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Les artistes africains chantent pour soutenir l’agriculture

Encore une fois, les artistes africains sont sur le pont. Après avoir chanté contre la guerre, la famine, le fondamentalisme, les voilà mobilisés pour promouvoir cette fois l’agriculture. Ils s’appellent Tiken Jah Fakoly, Femi Kuti, Rachid, Wax Dey, Fally Ipupa, etc. 19 des plus grandes stars de la musique urbaine africaine ont décidé de conjuguer leurs voix pour participer à la transformation de l’image de l’agriculture sur le continent.
Cocoa ‘na Chocolate, leur chanson au calibre de tube évident, et chantée dans 10 langues différentes, raconte à travers l’aventure des fèves de cacao, les différentes étapes de la transformation des productions agricoles. Cette chanson qui est en train de se frayer une place sur les ondes africaines depuis son lancement le 31 mars, saura-t-elle rendre « l’agriculture attractive et tendance » aux yeux de la jeunesse africaine ?
Telle est la question que se pose l’organisation non gouvernementale ONE, cofondée par le chanteur irlandais Bono, à l’origine de l’initiative. « Les chanteurs sont des modèles dans nos sociétés, explique Elisa Desbordes-Cissé, responsable des partenariats francophones chez ONE. Nous pensons qu’à travers la chanson nous réussirons à valoriser l’agriculture, trop souvent perçue, comme un secteur traditionnel et peu rentable. »
L’agriculture paie
Aux bureaux Afrique de ONE, on travaille sur la mise en place de cette campagne depuis plusieurs mois. Profitant de la proclamation par l’Union africaine de l’année 2014 comme « année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire » , ONE a lancé en janvier le premier volet de son opération : « Do Agric. L’agriculture, ça paye ». Sa cible : les décideurs politiques nationaux.
S’appuyant sur le rapport qu’elle a publié à cette occasion, intitulé :  « Prêts au changement : la promesse de la transformation agricole de l’Afrique », elle a pointé du doigt le sous-investissement dans le secteur agricole et a appelé les gouvernements africains à porter à 10% la part de leurs budgets consacrée à l’agriculture. « C’était d’ailleurs l’engagement qui avait été pris par les Etats africains au sommet de l’Union africaine de Maputo en 2003 », rappelle Elisa Desbordes-Cissé. « Seulement 8 pays sur 53 ont respecté ces engagements », ajoute-t-elle.
Le rapport de ONE d’une soixantaine de pages consacré à l’agriculture africaine revient plus longuement sur le potentiel de ce secteur. Citant les experts de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le docteur Sipho Mayo, directrice du bureau Afrique de ONE, indique que « la croissance agricole en Afrique subsaharienne contribue 11 fois plus à la réduction de la pauvreté que celle des autres secteurs comme les services publics et le secteur minier ». C’est bien la preuve que l’agriculture paye. Riche en tableaux et statistiques, le rapport appelle les Etats africains à mettre en œuvre des réformes de fond, à l’instar de ce qu’ont fait avant eux d’autres pays tels que la Chine, le Vietnam ou le Brésil. Avec un certain succès, faut-il le rappeler ?
« Tendance et rentable »
Le lancement de la chanson et d’un clip vidéo réalisé en collaboration avec des artistes et interprètes en provenance de 11 pays différents constitue le second volet de la campagne de ONE pour la promotion de l’agriculture. Cette partie de la campagne s’adresse avant tout à la jeunesse africaine qui hésite à s’engager dans le secteur agricole à cause de sa vétusté et son manque de perspectives. Les artistes leur disent à travers leur chanson que l’agriculture a aussi des aspects modernes et qu’elle est surtout créatrice d’emplois, dont les jeunes africains ont tant besoin. Ainsi, si pour l’artiste nigérian D’banj, l’agriculture est « tendance et rentable », elle est pour Tiken Jah Fakoly un pilier majeur de cette « mangecratie » que le très populaire chanteur ivoirien appelle de tous ses vœux.
Morale de l’histoire : l’agriculture a payé, paie et paiera, à condition que les Etats africains investissent davantage dans ce secteur. ONE compte sur les jeunes Africains pour faire pression sur leurs dirigeants pour qu’ils honorent enfin leurs engagements dans ce domaine.
Source : Tirthankar Chanda / rfi.fr

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