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Ce que deviendra le Centre Culturel Français de Douala dès 2012

D’entrée de jeu comment doit-on vous appeler. Directrice du CCF de Douala ou directrice adjointe de l’institut français du Cameroun?
Techniquement pour l’instant, je suis directrice du CCF de Douala puisque le CCF meurt au 1er janvier 2012 grâce à la fusion des CCF de Yaoundé et de Douala avec une partie de l’action culturelle de l’ambassade. Tout ce monde fusionne au sein de l’institut français. Il y a un seul institut français, avec deux antennes, une à Douala et une à Yaoundé et à ce moment là je serais directrice adjointe de l’institut français du Cameroun.

Cela fait juste quelques jours que vous êtes à Douala, comment vous sentez vous ici?
Je suis à Douala depuis un peu plus de trois semaines exactement. Disons qu’il fait chaud et il pleut. Là aujourd’hui un peu moins, mais quand je suis arrivée il pleuvait tous les jours, mais je ne venais pas de très loin, j’arrivais de Yaoundé, la ville est différente, le climat, mais on est au Cameroun et puis je connaissais déjà un peu Douala quand même. 

Ce n’est plus qu’un secret de polichinelle, à partir du 1er janvier 2012 on ne parlera plus de CCF, mais d’institut français, qu’est ce que cela signifie exactement?
Le fait qu’on devienne institut français c’est le résultat d’une volonté politique nationale qui vient du ministère des affaires étrangères en France. Pour ceux qui ne le savent pas déjà, le CCF fait partie intégrante du ministère des affaires étrangères. Donc c’est un acteur de la politique de la France à l’étranger. Maintenant la création de l’institut français au niveau national en France était l’idée de donner une meilleure visibilité à la politique culturelle extérieure de la France. Vous savez que pour la télé on parle de l’audiovisuel extérieur, là c’est la politique culturelle. On est bien dans la politique, ce n’est pas la culture tout court. C’est un Etat qui essaie de marquer sa présence internationale en concurrence avec d’autres Etats et la France a cet avantage d’avoir l’un des réseaux culturels les plus développés dans le monde. Donc c’est un souci de rationalisation et de meilleure visibilité. Il y avait les CCF en France, dans biens d’autres pays, là on essaie de passer à ce que j’appellerai un « Soft power ». Donc de dire qu’on peut marquer sa présence dans le monde autrement que par les armes, l’action économique, on est dans l’influence culturelle et sociale même dans un sens. Ce changement ne peut pas se faire d’un seul coup. Il y a des pays en Afrique où cela a déjà eu lieu, au Sénégal, au Gabon, nous au Cameroun nous fusionnons en 2012. Les deux CCF ne seront plus des entités distinctes et nous allons essayer de travailler encore plus étroitement que nous ne le faisions déjà, pour mutualiser nos efforts et offrir une meilleure présence sur le plan culturelle. On va continuer à faire ce qu’on faisait avant, la diffusion de la culture française et le soutien à la culture camerounaise. Nous allons continuer à accueillir les artistes camerounais comme nous le faisions, mais nous allons essayer de nous recentrer un petit peu plus vers la diffusion de la culture français et francophone, la France étant comme vous le savez, un acteur important de la francophonie et un membre éminent de l’OIF.

Parmi les changements qu’apporte cette nouvelle dénomination, notamment pour Douala, vous avez laissé entendre qu’un accent particulier sera mis sur le volet « éducation ». Expliquez nous!
Alors nous fusionnons, mais Douala n’est pas Yaoundé. Donc sur Douala nous avons décidé de développer de nouvelles activités pour aider à maintenir notre activité culture. Parce que même si l’institution est subventionnée, il nous faut aussi arriver à générer des fonds. Et pour les générer on peut le faire dans la culture c’est vrai, mais Douala est aussi une ville universitaire importante, avec environ 45 000 étudiants pour la seule Université de Douala, auxquels il faut ajouter les écoles privées, etc. Nous nous sommes dit, avec le concours de l’agence universitaire de la francophonie qu’il était possible de créer un campus numérique francophone ici à Douala, il y en existe trois au Cameroun, deux à Yaoundé et un à Ngaoundéré. C’est une occasion pour nous d’apporter toute cette offre universitaire à distance à destination des étudiants, de donner aussi la possibilité à des travailleurs de se former tout en restant au Cameroun. C’est-à-dire qu’ils ont accès à des diplômes dans les pays étrangers du nord comme du sud, ils ont les mêmes diplômes que celui qui suit ses cours dans un pays étranger. Nous allons servir d’opérateur, avec la tutelle de l’université de Douala, parce que nous ne sommes pas une université. Elle apporte sa caution, et nous nous offrons les locaux, nous diffusons l’information et peut être que dans l’avenir cette fonction de campus numérique sera transférée à l’université. Aussi, nous avons ouvert une antenne de Campus France qui fonctionne depuis trois semaines. C’est tout ce qui est autour de la mobilité des candidats des études en France. Il y a aussi des cours de langue, qui eux existent, mais de façon confidentielle depuis l’an dernier et là nous allons le développer en direction aussi des entreprises.

