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Chronique : « Il faut sauver la musique camerounaise »

Les artistes : Les premiers coupables.

Dissociant allègrement le fond de la forme, artistes et producteurs font la course au buzz, proposant des chansons décousus et sans identités. En panne d’inspiration, On veut faire comme… On veut créer des concepts, faire à tout prix la chanson de l’année. On ne prend pas la peine de maitriser ce que l’on fait. On chante le rap et on rappe le chant, on dénature le Bikutsi ou le Makossa afin de créer des mixtures sonores dites originales mais pas toujours agréables à l’oreille.

Choquer pour plaire, être vulgaire pour se faire voir, aujourd’hui certains artistes camerounais se spécialisent dans la musique qui blesse les mœurs. Ils se donnent à cœur joie quand il s’agit de magnifier la débauche, s’extasier sur tout ce qui est vulgaire et à aborder des sujets tabous avec aisance. On pousse le bouchon, on secoue les cocotiers, on aime les « wakas », il parait même que ça se lève dans la tanière… Tous les moyens, aussi sombres soient-ils, sont utilisés pour se positionner au sein de l’industrie. 

Le drame dans cette démarche artistique, c’est que pour la plupart de ces artistes aux « tubes-torchons », leur notoriété dépasse rarement les limites de leurs villes. Ils sont écoutés dans les débits de boissons, mais pas dans les maisons familiales. Les parents qui écoutent allègrement ces titres entre deux verres savent pertinemment qu’il faut absolument protéger leurs progénitures de ces massacres audiovisuels.

A côté de ce désastre qui n’honore véritablement pas la création artistique camerounaise, évolue une toute autre catégorie d’artistes comme Kareyce Fotso, Wilfried Etoundi, Blick Bassy, X Maleya, Macase, Patrick Djecky et bien d’autres. Des virtuoses de la musique ! Ils ne sont pas forcément très présents dans les médias mais représentent véritablement ce que le pays a de meilleur et qu’il faut sauver.Ils nous montrent par l’exemple qu’on peut produire de la très bonne musique sans forcément tremper dans la vulgarité à outrance.

En outre, afin de pallier à des déficits budgétaires, des artistes en quête de visibilité se rapprochent très souvent des animateurs radios qui deviennent pour l’occasion experts en communication culturelle et manager de circonstance. Exigeant parfois qu’on cite leurs noms dans les chansons (pour ne citer que ça), certains prétendent que ça fait vendre.Un périple hasardeux sur terrain trouble qui n’est pas toujours porteurs de bons fruits.

La responsabilité des médias

Selon la réglementation en vigueur au Cameroun, les médias locaux ont l’obligation de diffuser au moins 70% de contenu local. Malheureusement, c’est le contraire qui est observé car les stations de radios et de télévisions les plus suivis diffusent en longueur de journée des produits venus d’ailleurs. La raison évoquée çà et là, est que les artistes ne paient pas la promotion de leurs œuvres. Conséquences directes, ils programment des musiques congolaises, ivoiriennes, nigérianes, françaises et américaines. Au détriment des artistes locaux qui ne savent plus à quel saint se vouer. Colonisation musicale oblige, un jeune éprouve désormais plus d’intérêt à écouter Dj Arafat ou Fally Ipupa que de suivre Charlotte Dipanda. Il suffit de voir sa coiffure, sa tenue vestimentaire ou ses pas de danses préférés pour constater les dégâts.

En panne de visibilité, nos artistes pourtant talentueux, n’ont malheureusement pas l’éclat qu’ils méritent. Les stars c’est ceux-là, venus d’ailleurs qu’on écoute en rotation dans les médias. Le public maitrise mieux les textes de trois albums entiers de La Fouine, rappeur français, mais ignore même les refrains d’un titre phare de Krotal, une icône du mouvement hip hop au Cameroun. C’est grave ! 

Certains médias locaux qui montrent quand même leur envie de promouvoir les œuvres musicales camerounaises n’offrent véritablement pas d’espaces horaires réguliers et conséquents pour les artistes du pays. Bousculés entre les journaux, le sport et les séries, ils sont surtout contraints de pouvoir générer des revenus, car ils sont avant tout des stations de radios et/ou de télévisions commerciales. Alorspour intégrer une playlist, les enchères montent et dans la plupart des cas, seuls les plus offrant arrivent à être diffusé. Ainsi, les œuvres les plus représentatifs de la qualité et du génie créatif made inCameroon sont sacrifiées à l’autel du capitalisme.

