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Aimée Patricia Mavoungou : « Je n’ai pas de regrets dans mon parcours… »

Bonjour, Aimée Patricia Mavoungou, cette grande dame de culture qu’on ne présente plus dans l’univers du théâtre africain. Pour les moins avertis du milieu artistique africain, qui est Aimée Patricia Mavoungou?

Je suis de nationalité congolaise, Directrice de la compagnie théâtrale Bivélas et du festival  les « Journées théâtrales en compagne » (Jouthec). Je suis par ailleurs Régisseur  lumière plateau et scénographe.

Quand as-tu atterri au théâtre? Comment? Et surtout pourquoi?

J’ai atterri au théâtre en 1993 ; j’étais dans la troupe du lycée où je faisais de la poésie. Et c’est une sœur à moi Bouma Frida (paix à son âme)   qui m’amène au théâtre. Elle était dans Ponta Négra(professionnelle) et me met dans la troupe Bivélas (amateur).

Quels sont les obstacles que Patricia Mavoungou a-t-elle bravés pour s’imposer dans le théâtre africain?

Les obstacles que j’ai bravés pour m’imposer au théâtre africain… je n’en ai pas eu trop au niveau du théâtre mais plutôt dans la régie. J’ai eu une bonne formation dans la compagnie Bivélas avec le metteur en scène  Jean Pierre Makosso ; après  son départ pour le Canada, Pierre Claver prend la relève. C’est après mon opération de la gorge que j’ai eu des problèmes avec les metteurs en scène ;  mais je me suis  quand même en sortie. Avec ma petite voie, j’ai décroché un bon rôle dans le tigre bleu de l’Euphrate.

Quels sont les meilleurs souvenirs retiens-tu de ton parcours dans la culture?

La fête de la musique … Les meilleurs souvenirs, ils sont nombreux : la tournée avec « Le Tigre bleu », après ma première formation à la régie avec Jacob Bamogo  au festival Racine au Benin j’étais la responsable d’un site et après ce festival j’étais directement partie à Ouaga pour le FITMO…

Après un si long parcours, as-tu aussi des regrets?

Je n’ai  pas de regrets dans mon parcours.  Je me dis que je n’ai pas encore atteint la moitié de mon parcours. Quelque chose me manque, je ne sais pas quoi.

Tu es connue en Afrique et au-delà, en tant que régisseur de spectacles; la seule femme en Afrique; du moins dans le milieu professionnel. Qu’est-ce que cela te fait aujourd’hui?

Cela me fait très mal de me retrouver seule au milieu des hommes. Au début j’étais avec Sandrine Zobo et je crois deux stagiaires  Kinoise (de Kinshasa). On était en Tunisie, on s’est retrouvé si j’ai bonne mémoire quatre filles de l’Afrique de l’ouest, une fille de l’Afrique centrale, une de la Tunisie. Aujourd’hui, je me demande si elles sont toujours à la régie.

D’autres femmes ont déserté la régie, mais toi, infatigable, as fini par recevoir de tous les artistes qui te côtoient et qui aiment ton travail, le surnom de "Régisseur". Quel est ton secret?

Je n’ai pas de secrets ;  le problème  c’est d’être d’abord encouragée  et soutenue par les membres de sa compagnie, avoir confiance en soi, donner l’importance, la valeur et le temps à son travail. Or la plupart de femmes accordent plus le temps et l’importance au foyer.

Pourquoi as-tu choisi la régie? Et comment on en est arrivé là?

Ce qui m’a amenée à la régie,  c’est l’état de ma santé, j’ai souffert des Amygdale.  Il me faillait une intervention chirurgicale ; donc je ne pouvais pas laisser la scène, j’ai marqué ma présence par la régie.  J’ai été soutenue et encouragée par les membres de ma compagnie, mais au début c’était compliqué pour m’imposer devant les hommes.

Tu es par ailleurs la Directrice du festival international Les Jouthec (Journées Théâtrales en Campagne, à Loango, près de Pointe-Noire) qui constituent un évènement majeur dans l’univers du théâtre africain; parle-nous de ce grand rendez-vous?

Créées en 1999 lors du 10ème anniversaire de la compagnie théâtrale, les journées théâtrales en campane (Jouthec) sont devenues un rendez-vous régulier. La compagnie Bivélas choisit les campagnes parce qu’elle a constaté que les spectateurs du milieu rural sont abandonnés. Les populations n’ont pas de distraction.  En plus, on note une  perte considérable de nos valeurs culturelles ; voilà autant de raisons qui ont  en permis la création des « journées théâtrale en campagne » pour relever ces défis dans nos campagnes.  Et aujourd’hui, on peut être fier parce que les objectifs sont atteints ; on a des troupes théâtrales dans certaines campagnes presque partout où les Jouthec sont passées. Les jeunes ont compris leur contribution dans les campagnes… nous somme à la 10ème édition qui se tiendra du 05 au 09decembre 2012  à Mvouti avec la participation de la France, de Haïti, du Cameroun, de la Cote d’’ivoire, du Niger, du Togo, du Benin et du Congo/Brazza. Plusieurs             activités seront menées : les formations, forum bilan des 10 ans d’existance du festival, les carrefours, rencontres professionnelles, le théâtre, conte, la danse.

Nous avons déjà la confirmation de la sous préfecture de Mvouti en hébergement, la restauration et  le transport  location.

Quelles sont tes ambitions aujourd’hui? 

Mes ambitions aujourd’hui : ouvrir un studio d’enregistrement, avoir du matériel de lumière. Je compte aussi implanter les Jouthec dans une campagne                                                             (siège du festival).

Quels sont selon toi, les grands défis qui interpellent le théâtre africain dans le contexte actuel?

Les artistes doivent se battre  pour montrer à nos dirigeants l’importance de la circulation terrestre à travers des tournées artistiques (création de routes pour permettre d’atteindre facilement les pays voisins). Par exemple si une compagnie pouvait faire une tournée par route arriver dans un pays avant ou au après son spectacle faire une conférence de presse en expliquant toutes les difficultés rencontrées en route, je crois bien cela va interpeller les autorités. Le problème  de financement est également l’un des défis majeurs pour le théâtre africain : il faut qu’on arrive à créer des activités productives en dehors du théâtre  afin de financer nos activités.

Aimée Patricia Mavoungou a-t-elle un modèle qui l’inspire?

Le modèle qui m’inspire est  JEAN PIERRE KINGANE. J’aimerais bien être comme lui demain.

Quel est ton dernier mot dans le cadre de cet entretien?

Mon dernier mot, je demande à toutes les femmes de culture, quelque soit leur âge ou  leur domaine culturel de ne pas baisser les bras. La forte présence masculine ne doit pas les influencer. Il faut que ces femmes aient d’abord  confiance en elles-mêmes.

Le site culturebene.com te remercie de ta disponibilité à satisfaire ses internautes et t’encourage à être toujours imaginative et dynamique pour un théâtre africain plus conquérant. 

Je vous remercie d’avoir pensé à moi pour cette interview.

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