Quels sont les autres changements ou innovations dans le fonctionnement de la structure?
Oui au niveau de la bibliothèque. Ceux qui sont venus ces temps ci ont constaté que nous l’avons transporté à un seul étage avec la bibliothèque jeunesse. Et à peu près un tiers de l’espace va être consacré aux multimédias ou aux TIC. Avec des postes de consultations numériques et des postes de visionnage de DVD, parce que nous nous sommes doté d’une dvd-thèque composée de films et de documentaires et comme nous fusionnons avec Yaoundé nous allons aussi proposer le fond de Yaoundé. A nous deux on aura à peu près 2000 DVDs qui pourront être consultés à la demande par les adhérents. Par exemple un élève de terminale qui ne peut pas regarder un documentaire à la télé à la maison, il vient chez nous, à l’heure qui l’arrange pour suivre son documentaire. Nous créons un espace qui, je l’espère, sera très accueillant avec des fauteuils rembourrés, bref ça va être un espace de détente dans ce brouillant Douala. Nous avons aussi relancé le cinéma, tous les mercredis soir il y aura un film adulte, lequel est remis le vendredi soir, tous les quinze jours ce sera un film jeunesse et là toujours dans nos missions. C’est-à-dire qu’on va essayer de montrer des films grand public, du cinéma africain en partenariat avec écrans noirs. Ca nous permet de montrer aux gens qui ne vont jamais aux écrans noirs des films qui y sont projetés ou encore au Fespaco. On n’a pas vocation à montrer des boosters américains et surtout là on va essayer de mettre des films récents français. On a aussi un espace « cinéclub » pour les grands classiques du cinéma mondial, tous les pays. Dernière innovation qui elle est culturelle mais indirectement, nous allons créer une cafétéria au rez-de-chaussée. Mon ambition c’est que par exemple quelqu’un suit un débat à la télé sur un livre qui vient de sortir, fasse tout de suite le lien et se dit qu’il peut trouver ledit livre à l’institut français. Nous devenons donc une bibliothèque d’actualité, et pas que pour des livres français. Je voudrais que quelqu’un se dise par exemple « ah ce livre est cher, je peux aller l’emprunter à l’institut français et je peux aussi aller à une cafète qui me donne l’impression d’être en France». C’est ça l’idée. Pas comme un restaurant parce qu’il y en a pas mal à Douala, mais qu’on se sente en France avec par exemple des produits de pâtisserie française. On aura le Wifi pour les gens qui viendront avec leurs ordinateurs portables, plus ou moins gratuit, mais je pense que ce sera gratuit. L’idée c’est que les gens viennent et qu’ils se sentent bien. 

Beaucoup pensent que le CCF c’est pour une certaine classe, une élite, française notamment, qu’en dites-vous? 
Elitiste c’est un terme qui peut être positif ou négatif. Mais la majorité de nos adhérents ne sont pas français du tout. Donc les gens ont cette idée que c’est réservé aux expatriés mais ils ne sont pas si nombreux que ça. Justement nous on aimerait bien que les français aussi reviennent au CCF c’est pour cela que nous essayons d’augmenter l’offre de culture française. Mais cette offre de culture française est aussi et surtout pour les camerounais. Moi je ne vois pas l’intérêt de programmer par exemple Sergeo Polo au CCF. Quelqu’un qui veut écouter du Sergeo Polo peut aller l’écouter ailleurs, mais notre idée c’est d’apporter aux gens une culture qu’ils ne vont pas trouver ailleurs à Douala. Par contre quelqu’un comme Sergeo Polo, pour reprendre cet exemple, je peux le programmer au CCF, mais pour faire autre chose, par exemple juste avec une guitare parce que pour nous ça doit être très confidentiel, plus intimiste. Donc ce n’est pas pour une élite, c’est pour des gens qui ont envie d’écouter de la musique autrement, mais on ne peut pas concurrencer Douala Bercy… Nous avons 200 places et il faut qu’on fasse des choses qui correspondent à notre capacité. Par ailleurs, la France a beaucoup changé, elle est multiculturelle et c’est cela qu’on veut montrer aux gens. 

L’institut français tient-il compte du fait que le Cameroun est un pays bilingue ? Quelles sont les offres pour le public anglophone?
Pour l’instant malheureusement on va dire non, on n’a pas d’offre pour le public anglophone directement. Mais nous tenons compte de ce bilinguisme et aussi de multilinguisme du pays. C’est quelque chose qu’on va développer mais pour l’instant je ne peux pas vous en parler parce que ce n’est pas encore très clair. On a renforcé les cours de langue déjà parce que ça nous permet de ramener ici des gens qui ne sont pas francophones.

Vous êtes nouvelle à Douala, vous avez certainement un mot à l’endroit de la population qui vous accueille !
Ce serait un mot tout à fait modeste, parce que Douala est une ville énorme qui bouge de partout donc je crois que ma voix n’a pas beaucoup d’importance, mais ce que je dirais c’est que moi j’aimerais bien contribuer à faire disparaître cette idée préconçue que j’entends depuis que je suis ici, selon laquelle, à Douala personne ne s’intéresse à la culture. Je suis fondamentalement persuadée que c’est faux. On ne peut pas dire d’une société humaine qu’elle ne s’intéresse pas à la culture, d’ailleurs Douala produit déjà une culture. Dire que les gens ne sont pas des consommateurs culturels, peut être. Mais je voudrais au bout de quelques temps faire disparaître ce cliché.

Source : journalducameroun.com

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