Jambo TV sur Canal2 International (Télévision la plus regardée au Cameroun) et TAM TAM Weekend sur la CRTV (Télévision Nationale au Cameroun), longtemps considérés comme des plateformes incontournables de promotion des projets artistiques, car mobilisant un nombre non négligeable de téléspectateurs, s’avèrent être peu productifs voir quasiment inutiles pour un artiste et son œuvre. Car il suffit tout simplement de faire un bilan objectif sur le nombre d’artistes ayant choisis cette option durant l’année 2011 pour donner de l’élan à la promotion de leurs albums et faire une étude d’impact. Les conclusions sont certes dures, mais la réalité est là. Notons aussi que l’accès à ces émissions est onéreux pour rien. Je vous épargnerais les détails.

Face à cette difficulté, des artistes visent désormais les médias étrangers. Car il suffit de passer en rotation sur une chaine européenne et on saura que tu existes. Dès lors, les médias locaux s’empresseront de récupérer cette ébullition autour de ton titre et diffuserons gratuitement ton œuvre à leur tour.Des médias internationaux importants spécialisés proposent de diffuser les supports d’artistes africains gratuitement par le biais d’un casting extrêmement rigoureux. Malheureusement, ils sont nombreux à être rapidement désillusionnés par les contraintes liés au respect des standards internationaux en matière de sons et d’images.

La Presse Ecrite et l’outil Internet sont très souvent négligés et absents des plans de communication pourtant avec une cible non négligeable constituée d’un bon nombre de lecteurs et d’internautes réguliers pour certains, ils peuvent constituer une grande plateforme de visibilité. La génération Y (individus nés durant les années 80 et 90) qui est très branchée Internet et nouvelles technologies, est une cible très importante. Elle recherche les informations sur les artistes à travers les moteurs de recherche et télécharge la musique en ligne. S’adapter à leur mode de consommation est important.

Ayant un accès difficile aux médias, des artistes voudraient permettre que leurs œuvres puissent être disponibles au grand public. Mais comment faire ?

La distribution des supports : Un autre casse-tête !

La distribution au Cameroun est encore embryonnaire. Il n’existe pas un véritable réseau de distribution de produits musicaux ayant une couverture nationale. Le réseau de distribution d’œuvres originaux le plus étendu du pays s’appelle « Culture Mboa ». Malheureusement de nombreux problèmes de crédibilité se posent depuis quelques années quant à leurs relations avec les producteurs. A côté, ils existent des centaines de distributeurs indépendants mais qui ne bénéficient pas vraiment d’une bonne visibilité. De plus, les prix des œuvres musicales sont en inadéquation avec le pouvoir d’achat des ménages. Ce qui grippe rapidement l’industrie.

Pour être à tout prix disponible dans les chaumières, certains artistes n’hésitent pas aller vers les « Pirates »  afin que ceux-ci dupliquent et commercialisent leurs œuvres. Parait-il un moyen efficace de toucher le public. Mais hélas !

Quand les réseaux de distributions de supports piratés boycottent les œuvres locales…

Ils ont subi, pendant de nombreuses années, les foudres de nombreuses associations de protection des droits d’artistes et même du Ministère de la Culture. Aujourd’hui, ils ont décidé de ne plus distribuer les œuvres piratés des artistes camerounais. Pourtant des artistes comme Lady Ponce, Longuè Longuè, Daniel Mbaka, Valséro, Guy Watson et bien d’autres ont gagné en visibilité et en notoriété,probablement grâce à leurs réseaux de distribution. Ceux-ci ayant une proximité directe avec la population, ils ont rendu possible l’accessibilité de leurs œuvres à prix « Social », générant des emplois au passage et permettant à ces artistes non seulement de remplir les salles de spectacles mais aussi de faire des tournées.

Afin de protéger leurs petits commerces, ces « pirates » ne distribuent que des copies illicites d’albums étrangers à des prix imbattables. Ceci étant un canal important de pénétration de la culture étrangère sur le sol camerounais. Ainsi, il est plus facile de se procurer le dernier album d’un artiste étranger sorti il y a une semaine que d’avoir l’album d’un artiste camerounais sorti il y a trois mois.

