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Les 30 ans de carrière de Petit Pays à Yaoundé, un flop sans précédent

Palais des sports de Yaoundé ce 19 mai 2014. Le complexe sportif doit abriter un « double » évènement dont la dimension était surévaluée par une certaine opinion : Les 30 ans de Petit Pays Oméga, le Turbo d’Afrique, l’Avocat défenseur des femmes, Neveu de Jésus, Rabba Rabbi, excusez du peu… En journée, Plusieurs activités ludiques (scolaires) s’y sont tenues, et le côté scénique a été assuré par Mani Bella, le groupe FBI (Fashion Boys Ignition), entre autres. Malgré le nombre réduit du public (presque le tiers de la salle semblait occupé) on est en droit d’affirmer que cette première mi-temps était plus animée que le clou de la soirée…

Dès l’extérieur, tout indiquait à n’en plus douter l’amateurisme du comité d’organisation dudit évènement. D’après quelques informations glanées ça et là, nous apprenons que son promoteur, un certain Michael, n’en est là qu’à son tout premier évènement : « Pour l’organisation des 30 ans de carrière de Petit Pays, c’est un guignol qui n’a jamais organisé un anniversaire qui vient tout chapeauter ? », s’offusque farouchement un confrère venu de Douala. A l’intérieur c’est le même son de cloche, rien n’est prêt, au contraire on s’attelle encore à brancher des câbles et à monter du matériel… Il est presque 21 heures, or l’évènement était censé débuter deux heures plus tôt. A la place des artistes qui devaient en principe démarrer la première partie parmi lesquels on a remarqué SINE Tum, Dynastie Le tigre, le groupe FBI, le duo Dixième Co, et Mani Bella, c’est plutôt l’orchestre Sans Visas de la star du soir qui va grimper sur la scène pour, nous a-t-on dit, une balance rapide. Sauf que dans les tribunes, parmi le public il y en avait qui étaient sur place depuis 17h30.
La mauvaise humeur des hommes en tenues et le comportement ridicule des gros bras rajoutaient une couche sur le fiasco qu’on s’apprêtait à vivre. Beaucoup trouveront certes nos propos durs, mais pour rejoindre Kant, in « D’un prétendu droit de mentir », si un mensonge sauve un homme, il n’en demeure pas moins vrai qu’il aura nuit à l’humanité. Alors on se doit de relater ce qui s’est réellement passé…

22h30, alors que les artistes commencent à s’impatienter dans les loges, l’orchestre d’EFFATA quant à lui s’éternise sur la scène et sera même rejoint plus tard par les Turbines (les danseuses attitrées de Petit Pays) pour quelques démonstrations dont on se serait passé volontiers. Aux environs de 23h, nous apprenons que Mani Bella, lasse de cette situation, décidera de rentrer tout simplement. En effet, depuis leur arrivée, les artistes étaient abandonnés dans leurs loges respectives, sans ne serait-ce qu’une bouteille d’eau minérale. Et le comble c’est qu’aucun membre de l’organisation ne s’en inquiétait, au contraire personne ne passera ni pour leur communiquer le traditionnel ordre de passage, ni pour les rassurer de l’évolution des choses. Un autre mépris à l’endroit de nos artistes, qui malgré tout tiendront à rester jusqu’au bout : « Nous sommes là pour notre papa EFFATA. 30 ans de carrière c’est pas trente jours », nous lanceront-ils, non sans beaucoup de subtilité (en ce moment), et sans verser dans le misérabilisme scénique. Mais mal leur en a pris une fois qu’ils se sont retrouvés coincés entre leurs aspirations et la réalité.

23h20 Petit Pays se trouve dans l’enceinte du palais. Sur la scène, son orchestre n’en démord pas. Ce dernier apprendra que Mani Bella serait rentrée, alors il donnera des instructions afin que cette dernière revienne. Ce qui fut fait. Dans les loges les esprits s’échauffent. Il est exactement 23h40 quand Rabba Rabbi fait son entrée dans la salle. Une petite victoire à mettre à l’actif d’un certain Martinez Zogo, et de Limi Issofa, qui rassureront tant bien que mal l’homme du soir. Mais cette entrée sera aussi du grand n’importe quoi. Les vigiles, pour qu’il puisse accéder à la scène, l’orientent vers la gauche, tandis que le staff de l’évènement l’invite plutôt à passer à droite. L’homme est exaspéré et se tiendra sur place pendant au moins deux minutes, sans doute pour se ressaisir, car on l’imaginait au bord de l’explosion. Le grand public auquel il est habitué n’est pas au rendez-vous, mais comme on dit communément « mouillé c’est mouillé ». Il n’aura pas fait quinze minutes de scène que sa maman l’y rejoint à son tour. Cette dernière tenait entre ses mains un paquet (cadeau) qu’elle lui remettra. Effata, dans un semblant d’émotion à peine masqué, se proposera de l’ouvrir devant tout le monde. C’était alors une Bible. Le public applaudi, mais on ne sait trop pourquoi, sur le coup… Mme Wondje Yaba (sa mère) se permettra même quelques minutes de prédication. Après quoi Adolphe Claude Alexandre Moundi (Petit Pays) va poursuivre son « show », si le terme avait encore tout son sens…

