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Trésor Mvoula : « Dans mon « Coffre-Fort », je n’ai gardé que des belles mélodies »

 La rencontre avec celui qui impose la musique made in Congo depuis une année déjà, a eu lieu à l’hôtel Tou’ngou qui l’a invité, à l’occasion de l’anniversaire de son Night Club, le 08 décembre. C’est grâce à ses cartons successifs « Tchoko Tchoko », « Vieux Thomas » et « Etoko » que le trentenaire swing délicatement dans la fosse aux futurs géants de la musique africaine. L’identité perceptible dans son style, il renvoie dans une journée normale, cette image de monsieur tout le monde. Car à la terrasse dudit hôtel, M. Neil Trésor Bouya Itambala accueille tous ses visiteurs avec un sourire tellement humble qu’on dirait qu’il s’excuse, vêtu d’une chemise et une culotte jeans et une paire de basket mais sans sa paire de lunette de soleil malgré les rayons s’imposant à l’instant. Des élèves, des fans, des journalistes, chacun à son tour décroche un autographe, une photo, un échange. L’entretien avec Trésor Mvoula s’est déroulé comme une causerie amicale. Entre les deux Congo, il est un des fils du Congo-Brazza. Epaulé par l’expérience de ses ainés, le talentueux artiste étale ici, les ficelles de ce succès étincelant, et le contenu de son nouvel album « Coffre Fort » sorti le 30 septembre dernier.

Salut Trésor, bienvenue au Cameroun !

Merci !

Tu es le souffle palpable de la musique made in Congo aujourd’hui et  ça fait pratiquement un an que tu tournes, tu vas de succès en succès. On aimerait savoir comment se sont passés tes débuts dans la musique ?

Euuuh ! Mes débuts, c’est un peu difficile. J’ai commencé dans la rue, dans le ghetto ! C’était en 1995-96 comme ça. En 2000, j’ai fait un groupe de chez nous après la dislocation du  grand groupe Extra Musica. Il y’a eu les autres qui ont créé Z1 International qu’on appelle Extra Musica International. J’ai intégré le groupe mais je n’ai fait que six mois. Et puis, en 2002, j’ai intégré maintenant le groupe Patrouille des Stars. C’est dans Patrouille des Stars que tous les Congolais m’ont connu maintenant quoi ! Voilà, dans Patrouille des Stars, j’ai fait 5 ans. C’est en 2007 que j’ai quitté le groupe pour faire mon propre chemin.

Tu as un parcours plutôt chaotique. Tu es allé de groupe en groupe. Mais Trésor qu’est-ce qui t’a marqué à chaque fois que tu as intégré un groupe un groupe ou quand tu as quitté un autre ?

Non mais, je sais que dans chaque groupe, j’ai appris quelque chose. Dans Z1, j’ai appris comment diriger un groupe et dans Patrouille des Stars, c’est là où mon esprit s’est plus ouvert.

C’est rare de voir un artiste qui sort de l’ordinaire et qui sort de loin aussi… on a « Tchoko Tchoko » qui a fait bouger l’Afrique et ça continue de le faire. Dis-nous Trésor quel est le sens de cette chanson d’après ta philosophie à toi ?

(rires) Tchoko Tchoko en fait, c’est un jeu de mots. C’est quand tu prends par exemple l’eau dans un verre, tu verses dans là dedans, le son qui sort là, ça fait Tchoko Tchoko… mais il y’a un ivoirien aussi qui m’avait dit que c’est un mot nouchi (argot ivoirien, NDLR). (rirs) En nouchi, ça veut dire tu veux ou tu veux pas, ça fait Tchoko Tchoko. (sourire).

Par contre, dans l’argot camerounais, Tchoko veut dire corruption et … !

Ah bon (rires). Tu vois donc…

Tu as commencé avec Tchoko Tchoko qui est rythme plutôt mixé entre les rythmes ivoiriens, le coupé-décalé et congolais en même temps, pourquoi cela ?

Parce que tu vois, sur le plan international, le Ndombolo a pris un peu du retrait quoi. J’ai voulu mixé les deux styles, parce qu’en fait le coupé-décalé, c’est le Ndombolo ! Ils ont pris le ndombolo, ils ont mis de la vitesse, ils ont accéléré seulement les battements et tout ! Ils ont pris leur Lingala mal parlé là… Donc, ce n’est pas dans le mauvais sens que  j’ai voulu montré aux ivoiriens que le rythme vous jouez là, c’est notre rythme quoi ! Et, j’ai mélangé les deux rythmes : l’original du ndombolo et la photocopie du ndombolo qui est le coupé décalé (rires) ! Et ça a donné ce que ça a donné quoi. Aujourd’hui ça cartonne au niveau de la Côte d’Ivoire, Libreville, Yaoundé, Douala, Ouaga, n’en parlons plus Paris.