La plupart des œuvres musicales camerounaises ne sont pas distribués légalement sur internet, ce qui rend difficile la visibilité de leurs œuvres à l’international.

Les Organisateurs de concerts : Les contraintes du showbiz.

Ils ne sont pas nombreux qui se sont spécialisés dans ce domaine. Le peu de professionnels qui y sont, font preuve d’une rigueur à toute épreuve car leur pérennité dans ce secteur d’activité en dépend. Les artistes camerounais, tout genre musical confondu, ont de la peine à remplir les salles de 300 places dans les deux principales villes du Cameroun à savoir Yaoundé et Douala. Afin de remplir les grands espaces, certains organisateurs de spectacles sont contraints de réunir une dizaine d’artistes majeurs du pays et s’attacher le soutien de sponsors majeurs pour ne pas produire des spectacles ou concerts à perte. Pour beaucoup, il est plus profitable de faire venir une star étrangère qui a lui seul déplace plus de 6000 personnes que de réunir 5 artistes locaux qui ne mobiliseront pas 3000 personnes. C’est un constat triste mais réel.

Alors comment vouloir demander à ces organisateurs de spectacles de faire tourner ces artistes camerounais à l’international alors que même au niveau national, ils ne suscitent aucun engouement réel ?

La part de responsabilité de l’Etat.

Face à cette dégringolade de la musique camerounaise sur le plan national et international, on se poserait naturellement la question de savoir le rôle de l’état face à une telle situation. Les rythmes tels que le Makossa, le Bikutsi, le Magambeu ou le Bend Skin, qui ont fait la fierté et la notoriété culturelle du Cameroun au-delà de nos frontières sont aux portes des oubliettes. Tronqués par diversmaux ci-dessus cités, l’urgence d’une implication du politique dans la résolution de la crise identitaire et de la visibilité de la musique camerounaise est plus que jamais sollicitée. La création de palais de la culture voir même une chaine nationale dédiée à la culture locale seraient les bienvenues.

La nécessité de professionnalisation du secteur culturel comme début de solution

Avec la mondialisation, la nécessité d’une mise à niveau des différentes composantes du tissu culturel camerounais est un fait incontournable. Afin de pouvoir se vendre au niveau national comme international, il est plus que jamais primordial d’être original, exigeant avec soit même, mais aussi savoir s’entourer d’une équipe. Producteur, manager, communicateur, agent, directeur artistique… sont des corps de métiers délicats rattachés à l’émergence d’un artiste.

De l’écriture des chansons au choix des musiques en passant par la préparation d’un plan de communication et une programmation stratégique des lieux et dates pour les tournées… tout doit être pensé et organisé au préalable.

Ne pas croire qu’avoir eu du succès il y a quelques années, est un acquis éternel pour tout retour au-devant de la scène. La réussite de chaque projet est un nouveau défi. Donc il est important de se réinventer chaque jour mais aussi de s’adapter aux nouvelles exigences du marché. L’exemple du groupe X Maleya, encadré par toute l’équipe d’Empire Company, devrait être pris comme cas d’école. Car malgré le succès retentissant de leur deuxième album « Exil » à travers des titres comme « Yélélé » ou « Ndolo », n’ont pas lésiné sur l’utilisation à outrance des moyens de communication disponible quand il était question de la sortie de leur récent album intitulé « Tous ensemble ». Aujourd’hui, les résultats sont ceux que l’on connait tous ! Plus de 70 000 CDs originaux vendus en 5 mois, des tournées internationales et une forte présence dans les tous les médias.

Comme partout ailleurs, les budgets injectés dans la communication sont en général supérieurs aux budgets de réalisation des albums. Et Il est clair que pour constituer une bonne équipe et communiquer selon les règles de l’art pour un artiste et son projet, cela coute cher.Dans ce cas, ne jamais oublier que quand on veut aller loin, on a l’obligation de faire parler le portefeuille.

Il faut sauver la musique « Made in Cameroon », et cela passe par une prise de conscience collective, une implication de tous les acteurs intervenants de près ou de loin dans le secteur culturel camerounais et la nécessité d’une participation active de tous à la valorisation de notre savoir-faire.

