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Pahé : « Quand on parle de BD en Afrique on ne voit pas le Cameroun…»

De passage au Festival de la Caricature de Yaoundé au Cameroun, l’éditeur  Pierre Paquet tombe sur ses dessins et ne voudra plus se séparer de lui. Patrick Essono fait des études d’Art et de Publicité à Massy-Palaiseau, en banlieue parisienne à l’Institut Supérieur d’Art et de Publicité (ISAP). Son nom est une référence dans le domaine de la BD africaine et européenne aujourd’hui (un peu plus de 15 ans l’univers de la Bd professionnellement parlant), d’où son invitation à cette 3ème édition de MBOA BD 2012 qui prend fin ce jour (24 Novembre 2012) à l’Ifc de Yaoundé. Il s’est exprimé à notre micro.

Première fois au Mboa BD ?

Oui c’est la première fois que je viens. Je connais plus le FESCARHY, qui a une certaine notoriété, le Mboa BD est un jeune festival qui j’espère va avancer, mais qu’il y arrive ses organisateurs doivent être positifs.

Positifs dans quel sens ?

Beh dans tous les sens, dans le sens organisationnel, dans le sens de présenter des travaux qui sont plus porteurs et qui sont finis, qui font que lorsque vous êtes dans un festival africain vous ne tombez pas sur des travaux amateurs.

Justement, quelle lecture portes-tu sur le travail qui est exposé en ce moment au hall de l’Ifc de Yaoundé ?

Je sais déjà que la plupart des planches qui sont exposées sont des projets en cours.  Cela dit, quand vous jetez un œil du côté de la RDC et de l’Algérie,  les auteurs ont pratiquement publié pas mal d’œuvres, alors que du côté du Cameroun les publications sont encore un peu euh…

Pas professionnelles ?

Non pas ça, il manque de…, en tout cas l’essentiel n’est pas aussi que ça soit très professionnel, on peut faire des bandes dessinées adaptées pour nous-mêmes, on n’est pas obligé de faire des BD avec des couvertures cartonnés, mais seulement il faudrait bien que les dessins soient lisibles et que l’on comprenne bien les histoires.

S’il fallait faire une comparaison entre la BD du Cameroun et celle de la RDC par exemple, que dirais-tu ?

Que la BD camerounaise est faible par rapport à celle de la RDC. Ne rigolez pas, c’est sérieux ; puisque pour une fois qu’il y a un pays qui vous bat. Le Cameroun a toujours été meilleur en tout, donc pour une fois et en matière de BD, la République Démocratique du Congo est très en avant par rapport au Cameroun.

Explication…

Beh parce qu’en RDC il y a un nombre important de dessinateurs tout d’abord, ensuite ils se battent beaucoup et ont pas mal de projets. Au Cameroun, les dessinateurs attendent plutôt que les projets arrivent à eux. Certains penseront que je le dis parce que je suis congolais, que non ! Je suis gabonais (rire), et là-bas c’est pareil qu’au Cameroun, les dessinateurs attendent que l’Union Européenne ou des ONG apportent des projets sur le SIDA etc., pour se mettre au travail. Quand on parle de BD en Afrique on ne voit pas le Cameroun.

Comment se porte la BD africaine en général, a ton avis ?

Dans tous les cas pour qu’elle se porte bien il faudrait déjà que les auteurs publient ; et quand bien même il y a des publications, elles ne sont pas toujours accessibles pour le grand public.

Ne peut-on pas se lancer à l’autoproduction un peu comme le font de plus en plus les musiciens ?

Voilà ! Moi par exemple je suis édité en Europe ; en fait c’est un français qui vit en Suisse, il m’a découvert au Cameroun et m’a donné ma chance. Mais en dehors d’être édité en Europe, moi je fais les autoproductions au Gabon pour un public totalement gabonais, parce que l’éditeur est un businessman qi ne vient pas vers vous parce que vous êtes beau ou que vous avez je ne sais trop quoi, il veut gagner son argent. D’où la nécessité d’autoproductions.

Mais tu vis bien de ton art, toi ?

Bien sûr, c’est déjà ça, je perçois mes droits d’auteur et puis j’ai pu me faire un nom (ce qui est très important) ; du coup, quand je viens au Cameroun c’est qu’on m’invite, et quand on m’invite je pose des conditions, parce que je me vends. Je fais un peu comme les blancs qui ont des albums et qu’on invite ici quoi, il faut un contrat en bonne et due forme etc.

Personnellement que penses-tu du métier de la BD ?

Je pense que c’est un métier assez ingrat, et le jour où vous avez la chance d’avoir quelqu’un qui veut vous éditer saisissez-la sans réfléchir. Mais nous les africains on a toujours ce petit problème de ne pas vouloir être professionnels.

Quel message ?

Moi je souhaiterais que la BD africaine soit d’abord lue par le africains, parce qu’il y a des dessinateurs qui font vite de calquer en Europe or il faut d’abord faire des BD pour un public à nous.

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