Et tu as continué avec « Vieux Thomas », qui est assez comique au tout début d’ailleurs. Peux-tu nous donner le sens profond de cette chanson là ?

Le premier message d’abord, je dis aux jeunes d’aller à l’école parce que c’est très important. L’école, c’est la base de notre vie. Aujourd’hui, même si tu ne te retrouves pas au bureau, même si tu es menuisier, l’école va te rattraper toujours. Tu vas aller quelque part faire un boulot, on te demande de faire un devis ; ça demande l’école, tu comprends ! C’est pour cela que je lance un appel à tous les jeunes d’aller à l’école, l’école c’est très important. Voilà, c’était le premier message. Et le second, c’était de dire aux jeunes de ne pas trop rêver dans la vie. L’homme doit se battre, il faut se chercher dans la vie. Faut pas être rêveur, faut pas être paresseux au fait quoi. L’histoire, c’est un vieux, un vieux de mon quartier, Vieux Thomas, qui a déjà atteint l’âge 50 ans. Mais il vit toujours chez ses parents, il ne fout rien ! Il n’a jamais été à l’école, son rêve c’est de devenir un jour ministre. (rires) tu vois le contraste. Donc il passe son temps à jouer au poker avec les petits ; à critiquer les politiciens ! c’est ça le message normalement ! Même ici au Cameroun, il y’a des « Vieux Thomas » !

C’est assez touchant et poignant en même temps ce que tu dis. Mais on voudrait savoir pourquoi est-ce que tu as enchaîné avec un style plutôt Rumba pure dans la chanson « Etoko »?

Oui, ça c’était pour montrer maintenant l’originalité de notre musique. Parce que  notre musique est basée par la Rumbe et le Ndombolo. Donc, quand tu fais un album, tu dois mélanger les deux styles. Soit tu es très fort en Ndombolo, soit tu es très fort en rumba. C’est les deux styles que tu règnes chez nous. Si tu fais un album rien que le Ndombolo, on te trouve incompétent donc, il faut faire les deux.  C’est pour ça que moi j’ai mixé. Le Ndombolo, « Tchoko Tchoko » a été 100% réussite et la Rumba aussi… Par exemple « Etoko » ça passe sur Trace et il y’a d’autres clips qui vont passer bientôt. « 10 secondes » ; « Lindalala » ; « Coffre Fort » ; « Amour en Excès » (rires).

Il y’a un son que tu as fait qui s’intitule « L’amour ou la Mort » ! Pourquoi ce titre ?

C’est mon album précédent « L’homme est encore vivant ». « L’amour ou la Mort » c’est une femme qui demande à son mari de lui donner l’amour, mais au lieu de lui donner l’amour, il lui donne la mort ! C’est pour cela que le titre s’intitule « Lamour ou la mort »… (sourire).

Tu as été produit par la maison de production DRTV. Comment ça s’est passé pour que tu intègres cette maison là ?

C’est moi suis allé frapper la porte de DRTV Production. J’ai présenté ma maquette, et le Directeur artistique a écouté ma maquette, il était très content, et voilà ça aboutit à un contrat.

On te sent très lié au Général Dabira et à Christian Ingani. Comment ça se passe avec eux ?

Ça se passe à merveille ! D’abord Christian Ingani, je peux dire que c’est mon Diego Kao c’est-à-dire l’homme qui a découvert l’embouchure du fleuve Congo.  C’est lui qui m’a pris dans le ghetto pour m’emmener dans le groupe Patrouille des Stars. Donc, j’ai un grand respect pour lui. Et actuellement c’est lui qui est mon manager. Ça se passe très bien avec eux. Le Général est content que son artiste est entrain d’émerveiller l’Afrique.

Maintenant ton album « Coffre Fort » est sorti depuis le 30 septembre 2013 et il est composé de 10 titres. Quelles sont les différents messages que tu y développes ?

Les messages d’amour, à la base d’amour pur, le vrai amour quoi (sourire) ; de travail…

Tu as travaillé pour cet album avec Roga Roga, Espé Bass, Freddy colby… Comment ça s’est passé avec ces ainés de la musique congolaise ?

