A la uneCamerounComédie & HumourInsideInterview

Tchop Tchop: “on peut retarder un talent, mais pas l’empêcher d’exploser…”

Comédien à la base, puis animateur radio pour ensuite embrasser une carrière de présentateur TV qui serait même bien partie, Tchop Tchop est aujourd’hui une figure qui incarne ce qu’on l’on pourrait qualifier de « Rêve Camerounais ». Toujours souriant et doté d’une humilité à tout égard, l’homme du showbiz (Manager d’artistes) ne s’est pas fait prier pour nous ouvrir les portes de son jardin secret. Il répond à nos questions.

Bonsoir Président Tchop, c’est un plaisir de t’avoir sur culturebene.com

Bonsoir à vous, très honoré de répondre à vos questions.

On t’a beaucoup connu dans la comédie et aujourd’hui tu es l’un des présentateurs télé les plus en vue au Cameroun…, qu’est qui s’est passé entre ces deux époques ? L’évolution a-t-elle été rapide selon toi…, parce qu’il faut reconnaitre que tu viens de loin ?

Beh…, je ne parlerai pas d’une évolution rapide, je dirais plutôt que c’est une évolution normale. Effectivement je viens de très loin comme vous l’avez dit, donc dire que des étapes et échelons j’en ai franchi et j’ai pris le temps d’observer, d’apprendre et d’avancer avec les autres. Donc ce qui arrive aujourd’hui n’est que la conséquence du travail abattu plus tôt, plus jeune. Mais je ne compte pas m’arrêter là, je continuerai à travailler dur pour aller encore plus loin.

Pensais-tu à l’époque où tu n’étais que comédien, devenir le président Tchop Tchop d’aujourd’hui, comme t’ont surnommé ceux qui t’adulent ?

C’était mon rêve, mais je ne pouvais pas imaginer qu’un jour il se réaliserait. Aujourd’hui une partie de ce rêve se réalise grâce à Dieu, parce que c’est lui qui donne tout, c’est le tout puissant. Vous dire que je savais en avance que tout cela devait arriver, serait vous mentir ; c’est Dieu qui l’a voulu ainsi.

Aujourd’hui l’audience est là, avec Jambo Tv tu as véritablement posé tes marques et le public est conquis…, mais pour arriver à ce stade forcement tu as croisé pas mal d’obstacles ; peux-tu les partager avec nous ?

Vous savez, évoluer dans un pays comme le nôtre, c’est très très difficile et cela est dû au fait que nous n’ayons suffisamment pas de structures d’encadrement ou de formation. Conséquence, tu es appelé à te battre tout seul, à faire ton chemin tout du moins à te frayer une voie. Pour vous dire qu’il y a énormément de difficultés, je ne saurais les citer toutes.  La seule consolation c’est qu’à un moment donné on s’arrête et on constate quand-même qu’on a parcouru un bout de chemin ; alors on se dit : « tiens je n’ai pas passé tout mon temps pour rien dans les couloirs du métier ». Donc les difficultés, franchement il y en a eu énormément, mais je préfère retenir les bonnes choses qui arrivent.

Tu sembles décidé à garder pour toi ces difficultés…

Rire. Ecoutez, si je vous raconte mes débuts, ça risque décourager tous ces jeunes qui me liront sur votre site. Ils vont certainement se dire : « si c’est comme ça qu’on souffre pour arriver à ça, franchement…, peut-être qu’il a réussi à l’époque mais aujourd’hui est-ce encore possible ? » mais le plus important c’est dire, l’impossible n’existe pas ; l’impossible c’est soi-même, quand on ne veut pas avancer ou quand on doute de soi. Il y a eu les moments où j’avais l’impression que tout me tombait sur la tête. C’était pas du tout facile, je me rappelle des fois quand il fallait se  produire dans des villages et qu’on faisait confiance à des promoteurs véreux et bien c’est derrière un pick up qu’on se trouvait sous la pluie battante, pour regagner la ville sans un sou en poche abandonné parfois dans des chambres d’hôtels impayés… je pense aussi que c’est ça qui nous a forgé, qui nous a cultivé, toutes ces expériences nous ont été bénéfiques.

Il est à noter également que tu es un accompagnateur de jeunes, encadreur serait même le mot…, comment des jeunes tels que Kletus, Laura Dave ou encore Kelly White se retrouvent à tes côtés ? Cela viendrait-il d’un choix personnel ?

