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Afrikan Logik : « Afrikan Logik, c’est un projet de cœur… »

La raison d’être d’Africkan Logik est perceptible dès la prononciation de leur nom. Apophis et La Reine Nefertiti sont la physionomie de ce duo à la logique visionnaire. Entre musique et philanthropie, ces artistes fiers de leur origine se prévalent de surmonter les irrationalités que vivent les uns et les autres d’une manière simple et altruiste. En séjour au pays de leurs ancêtres, le temps d’affûter  à bon escient leur rêve, La Reine Nefertiti est venue tout d’abord livrer les premiers signes du long chemin visé par Afrikan Logik. Joint au téléphone depuis Berlin durant cet entretien, Apophis s’est autant montré présent et à l’aise sur les différents points abordés. Découvrez comme nous, qui est Afrikan Logik.

 

Bonjour Afrikan Logik. Bienvenue au Cameroun, chez vous chez nous ?

Merci, nous sommes très heureux que CulturEbene soit là aujourd’hui. Tout le plaisir est pour nous.

La Reine Nefertiti et Apophis, vous formez le groupe Afrikan Logik depuis un moment. Musicalement, on souhaiterait avoir la quintessence de ce que profère véritablement la logique adoptée par Afrikan Logik ?

Ok ! Musicalement parlant le concept Afrikan Logik est totalement différent de la musique mondaine parce qu’on s’est rendu compte que les gens aiment tellement le bruit mais personne ne passe de message. La plupart des musiques qui ont un message ne sont pas beaucoup écoutées dans le monde, surtout ici au Cameroun. On a regardé, il y’a tellement de choses qui se passent où on vit en Allemagne dont on connait l’histoire avec le racisme, la ségrégation,… Quand j’ai rencontré Apophis, on a décidé de changer cette logique-là. On a constaté qu’on peut toujours danser, chanter en passant un message. Aussi, on a eu des expériences dans nos vies personnelles, dans nos enfances, qui nous ont marqué et facilité cette tâche-là. Comme on dit en anglais, « We could relate with what we have lived ». La Reine Nefertiti et moi en tant que parents. On a mûri ! Apophis avec sa logique de philosophe et moi, je suis plus chargée de la musique. Apophis est vraiment la colonne vertébrale du groupe. C’est lui qui apporte toutes les idées et tous les concepts. Moi, je ne fais qu’exécuter !

Combien de temps vous êtes ensemble et quels sont vos parcours individuels ?

Moins d’un an. Je faisais ma carrière solo et Apophis était dans son groupe African Revolution et on s’est rencontré lors d’un featuring. Il a toujours été dans la logique africaine. Ils m’ont invité pour un featuring et, je peux dire qu’il m’a volé. Quelques jours plus tard, il m’a appelé et m’a dit La Reine j’aime bien ce que tu fais. Les autres personnes avec qui je travaille, ne comprennent pas vraiment. Si tu n’es pas proche d’Apophis, tu ne vas pas vraiment le sentir  parce que lorsqu’il parle, il est très philosophique. J’ai d’abord admiré cet esprit-là en lui et j’ai abandonné ma carrière solo pour me consacrer au projet Afrikan Logik ; j’étais pourtant en pleine promo de mon premier album. J’ai fait une très grande promotion au Cameroun… Mon (La Reine Nefertiti, Ndlr) premier album a été produit à Londres et au Nigéria. C’était de la Dancehall, Soukous, Makossa, Hip Hop.

Quelle est la touche spéciale qui fait la particularité de la musique d’Afrikan Logik. Est-ce que ce sont les instruments, la programmation ?

D’abord, toute forme de musique qu’on écoute maintenant. Le Hip Hop et le Rap sont deux styles de musique qui viennent de l’Afrique. On dit que l’Afrique est le berceau de l’humanité quand on parle musique. Quoiqu’il en soit, peu importe la musique qu’on fait, il y’a toujours des instruments africains dans nos chansons : le Djembé, le Kounga, les instruments traditionnels même si on fait du Hip Hop, Rap, Soul. Parce qu’effectivement ce sont des musiques qui viennent de l’Afrique. On a aussi ce truc que le blanc nous a apporté sa langue. Des pays africains parlent portugais, espagnol. Chez nous on parle français et anglais comme dans nos chansons. Apophis ne fait que du Rap, même son style de Rap est particulier parce qu’il fait un peu plus dans un style slam. Il parle, moi je dis qu’il passe le temps à bavarder dans les chansons (rires) ! Il essaie de faire le public écouter ce qu’il dit et moi je fais les mélodies, les chœurs, les refrains. Donc, toute cette fusion fait notre particularité. En rappant, il utilise le style de ses idoles comme moi.