Depuis quelques années déjà, la musique camerounaise, en plus de se faire de plus en plus rare, a un contenu qui perd en qualité et en originalité. Il est triste de voir l’état pitoyable de nos stars locales qui pour certains, en quête de succès, travestissent leur art. La musique camerounaise ne se vend plus et intéresse de moins en moins le public. Enquête au cœur de ce noble métier en pleine tourmente.

Les artistes : Les premiers coupables.

Dissociant allègrement le fond de la forme, artistes et producteurs font la course au buzz, proposant des chansons décousus et sans identités. En panne d’inspiration, On veut faire comme… On veut créer des concepts, faire à tout prix la chanson de l’année. On ne prend pas la peine de maitriser ce que l’on fait. On chante le rap et on rappe le chant, on dénature le Bikutsi ou le Makossa afin de créer des mixtures sonores dites originales mais pas toujours agréables à l’oreille.

Choquer pour plaire, être vulgaire pour se faire voir, aujourd’hui certains artistes camerounais se spécialisent dans la musique qui blesse les mœurs. Ils se donnent à cœur joie quand il s’agit de magnifier la débauche, s’extasier sur tout ce qui est vulgaire et à aborder des sujets tabous avec aisance. On pousse le bouchon, on secoue les cocotiers, on aime les « wakas », il parait même que ça se lève dans la tanière… Tous les moyens, aussi sombres soient-ils, sont utilisés pour se positionner au sein de l’industrie.

Le drame dans cette démarche artistique, c’est que pour la plupart de ces artistes aux « tubes-torchons », leur notoriété dépasse rarement les limites de leurs villes. Ils sont écoutés dans les débits de boissons, mais pas dans les maisons familiales. Les parents qui écoutent allègrement ces titres entre deux verres savent pertinemment qu’il faut absolument protéger leurs progénitures de ces massacres audiovisuels.

A côté de ce désastre qui n’honore véritablement pas la création artistique camerounaise, évolue une toute autre catégorie d’artistes comme Kareyce Fotso, Wilfried Etoundi, Blick Bassy, X Maleya, Macase, Patrick Djecky et bien d’autres. Des virtuoses de la musique ! Ils ne sont pas forcément très présents dans les médias mais représentent véritablement ce que le pays a de meilleur et qu’il faut sauver.Ils nous montrent par l’exemple qu’on peut produire de la très bonne musique sans forcément tremper dans la vulgarité à outrance.

En outre, afin de pallier à des déficits budgétaires, des artistes en quête de visibilité se rapprochent très souvent des animateurs radios qui deviennent pour l’occasion experts en communication culturelle et manager de circonstance. Exigeant parfois qu’on cite leurs noms dans les chansons (pour ne citer que ça), certains prétendent que ça fait vendre.Un périple hasardeux sur terrain trouble qui n’est pas toujours porteurs de bons fruits.

La responsabilité des médias

Selon la réglementation en vigueur au Cameroun, les médias locaux ont l’obligation de diffuser au moins 70% de contenu local. Malheureusement, c’est le contraire qui est observé car les stations de radios et de télévisions les plus suivis diffusent en longueur de journée des produits venus d’ailleurs. La raison évoquée çà et là, est que les artistes ne paient pas la promotion de leurs œuvres. Conséquences directes, ils programment des musiques congolaises, ivoiriennes, nigérianes, françaises et américaines. Au détriment des artistes locaux qui ne savent plus à quel saint se vouer. Colonisation musicale oblige, un jeune éprouve désormais plus d’intérêt à écouter Dj Arafat ou Fally Ipupa que de suivre Charlotte Dipanda. Il suffit de voir sa coiffure, sa tenue vestimentaire ou ses pas de danses préférés pour constater les dégâts.

En panne de visibilité, nos artistes pourtant talentueux, n’ont malheureusement pas l’éclat qu’ils méritent. Les stars c’est ceux-là, venus d’ailleurs qu’on écoute en rotation dans les médias. Le public maitrise mieux les textes de trois albums entiers de La Fouine, rappeur français, mais ignore même les refrains d’un titre phare de Krotal, une icône du mouvement hip hop au Cameroun. C’est grave !