Il n’y a eu aucun critère de sélection, cela vient à la base d’un talent qui se démarque. Je n’ai jamais organisé un casting pour prendre quelqu’un à Jambo, c’est mon intuition qui me parle ; Kelly Blanche qui est là aujourd’hui, c’est quelqu’un que je connais avant même la création de Jambo Tv. C’est la toute première personne à qui je parle du projet Jambo Tv. C’est la toute première personne à qui je parle du projet Jambo Radio et Jambo Radio et qui travaillait à l’époque dans une radio alors que moi je ne travaillais même pas encore à la radio. Mais tellement je la trouvais dynamique, je me disais : « tiens, cette fille est très brave, il faut que je lui parle du projet. » alors je la rencontre et lui demande de me donner un coup de main, elle me dit : « mais, je n’ai plus rien à t’apporter, ton projet est là, bien ficelé… » Plus tard, quand je lance enfin l’émission, j’écoute une voix limpide, pleine de charme et dynamique sur la radio Nostalgie et je me suis immédiatement dit que cette jeune fille avait quelque chose à prouver. Alors j’en parle à un ami, puis un jour, lors d’un concert au collège de la salle si mes souvenirs sont exacts, je demande à ce qu’on me mette en contact avec elle car je souhaite travailler avec elle et cette fille c’est Laura Dave. Pour ce qui est Klétus, cela remonte de l’époque où je bossais encore à la radio Equinoxe à Douala, c’était l’un de mes auditeurs et ses points de vue lors de ses différentes interventions étaient si durs qu’il me marqua très vite. Cette émission s’intitulait « vide ton sac », je l’ai créé parce que j’avais compris que les camerounais avaient beaucoup à dire, mais manquaient de tribune pour s’exprimer. Alors avec « vide ton sac », les auditeurs avaient leur espace dans lequel ils pouvaient décharger leur colère, dire ce qui ne va pas autour d’eux, histoire d’entendre les autres leurs proposer des solutions.

Et donc là, tu fais venir Klétus à l’émission, c’est ça ?

Comme je le disais plus haut, Klétus avait des points de vue très pertinents et il me tardait de le rencontrer personnellement. Seulement, le jour où on est censé se voir, il se pointe au rendez-vous avec 10min de retard et moi je m’étais déjà déplacé. Quand je le rappelle, il était furieux et m’a vidé son cœur (rire), comme quoi il est parti de Tiko pour me rencontrer et je ne suis pas foutu d’être là et tout ; il a fini par comprendre que c’est lui qui était en retard, puis les choses se sont arrangées par la suite. Alors je lui propose de passer tous les dimanches faire de l’humour à la radio avec moi…, et on ne s’est plus jamais quitté ; d’ailleurs c’est moi qui lui donne le nom Klétus, son vrai nom est Moses Edjanwé donc je n’ai jamais cherché à savoir d’où il venait, qui était son père…, tout ce qui m’importe c’est la vérité du talent ; on peut retarder un talent, mais pas l’empêcher d’exploser.

On se souvient qu’avec la comédie, tu t’étais même essayé à la musique, ces deux amours restent à l’ordre du jour ou sont-ils tout simplement restés derrière-toi ?

Non, pas du tout ; je continue à m’amuser à la radio tous les dimanches, j’écris des sketchs… je vais même revenir sur la scène, j’y travaille avec mes amis Eshu et Major Assé. Avec eux on travaille sur mon comeback scénique que je veux vraiment à la dimension des attentes du public, parce que je ne veux pas décevoir mon public.

Tu étais l’un des membres du jury du castel live comédie certainement on t’a confié ce rôle par reconnaissance à tout ce que tu as accompli jusqu’ici… selon toi, comment se porte la scène comique au Cameroun ?

Les choses sont plutôt en bonne évolution, il y a davantage de bons comédiens au Cameroun, mais la seule chose que je déplore c’est l’amateurisme qui commence à prendre une certaine ampleur dans le secteur de la comédie. On a de bons comédiens, ça c’est indéniable, seulement ils sont mal encadrés, il y a des gens qui les sollicitent pour des films et pour plein de choses alors qu’ils n’ont pas pour la plupart l’étoffe pour.

Faudrait-il penser à créer un grand nombre d’écoles pour comédiens ?

L’école n’est pas tout…, il est vrai que l’école est importante, là je pense à ma nièce Selavie New Way qui est entrée dans une école de Stand Up en France aujourd’hui, mais malheureusement ces écoles ne sont pas à notre portée, de plus au Cameroun on pense d’abord à gagner de l’argent pour la famille ou pour  se fixer que de parfaire ce que l’on sait faire au travers d’une formation. On cherche d’abord à manger, parce que la vie est dure. Alors quand tu vis dans une famille et que tu es comédien ou humoriste, on te regarde bizarrement en se demandant quand est-ce tu gagneras de l’argent pour leur acheter une voiture ou construire une maison comme le font les footballeurs. Ce qui fait que notre combat aujourd’hui c’est d’amener les jeunes à rêver, à comprendre qu’avec ce métier on peut gagner sa vie ; moi je gagne bien la mienne grâce à la comédie, je suis animateur radio, présentateur télé, je me suis fait une place dans la société et on me respecte pour ce que je j’ai fait.

Commentaires

0 commentaires

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux:

📸 INSTAGRAM: https://instagram.com/culturebeneofficiel
🌐 FACEBOOK: https://www.facebook.com/culturebene
🐤 TWITTER: https://twitter.com/culturebene
📩 EMAIL: culturebene@declikgroup.com
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page