Justement parlez-nous de vos idoles. Ceux-là qui ont impulsé cette verve d’artiste en vous.

Apophis : Tupac Shakur, Tiken Jah Fakoly, Lucky Dube, Lapiro De Mbanga,… La Reine Nefertiti : Myriam Makeba, Nayanka Bell, Bebey Manga, Grace Decca, Asa, Sy Steffa, Aicha Kone, Angélique Kidjo, ce sont des femmes que je respecte.

Vous, La Reine Nefertiti, étiez au départ de votre carrière, Rosy Chicks. Pourquoi ce nom-là ?

J’étais à l’internat catholique au secondaire, il n’y avait que des filles. Avant chaque fête de pâques, il y’a ce qu’on appelle en anglais Havest thanks giving où toutes les écoles se réunissent et vous faites des tombolas pour réunir de l’argent pour les pauvres. Il fallait donc toujours avoir la reine, la fille qui va représenter l’école. On choisissait toujours la plus belle, on va la maquiller, on la met dans une case et si tu veux la voir, tu paies 50-100 F Cfa pour avoir une image d’elle. La plus belle de l’école. Je ne sais pas pourquoi mais c’est moi qu’on choisissait toujours, à l’époque. (rires) et il fallait un nom ! Je m’appelle Rose et comme j’avais des rondes, on disait Chicks, Rosy Chicks et c’est calé !

On part de Rosy Chicks pour un surnom très africain, idéologique même : La Reine Nefertiti ! Pourquoi n’avoir par exemple pas choisi un nom camerounais.

C’est très simple ! Tout ce que la civilisation africaine, la culture africaine a voulu enseigner a voulu enseigner  est parti d’Egypte. Tout ce qu’on connait aujourd’hui est parti de là. Les avions, les trains, les technologies,… La civilisation est partie d’Egypte. Les vrais égyptiens sont plus noirs que les maliens. Ce n’est pas un secret que ce sont les migrations et les guerres qui les ont rendus blancs. Cléopâtre était bien noir, la vraie Nefertiti était très noire et la plus belle de toutes les reines donc…

J’aimerais aborder avec toi, Apophis le volet de ta genèse artistique. D’où est-ce tu pars pour être le chanteur que tu es aujourd’hui ?

De très loin. C’est une enfance difficile qui me permet de dire qu’on ne peut que voir les choses du bon côté. On s’entoure de bonnes personnes et on essaie de trouver la meilleure voie pour exprimer sa colère. C’est donc comme ça que j’ai fait le choix de la musique puisque c’est une voix par laquelle on sensibilise les consciences sans tromper qui que ce soit. C’est du concret.

Apophis, pourquoi avoir choisi un nom aussi prétentieux. Si on se réfère à l’histoire de la mythologie égyptienne, c’est le dernier Roi d’Egypte si je ne m’abuse ?

Non ! Ce n’est pas de la prétention, c’est juste pour rendre hommage à ce grand homme ; qui fait partie de ces grands architectes de la civilisation égyptienne, dont les grandes puissances ont triché la vigueur et l’intelligence pour le développement qu’il y’a ici en occident. Donc, je garde le côté positif de ce pharaon-là. C’est vrai qu’il a pris le pouvoir par la force, mais il a œuvré pour cette grande civilisation qui est le berceau de l’humanité aujourd’hui.

Qu’est-ce qui fait de toi l’artiste que tu es ? Quel est vraiment ton style de prédilection ?

C’est de l’Afro Pop. Et toutes les influences qu’il y’a dans la musique et j’essaie d’africaniser un peu ce que je fais, avec une fusion moderne. Comme le dit Kouma Ndoumbe ou Mbog Bassong qui essaient de le faire dans leur style de prédilection c’est-à-dire écrire des livres… Donc, se réapproprier le savoir africain. Ce combat qui a été mené par les grands avant.

Apophis, je constate que tu as une logique assez philosophique de la chose et je comprends mieux le concept Afrikan Logik dont tu vas nous expliquer au maximum le projet.