Bèh Roga Roga c’est un grand, pour moi c’est un modèle. Je l’admire beaucoup. Quand j’ai eu l’idée, quand j’ai eu le contrat avec la DRTV pour réaliser l’album, je n’ai pas hésité à l’inviter pour participer à mon album et, il avait répondu vraiment sans problème à mon invitation. Il est venue il a joué trois titres. C’est lui qui a joué Tchoko Tchoko, Vieux Thomas et Amour en Excès. Roga Roga c’est un grand chez nous, il est le suprême, le « Seigneur » pour ne pas exagérer quoi ! (rires). Espé Bass aussi c’est un grand artiste. C’est lui qui a joué la guitare Bass de Vieux Thomas, Tchoko Tchoko et puis le deuxième générique Frappe à mort… ça c’est des grands que j’aime beaucoup. J’aime trop leur  touche et j’ai voulu qu’ils participent dans mon album. Freddy Colby c’est un ami de longue date, il était en voix de disparition, il faut le dire ! Parce qu’il ne marchait plus… Ça faisait au moins 6 ans 7ans, on ne le voyait plus à la télé, il ne chantait plus. Du coup, je me suis réveillé, j’ai voulu le récupérer et faire un truc avec lui. Et puis paf ! ça a donné ce que ça a donné. Aujourd’hui, on le cherche partout, en Côte d’Ivoire, partout partout…

Il y’a une petite question qui me taraude en même temps. A l’état civil, tu t’appelles Neil Trésor Bouya Itambala. Mais pourquoi avoir choisi « Mvoula » comme non d’artiste ?

(sourire) chez nous c’est comme ça ! Quand tu es artiste, tu dois chercher un nom pour te vendre… Parce que Itambala, ça ne pouvait pas me vendre. Itambala ça ne se vend pas ! Et Mvoula, c’est un peu commercial. C’est mon oncle qui m’a donné ce nom là, Mvoula. Mvoula chez nous c’est la pluie. Il m’a dit toi tu es la pluie ! Mais pourquoi je suis la pluie mais laisse tu comprendras ça un jour. Et après, il m’a dit la pluie c’est un phénomène bizarre. Jusqu’à présent, personne ne peut comprendre le phénomène de la pluie. C’est comme toi quoi, tu es un phénomène bizarre… (rires)

Pourquoi tu as intitulé ton album « Coffre Fort » ? C’est un condensé de trésors ou quoi ?

Ouais, « Coffre Fort » tout simplement parce que mon prénom c’est Trésor. Et, c’est dans coffre fort qu’on garde trésor quoi ! Dans mon « Coffre Fort », je n’ai gardé que des belles mélodies à mes fans.

Les deux Congo sont connus pour la sape, la bonne musique, comment est-ce que tu choisis tes parures, tes vêtements et tout ça ?

Bon, moi je ne mets pas trop dans la sape. Je ne me mets pas trop dans ces histoires là ! Moi, je suis un artiste. Un artiste, quand tu te mets dans les trucs là, tu vas vite t’embrouiller. Je peux monter un concert avec un simple t-shirt comme je vois mes ainés Youssou N’dour, il monte un concert avec un simple t-shirt, Lokua Kanza, c’est comme ça ! Un artiste, si tu te mets dans la sapologie, ce n’est pas trop bien. Mais, on doit être aussi propre (sourire). Il y’a des milieux où tu vas, tu te mets saper saper quoi ! hein (rires)

On t’a vu à la télé tu étais bien mis aussi.

(rires) il fallait montrer que je reviens du Congo… le prési Tchop Tchop est toujours sapé sapé et je savais que je serai reçu par lui…

Tu as fait l’université Marien N’Gouabi, c’était quelle filière pour quelles études ?

Euh, j’ai fait Sciences Eco hein pendant deux ans par faute de moyens parce que c’est ma mère qui finançait mes études. Après son décès, j’ai laissé les études parce qu’au niveau de l’université, c’est les moyens.

Trésor, quels sont tes idoles dans la musique Congolaise, Africaine, mondiale ?

J’en ai beaucoup hein. La liste est très longue. Je peux citer comme ça Koffi Olomidé, Roga Roga, Lokua Kanza, Graig David, euh J Cole, R Kelly, le défunt Madilu, etc. comme j’écoute aussi beaucoup P square, il y’a les P Square.

Depuis un an, on te voit partout avec tes titres tu cartonnes, et on te voit tout seul. Tu n’as pas de featuring que tu prépares ?

Ouais dans le futur, j’ai des featuring en vue, avec des stars africaines. (sourire)

Depuis ta venue au Cameroun, comment ça se passe ?

Ça se passe très (X5) bien quoi ! Je mesens comme si j’étais chez moi, je mange les plats qui me plaisent, sauf que je n’ai pas encore goûté le Ndolè (rires). Je n’ai pas encore goûté ça mais je vais goûter, parce que c’est comme si tu es allé au sénégal sans manger le Tchié Bou Djen ! (Souire). Ça se passe bien, on m’accueille bien. Partout où je passe, je suis aimé.