Certains médias locaux qui montrent quand même leur envie de promouvoir les œuvres musicales camerounaises n’offrent véritablement pas d’espaces horaires réguliers et conséquents pour les artistes du pays. Bousculés entre les journaux, le sport et les séries, ils sont surtout contraints de pouvoir générer des revenus, car ils sont avant tout des stations de radios et/ou de télévisions commerciales. Alorspour intégrer une playlist, les enchères montent et dans la plupart des cas, seuls les plus offrant arrivent à être diffusé. Ainsi, les œuvres les plus représentatifs de la qualité et du génie créatif made in Cameroon sont sacrifiées à l’autel du capitalisme.

Jambo TV sur Canal2 International (Télévision la plus regardée au Cameroun) et TAM TAM Weekend sur la CRTV (Télévision Nationale au Cameroun), longtemps considérés comme des plateformes incontournables de promotion des projets artistiques, car mobilisant un nombre non négligeable de téléspectateurs, s’avèrent être peu productifs voir quasiment inutiles pour un artiste et son œuvre. Car il suffit tout simplement de faire un bilan objectif sur le nombre d’artistes ayant choisis cette option durant l’année 2011 pour donner de l’élan à la promotion de leurs albums et faire une étude d’impact. Les conclusions sont certes dures, mais la réalité est là. Notons aussi que l’accès à ces émissions est onéreux pour rien. Je vous épargnerais les détails.

Face à cette difficulté, des artistes visent désormais les médias étrangers. Car il suffit de passer en rotation sur une chaine européenne et on saura que tu existes. Dès lors, les médias locaux s’empresseront de récupérer cette ébullition autour de ton titre et diffuserons gratuitement ton œuvre à leur tour.Des médias internationaux importants spécialisés proposent de diffuser les supports d’artistes africains gratuitement par le biais d’un casting extrêmement rigoureux. Malheureusement, ils sont nombreux à être rapidement désillusionnés par les contraintes liés au respect des standards internationaux en matière de sons et d’images. 

La Presse Ecrite et l’outil Internet sont très souvent négligés et absents des plans de communication pourtant avec une cible non négligeable constituée d’un bon nombre de lecteurs et d’internautes réguliers pour certains, ils peuvent constituer une grande plateforme de visibilité. La génération Y (individus nés durant les années 80 et 90) qui est très branchée Internet et nouvelles technologies, est une cible très importante. Elle recherche les informations sur les artistes à travers les moteurs de recherche et télécharge la musique en ligne. S’adapter à leur mode de consommation est important.

Ayant un accès difficile aux médias, des artistes voudraient permettre que leurs œuvres puissent être disponibles au grand public. Mais comment faire ?

La distribution des supports : Un autre casse-tête !

La distribution au Cameroun est encore embryonnaire. Il n’existe pas un véritable réseau de distribution de produits musicaux ayant une couverture nationale. Le réseau de distribution d’œuvres originaux le plus étendu du pays s’appelle « Culture Mboa ». Malheureusement de nombreux problèmes de crédibilité se posent depuis quelques années quant à leurs relations avec les producteurs. A côté, ils existent des centaines de distributeurs indépendants mais qui ne bénéficient pas vraiment d’une bonne visibilité. De plus, les prix des œuvres musicales sont en inadéquation avec le pouvoir d’achat des ménages. Ce qui grippe rapidement l’industrie. 

Pour être à tout prix disponible dans les chaumières, certains artistes n’hésitent pas aller vers les « Pirates »  afin que ceux-ci dupliquent et commercialisent leurs œuvres. Parait-il un moyen efficace de toucher le public. Mais hélas ! 

Quand les réseaux de distributions de supports piratés boycottent les œuvres locales…

Ils ont subi, pendant de nombreuses années, les foudres de nombreuses associations de protection des droits d’artistes et même du Ministère de la Culture. Aujourd’hui, ils ont décidé de ne plus distribuer les œuvres piratés des artistes camerounais. Pourtant des artistes comme Lady Ponce, Longuè Longuè, Daniel Mbaka, Valséro, Guy Watson et bien d’autres ont gagné en visibilité et en notoriété, probablement grâce à leurs réseaux de distribution. Ceux-ci ayant une proximité directe avec la population, ils ont rendu possible l’accessibilité de leurs œuvres à prix « Social », générant des emplois au passage et permettant à ces artistes non seulement de remplir les salles de spectacles mais aussi de faire des tournées. 