Afrikan Logik c’est un projet de cœur, c’est le nôtre, c’est le vôtre ! Afrikan Logik c’est une association, c’est un projet social, très vaste. C’est la jeunesse africaine, en l’occurrence celle du Cameroun ; un peu déboussolée en ce moment, par le politique, par tout ce que tout le monde connait. Elle est frustrée et nous, qui avons eu la chance de se retrouver de ce côté, c’est pour savoir comment ces gens procèdent pour pouvoir nous aliéner, le mal par d’ici (Occident, ndlr) pour là-bas ! Nous sommes là pour réclamer la dette coloniale, c’est le projet d’Afrikan Logik. On a besoin de l’énergie qu’il faut comme avec CulturEbene. C’est tous ensemble réuni…

Le projet Afrikan Logik est-il essentiellement idéologique ?

Bien sûr !

En termes de logique africaine, quelles sont vos références ?

Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Um Nyobe, Kwame Nkruhma, Samora Machel, Steve Biko, etc ; tous ces panafricanistes, ces enfants de l’Afrique qui ont luttés… En ce moment, il y’a Mbog Bassong, Kouma Ndoumbe… Il faut beaucoup écouter ces vieux-là. L’Afrique doit en profiter.

Vous semblez vivre votre projet à fond. C’est vraiment un projet de cœur. Y’a-t-il une phrase de l’une de vos idoles qui rassemble votre projet de manière sommaire ?

Ouais, comme phrase d’accroche et comme le disait Steve Biko : « L’indépendance, c’est le privilège des puissants ». L’Afrique n’a pas encore compris les enjeux. Il faut un rapport de force entre le continent africain et l’occident…

Vous parlez et pratiquez à la lettre, ce que vous dites apparemment. Nefertiti tu as des dreads locks. Par contre, parfois lorsqu’on rencontre des gens qui vantent une logique, ce n’est souvent ce qu’on voit. Tout à l’heure Apophis nous a ouvert les pages de votre concept et il parle en connaisseur et en citant les grands noms africains qui font votre logique. Vous incarnez aussi cette fierté black et afro en général. Pour vous, que signifie ces dreads ?

Ah ! (rires) L’histoire des dreads a commencé quand on a décidé de devenir Afrikan Logik. Ça a changé notre logique, c’est comme ci c’est un vaccin ! Je (Nefertiti) me suis rendu compte que j’ai changé de look même sans y réfléchir. Du jour au lendemain, je me rappelle on est sorti du studio, j’avais une greffe là et je rentre à la maison, je me décoiffe et je prends la tondeuse pour me raser. J’avais le crâne nu… On ne peut pas être entrain de prêcher une logique et on a les cheveux de cheval (greffes, mèches, ndlr) sur ma tête comme on dit (rires) ! À l’époque, nos mamans ne savaient pas ce qu’on appelle greffe ou rasta. En plus, la femme africaine représente la beauté du monde parce qu’une femme doit avoir un gros ventre, un gros derrière, un gros devant ! Une femme doit avoir de la chair. Rester naturelle. C’est tout à fait normal à cause de notre alimentation. Les blancs ont les ventres plats, etc et c’est ce qui embobine les hommes ici ! Apophis, c’est des tresses, il garde les cheveux longs. Même dans notre façon de s’habiller, il y’a toujours l’Afrique qui ressort. Ma priorité lorsque je suis venu au Cameroun c’était de faire beaucoup de tenues. Sur tous les t-shirt d’Apophis, il y’a les logos de nos héros Sankara, Khadafi, etc. le look va avec la logique. Aujourd’hui par exemple, j’étais en ville une dame m’accoste et me dis j’aime votre look, vos cheveux, vous avez fait ça comment ?

Connaissez-vous les artistes camerounais voire africains qui font dans le même style musical que vous et que vous aimez aussi ?

Richard Bona ; Ndedi Dibango qui est un peu mondain mais les années 70 c’était de la bonne musique aussi, la musique à l’époque était pure, il n’y avait pas de machine, c’était live, cru et c’est la vraie musique ; le grand Manu Dibango ; Bebey Manga. Et parmi la jeune génération, j’aime Bantou Pô-si qui entre les deux générations ; X-Maleya ; Stanley Enow.

A quel niveau se trouve votre futur album ?

