi la chance que mon mari et moi avons crée un village de danse à « l’école des sables », dans lequel nous avons maintenu les pierres et roches pour garder cette énergie naturelle dont nous avons besoin et nous avons en face une lagune et la mer. Donc après ces exercices dont je vous parlais tantôt, je marche pendant une heure et quart au bord de la mer, puis je médite pendant 20 minutes. Ce n’est qu’après tout cela que je peux commencer ma journée. Plutard dans la nuit, à un moment je demande à ce qu’on me laisse seule, pour que je me livre à la préparation d’un éventuel spectacle, ainsi que de mon corps. Donc le secret c’est d’avoir la foi, d’être passionnée, aimer ce que l’on fait et aussi l’entraide. Car pour créer ce centre dont je vous parlais, j’ai dû vendre mon appartement que j’avais à Paris et mon mari y a mis une bonne partie de l’héritage de ses parents. Après avoir mis en place la première compagnie « Jant-Bi », nous avons fait une tournée et une fondation américaine (Art 651 International) nous a apporté un soutient financier, ainsi que la communauté européenne. 

Tu danses depuis combien d’années déjà ?

Je dois tout d’abord dire que j’ai commencé par le sport avant de prendre l’option danse à 19 ans jusqu’aujourd’hui. Donc je danse depuis 49 ans. Et ma première école de danse a été créée en 1968, pour vous dire que c’est un très long processus, on n’a pas tout de suite eu de l’argent. 

Tu exposes fièrement une coupe depuis 5 ans aujourd’hui, ton crâne chauve…, est-ce un choix personnel ou il y a une signification toute autre ?

Au début je me tressais comme toute femme, mais je cherchais encore ma personnalité. Alors arrivée à un certain âge, j’ai voulu adopter le crâne chauve ; bien sûr, mon mari n’était pas du tout d’accord et j’ai eu du mal à le convaincre. Seulement, à un moment, j’ai commencé à avoir des chutes de cheveux au niveau du haut du front et je lui ai dit « chéri regardes ce n’est pas beau à voir ». C’est comme ça qu’il a fini par céder, puis s’y est habitué à mesure que le temps passe. 

Combien de temps faut-il pour monter une pièce comme « Sangook Yaakaar » ?

Ça m’a pris 5 ans, partant de l’idée à la réalisation ; il est à noter aussi que c’est extrêmement coûteux de monter une pièce comme celle-là, ou même une pièce tout court. Il faut réunir tout un ensemble d’éléments qui sont les textes, la musique, les costumes, la création vidéo, la création lumière, la chorégraphie la mise en scène… c’est vraiment un travail énorme. 

Jusqu’où comptes-tu aller, ou plutôt quand comptes-tu d’arrêter ?

Tant que j’aurais l’énergie, je continuerai à danser. Et même si je ne me rends pas compte qu’il faille m’arrêter, mon mari ou mes enfants vont me convaincre de le faire, un jour. 

Il faut reconnaitre que grâce à ton art, tu as su élever tes deux enfants qui aujourd’hui s’en sortent plutôt bien…

Oui (rire) et j’en suis très fière d’être une danseuse et élever ses enfants n’a jamais été facile, mais aujourd’hui je suis fière de dire que le garçon est Docteur en Art de spectacles et la fille fonctionnaire internationale aux Nations Unies. 

Germaine Acogny, merci et bon séjour au Cameroun.

C’est moi qui vous remercie.

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