La préparation pour ton show au Cameroun ça n’a pas été compliqué à gérer ?

Non, non, non pas du tout !

Par le biais de qui ça s’est fait ?

Par Bertrand Lemix, parce que si je suis ici, c’est grâce à lui. J’ai donné ma confiance en lui. C’est lui mon manager, c’est lui que je peux dire qu’il a élaboré un grand travail ici pour ça. Donc, quand il m’a proposé qu’il y’a un ami Don King Trésor, qui veut t’inviter à l’occasion de l’anniversaire de sa boite, je n’ai pas hésité. J’ai posé seulement mes conditions. Ils ont rempli mes conditions et voilà, je suis là.

Trésor ton album coûte 10 000 FCfa au Congo et au Cameroun, ça coute combien ?

En fait, c’est moi qui est fait le con de ne pas emmener beaucoup d’exemplaires ! J’étais aussi un peu tiraillé avec… parce que je prépare un concert au niveau de Brazzaville le 12 décembre à l’IFC pour la présentation officielle de mon album. Dons, j’étais un peu embrouillé ! J’ai laissé les CD Afrique parce qu’il y’a deux versions ; le CD Europe et le CD Afrique. Le CD Afrique c’est le CD en carton et le CD Europe, c’est le CD en cristal ! Donc, je n’ai emmené que le CD en cristal qui est à 10 000 F Cfa. Je suis sûr qu’on va acheter ça parce que la façon que je suis aimé ici, je crois qu’on va acheter ça le 08 décembre au Night Club Tou’Ngou. Tu achète le CD, je signe l’autographe.

Mais Trésor pourquoi cette discrimination ? Pourquoi tu choisis de nous donner les Cd en carton et aux blancs tu donnes les Cd en cristal ?

Non mais c’est devenu à la mode ! parce qu’ici en Afrique, on souffre trop de la piraterie, il faut le dire. Le CD Afrique, ça nous permet de vendre ça moins cher pour casser la piraterie. Est-ce que tu vois ? Le CD Afrique s’est vendu seulement 1 000 FCfa. Hors le CD Europe c’est cher parce qu’emmener ça en Europe, ça coûte cher et avec les douanes… Du coup, on doit vendre ça un peu élevé.

Il y’a une habitude des artistes congolais. Dès qu’ils explosent, d’avoir un petit groupe et des animateurs comme ça se voit un peu dans Tchoko Tchoko dans Vieux Thomas. Est-ce que tu as un groupe, est-ce que tu as des animateurs autour de toi, qui sont juste avec toi ?

Si si si, j’ai un  groupe d’accompagnement qui n’a pas de nom, c’est un groupe que j’ai voulu faire sans nom ! Parce que le groupe avec le nom là, ça causait trop de problèmes chez nous. Il y’avait trop de dislocation. Et les producteurs ne veulent plus les groupes avec les noms… On aime les orchestres… Le style qui règne maintenant c’est un artiste avec son groupe d’accompagnement. J’ai un groupe d’accompagnement, avec 22 musiciens comme ça. Mais peut-être comme disent les Ouest Africains, inchAllah , peut-être que je viendrai ci avec un groupe pour un méga concert quoi ! C’est pour ça que je profite de lancer un appel aux sponsors, aux mécènes d’ici. Je suis prêt à jouer pour faire plaisir aux camerounais ici, surtout que je suis aimé ici. Vous pouvez me contacter par le numéro de mon manager seulement Bertrand Lemix.

Depuis le début de ta carrière, qu’est-ce qui t’a marqué profondément dans l’univers de la musique ?

Ce qui m’a marqué, c’est des voyages, parce que tu sais, les voyages, c’est important dans la vie d’un homme, d’une personne. Quand tu voyages, du coup tu découvres les autres horizons, les autres cultures, ça te fait grandir dans l’esprit quoi !

Un message à faire passer à tes fans qui sont de plus en plus nombreux dans le monde ?

Je leur dirai un grand merci pour leur soutien. Et je vais en profiter pour inviter encore tous les camerounais ce samedi, 08 décembre au Night Club Tou’ngou parce que ça sera chaud ! Je serai avec eux pour danser avec eux ; sur Tchoko Tchoko, Vieux Thomas, et le remix de Tchoko Tchoko spécialement pour les fêtes quoi ! Donc, venez nombreux et puis j’invite toute la communauté congolaise.

Merci pour ce large entretien et beaucoup de courage pour la suite de ta carrière.

Merci ! Que Dieu te bénisse.

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