Pendant ce temps, nous nous sommes rendus du côté des loges pour recueillir quelques réactions à chaud des artistes invités. Tous étaient très remontés après le Turbo d’Afrique. Si sur le regard des FBI (Ndlr) on pouvait lire la désolation et que sur celui de Mani Bella on percevait l’embarras, sur celui de l’auteur de Wokolooo !!! Dynastie Le Tigre, la colère transparaissait : « Mon souci c’est d’être une pierre à l’édification de la culture camerounaise plus particulièrement dans le domaine musical. Nous avons été conviés aux 30 ans du père Rabba Rabbi, sauf que depuis 18 heures rien n’est fait. Il est minuit et les artistes qui étaient censés faire la première partie sont abandonnés à eux-mêmes.

On ne sait donc pas s’il s’agit d’un conflit de générations parce qu’à peine arrivé, Petit Pays monte sur la scène pour chanter, or nous sommes tous là pour son anniversaire. Non seulement nous avons attendus longtemps dans les loges, sans ne serait-ce que l’eau à boire, mais le fait qu’il ait entrepris de monter directement sur la scène, nous le vivons comme du mépris à notre égard, nous la nouvelle génération, présentée comme la relève. C’est vraiment injuste que l’ont vienne soutenir un tel monument et qu’il n’ait pas pris la peine de nous voir, mais nous traite comme si nous avions de la merde sur le corps. Moi Dynastie Le Tigre, je sais une chose, c’est que le temps de Dieu est le meilleur. Nous ne resterons pas éternellement des jeunes artistes, nous sommes appelés à grandir, et croyez-moi ce n’est pas un bon exemple qu’il vient de nous donner là, c’est indigne pour un artiste de sa trame. En tout cas viendra le moment où la relève se ferra, avec douceur ou quelque soit la méthode. On est venu jouer avec bon cœur, mais là tout le monde se retrouve frustré. Alors il serait malhonnête et hypocrite que je ne dise pas certaines choses ici, donc je me jette à l’eau car je suis un courageux. Donc, vraiment les grand-frères, même si vous avez atteint les sommets, j’estime qu’à jamais les conflits de générations ne pourront construire. C’est le moment ou jamais de nous montrer le chemin et de nous tenir la main ». Les autres soliloquaient dans leur coin, ne tenant plus en place.

A minuit et quinze minutes, Rabba Rabbi s’apprête déjà à quitter la scène. Il invitera néanmoins la Pala Pala woman à l’y rejoindre pour trancher le gâteau. Cette dernière était censée enchainer avec son show, là encore c’est la catastrophe. Les musiciens de Petit Pays avaient soigneusement débranché tous les câbles en rangeant leur matériel. Du coup, pas de son, aucun micro ne passe, et Mani Bella est contrainte de regagner une fois encore sa loge. C’est la goutte d’eau qui a débordé le vase. Le public, pour signifier son mécontentement, balancera des déchets et autres bouteilles sur la piste, scandant le même slogan : « Remboursez notre argent ! Remboursez notre argent ! ». Pendant ce temps, Petit Pays est bloqué au niveau du hall par un groupe de fans pour quelques photos et bénédictions, mais aussi par des artistes invités espérant le moindre signe de reconnaissance. Très vite, des éclats de voix, et l’escorte de Rabba Rabbi en voulant trop protéger la « star », se frotte aux gros bras. Un affrontement avec ces derniers qui estimaient faire leur part de boulot est évité de justesse. Situation confuse, qui rendra une fois de plus impuissant notre Turbo. Avec un peu d’ingéniosité, on parviendra à le sorti de ce piège gênant.

On craint désormais le pire. Par prudence, nous quittions les lieux sous escorte, aux environs de minuit et quarante cinq minutes. Un confrère nous joint plus tard par téléphone pour nous révéler que l’artiste est dans tous ses états et qu’il quitterait le pays dès la matinée, histoire d’oublier très rapidement ce flop sans précédent, et se concentrer pour la suite de la tournée de ses « 30 ans » de carrière.

Joyeux Anniversaire EFFATA !

Par Daniel NGOH | Cameroon-Info.Net

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