L’album est en chantier mais parmi les chansons qu’on a dans le répertoire, il y’a « African Child » qui parle de la souffrance de l’enfant africain, manque d’éducation, manque de source pour soutenir l’enfant africain ; « How Long Africa », combien de temps l’Afrique continuera à souffrir. Il y’a « On me traite de Natty », c’est un son un peu particulier car dans la tête des gens ce sont les pleures, les blancs qui n’aimaient pas les noirs. Nous qui sommes en Europe, on passe le temps à parler de racisme, etc. alors qu’il y’a plein d’autres problèmes en Afrique. Et il y’a la guerre de cent ans et on sait que l’Afrique est toujours sous le poids des blancs. Il y’a « Le soldat du ghetto » qui concerne la vie d’Apophis. On essaie de faire le genre de musique qu’un enfant dans la rue peut écouter, une grand-mère au village peut écouter et en tirer quelque chose. Notre musique n’est pas dédiée à un public particulier. On est entrain de travailler sur un son qui va s’appeler « Wayo Africa », un peu musique mondaine ! Wayo c’est juste un moyen de dire oubliez vos soucis, dansez, soyez joyeux…

Pour ce qui est de la production, qui sont ceux qui travaillent derrière ?

Notre premier producteur, c’est Joseph Odogo, Fothman Fred à Berlin, et on a aussi un autre producteur qui se charge plus de prise de voix, ingénieur de son, il s’appelle Sanko Ko. Monsieur Seb Darko, c’est un vieux Ghanéen qui a travaillé avec beaucoup d’artsites. On a notre guitariste personnel, M. Cheikh Asani qui était le guitariste principal du groupe de Franco Luambo et a joué dans le célèbre son « Mario ». On essaie de toujours de mettre du naturel dans notre musique. Nos chansons sont produites en Allemagne et sont mixées partout dans le monde. Avec la chance, nos anciens producteurs sont là dans le nouveau projet. On a Moy Tunes et Soso Beats. Et j’espère aussi travailler avec beaucoup de personnes ici avant de partir parce qu’on veut mettre plus de variétés dans l’album. J’ai déjà pris quelques contacts et je vais faire quelques beats ici avant de rentrer avec.

Y’a-t-il des artistes camerounais avec qui vous collaborez là-bas ?

Ce qui est marrant, c’est qu’on ne collabore pas avec des artistes camerounais là-bas parce que tous les camerounais qu’on connait là-bas, font dans la musique mais ne font pas dans notre style de musique. Par contre, Sy Steffa la sénégalaise, on bosse avec elle. Il y’a aussi des blancs allemands qui font dans la musique africaine. Par exemple, le propriétaire de notre nouveau studio d’enregistrement est allemand. Le percussionniste du groupe c’est un blanc. Les camerounais n’ont pas encore compris la logique, ils sont toujours dans leur bulle. On sera les premiers à faire quelque chose de différent.

Jusqu’où veut aller Afrikan Logik ?

Afrikan Logik veut conquérir le monde, voyager dans chaque pays africain, dans chaque école, donner des bourses aux enfants, ouvrir des orphelinats partout. Prendre soin des enfants qui souffrent. Afrikan Logik veut changer cette image sur l’Afrique. Afrikan Logik veut prouver aux africains que ce que Babylone a fait, on peut le faire encore plus…

Ceci fera surement l’objet d’un autre entretien, mais de là où vous vous trouvez, quelles sont vos sources d’inspirations?

(Rires) Dans un continent aussi brutal, on ne qu’être inspiré tous les jours. C’est loin d’être un paradis comme la jeunesse africaine le pense. C’est pourquoi je recommande à la jeunesse africaine de se procurer l’album d’Afrikan Logik quand il va sortir, il y’a beaucoup de choses là-dedans.

Donc l’album sort en juin ?

On a deux singles qu’on va promouvoir et tourner notre clip en juin parce qu’avec le climat de là-bas, il faut qu’on attende qu’il y ait du soleil pour bien filmer. Non ce n’est pas très sûr. On a aussi des projets philanthropiques. Single après single, on verra quand on est prêt à sortir un album car on en veut pas faire d’erreurs. Et il y’a la piraterie qu’on essaie aussi d’éviter.

Votre dernier mot ?

Ravis d’être là. Afrikan Logik est un concept qui est aussi une association car dans les prochains jours, on va faire des dons dans une association. L’Afrique doit rester unie. Soutenez Afrikan Logik !

Ça fait plaisir d’être ici pour voir la jeunesse. Contents car notre Manageur aussi, Cooper La Noblesse comprend très bien là où on va, pareil pour beaucoup d’autres personnes…

Comment peut-on joindre Afrikan Logik ?

La page Facebook c’est : « Afrikan Logik ». Le site web est en chantier et les contacts au Cameroun c’est Cooper La Noblesse qui est notre Manageur Officiel (75 37 41 35).

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