Afin de protéger leurs petits commerces, ces « pirates » ne distribuent que des copies illicites d’albums étrangers à des prix imbattables. Ceci étant un canal important de pénétration de la culture étrangère sur le sol camerounais. Ainsi, il est plus facile de se procurer le dernier album d’un artiste étranger sorti il y a une semaine que d’avoir l’album d’un artiste camerounais sorti il y a trois mois. 

La plupart des œuvres musicales camerounaises ne sont pas distribués légalement sur internet, ce qui rend difficile la visibilité de leurs œuvres à l’international. 

Les Organisateurs de concerts : Les contraintes du showbiz.

Ils ne sont pas nombreux qui se sont spécialisés dans ce domaine. Le peu de professionnels qui y sont, font preuve d’une rigueur à toute épreuve car leur pérennité dans ce secteur d’activité en dépend. Les artistes camerounais, tout genre musical confondu, ont de la peine à remplir les salles de 300 places dans les deux principales villes du Cameroun à savoir Yaoundé et Douala. Afin de remplir les grands espaces, certains organisateurs de spectacles sont contraints de réunir une dizaine d’artistes majeurs du pays et s’attacher le soutien de sponsors majeurs pour ne pas produire des spectacles ou concerts à perte. Pour beaucoup, il est plus profitable de faire venir une star étrangère qui a lui seul déplace plus de 6000 personnes que de réunir 5 artistes locaux qui ne mobiliseront pas 3000 personnes. C’est un constat triste mais réel. 

Alors comment vouloir demander à ces organisateurs de spectacles de faire tourner ces artistes camerounais à l’international alors que même au niveau national, ils ne suscitent aucun engouement réel ? 

La part de responsabilité de l’Etat 

Face à cette dégringolade de la musique camerounaise sur le plan national et international, on se poserait naturellement la question de savoir le rôle de l’état face à une telle situation. Les rythmes tels que le Makossa, le Bikutsi, le Magambeu ou le Bend Skin, qui ont fait la fierté et la notoriété culturelle du Cameroun au-delà de nos frontières sont aux portes des oubliettes. Tronqués par diversmaux ci-dessus cités, l’urgence d’une implication du politique dans la résolution de la crise identitaire et de la visibilité de la musique camerounaise est plus que jamais sollicitée. 

La nécessité de professionnalisation du secteur culturel comme début de solution 

Avec la mondialisation, la nécessité d’une mise à niveau des différentes composantes du tissu culturel camerounais est un fait incontournable. Afin de pouvoir se vendre au niveau national comme international, il est plus que jamais primordial d’être original, exigeant avec soit même, mais aussi savoir s’entourer d’une équipe. Producteur, manager, communicateur, agent, directeur artistique… sont des corps de métiers délicats rattachés à l’émergence d’un artiste. 

De l’écriture des chansons au choix des musiques en passant par la préparation d’un plan de communication et une programmation stratégique des lieux et dates pour les tournées… tout doit être pensé et organisé au préalable. 

Ne pas croire qu’avoir eu du succès il y a quelques années, est un acquis éternel pour tout retour au-devant de la scène. La réussite de chaque projet est un nouveau défi. Donc il est important de se réinventer chaque jour mais aussi de s’adapter aux nouvelles exigences du marché. L’exemple du groupe X Maleya, encadré par toute l’équipe d’Empire Company, devrait être pris comme cas d’école. Car malgré le succès retentissant de leur deuxième album « Exil » à travers des titres comme « Yélélé » ou « Ndolo », n’ont pas lésiné sur l’utilisation à outrance des moyens de communication disponible quand il était question de la sortie de leur récent album intitulé « Tous ensemble ». Aujourd’hui, les résultats sont ceux que l’on connait tous ! Plus de 70 000 CDs originaux vendus en 5 mois, des tournées internationales et une forte présence dans les tous les médias. 

Comme partout ailleurs, les budgets injectés dans la communication sont en général supérieurs aux budgets de réalisation des albums. Et Il est clair que pour constituer une bonne équipe et communiquer selon les règles de l’art pour un artiste et son projet, cela coute cher.Dans ce cas, ne jamais oublier que quand on veut aller loin, on a l’obligation de faire parler le portefeuille. 

Il faut sauver la musique « Made in Cameroon », et cela passe par une prise de conscience collective, une implication de tous les acteurs intervenants de près ou de loin dans le secteur culturel camerounais et la nécessité d’une participation active de tous à la valorisation de notre savoir-faire.

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