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Victor Faye : « Le Festi-Bikutsi nous a merveilleusement bien accueilli et on en fera autant à Marseille »

Il est Responsable d’Africa Fête Itinérant-Marseille, M. Victor Faye porte l’ambition du rayonnement de la musique africaine en Afrique avant son exportation. Au creuset de cette initiative, il est bien présent lors de ce Festi-Bikutsi 2014 car la prochaine étape d’AFrica Fête Itinérant aura bel et bien lieu à Marseille en 2015 et la préparation cette dernière ponctuation du projet. Voici l’entretien avec Victor Faye.

Bonjour Victor, vous êtes Responsable d’AFrica Fête Itinérant France et vous êtes ici au Cameroun dans le cadre du Festi-Bikutsi. Comment vous sentez-vous au Cameroun ? C’est comme la France où vous vivez ?

(Rires) je me sens bien mais c’est très loin, on n’est pas dans les mêmes contextes, on n’est pas dans les mêmes situations. Moi, j’ai un parcours particulier parce que j’ai toujours vécu au Sénégal, je suis né au Sénégal et je suis allé en France cela fait maintenant dix ans. Donc, j’ai cette bipolarité identitaire qui me rapproche de mes sources quand je viens au Cameroun. Du coup, même si ça ne ressemble pas à la France, je suis quand même très bien ici et les gens nous accueillent merveilleusement bien.

Marseille est la prochaine étape d’Africa Fête Itinérant en 2015. Etes-vous prêt pour accueillir cela ? Sentez-vous la pression ?

Oui, il faut dire que la pression monte parce que quand on a été au Sénégal, l’accueil avec la Teranga sénégalaise a été énorme, le travail a été extra et au Bénin aussi pareil. Ça a été un succès et le Cameroun là c’est bien partie. On voit vraiment qu’il y’a une implication totale. Il n’ya pas de pression ; ça c’est le fait de le faire en dernier. On voit que tout a marché. On a la pression de faire autant, voire mieux. Donc, on ne se sent pas vraiment prêt mais on a quand même l’expérience de genre d’événements. Là, tout est en train de se mettre en place pour recevoir une bonne partie de l’Afrique à Marseille.

Déjà les étapes dakaroise et cotonoise se sont bien déroulées mais qu’est-ce qui vous a marqué là-bas ?

Ce qui m’a marqué c’est ce qui fait le sens de ce projet en fait. C’est de voir les gens qui se rencontrent. Il y’a déjà une collaboration professionnelle, c’est-à-dire qu’il y’a beaucoup de professionnels qui viennent de partout en Afrique et qui échange leurs expériences, leur savoir-faire. Et tout cela pour créer un réseau qui consolide seulement la musique africaine dans sa globalité. Ce qui m’a marqué c’est que maintenant, on peut arrêter de penser que quand on parle de métissage en Afrique ou vers les Etats-Unis. Le métissage culturel est aujourd’hui en Afrique. Par exemple, tu vas voir des camerounais qui ne vont pas connaitre la musique africaine et des pays qui sont aux alentours. Alors qu’il y’a des choses à apprendre là-bas… Il y’a beaucoup à apprendre de notre musique, de travailler ensemble. C’est fondamental pour nous ! Et ce travail là on l’a entamé ensemble. On va espérer que ça dure afin d’espérer que ça aille plus loin. C’est ça le sens d’aller à Marseille, on travaille d’abord entre nous africain et après, on va proposer de façon très solide au niveau international.

Là vous avez un artiste français Joos dans le projet. Comment sentez-vous son implication dans le projet Africa Fête Itinérant avec les autres artistes depuis son arrivée ?

L’enjeu et c’était un défi pour nous, c’était de trouver comment on peut intégrer la France dans ce projet là. Marseille en particulier parce que c’est une ville qui a une configuration particulière. C’est la ville la plus cosmopolite de France et en plus de ça, elle est considérée comme la porte de l’Afrique et la porte de l’Europe en même temps. Donc, c’est vraiment un endroit de convergence. Et ce qu’on a pu trouver, c’est que le Beat Box c’est qu’on ne pouvait pas mettre quelque chose qui cherche du rythme parce qu’en Afrique on sait qu’il y’a une diversité rythmique. Donc, le Beat Box a cette préoccupation d’aller trouver quelque chose de nouveau. Et on a dit on va emmener cet artiste marseillais vers les rythmes de l’Afrique ! Et là il est en train de comprendre et d’apprendre… Quand je le vois avec les autres musiciens, il est intrigué par les rythmes qu’ils sont en train de jouer. Il a du mal et ça c’est une réalité mais c’est ça le défi aussi. Parce que là il y’a plein de truc qui sont en train de se casser dans sa tête ! Il ne connait pas cela. Il est perturbé par ce qu’il vit et identitairement il faut qu’il vive avec des gens qui ont une autre façon de vivre. Mais aussi musicalement il est perturbé parce qu’il y’a de nouveau son qu’il doit intégrer et s’adapter. Donc il doit travailler en plus que les autres artistes et c’est ça qu’il est en train de faire et, il est mis à l’épreuve. C’est ça qu’on cherche aussi. C’est enrichissement qu’il doit faire.

La collaboration avec Léontine Babéni/René Ayina, Daba Sarr et Eric Gbeha c’est carrément parfait ! Comment vous sentez-vous dans ce cercle assez important du festival Africa Fête Itinérant ?

J’ai envie de te dire que c’est plus une fierté parce que ce qu’on croyait impossible, les africains se posent et disent on peut travailler ensemble. Les gens ont une vision commune. Qu’est-ce qu’on peut apporter en plus à l’Afrique, à la musique africaine ? Créer des collaborations artistiques, créer des collaborations professionnelles, consolider le marché de la musique africaine et l’exporter de façon à ce que les gens puissent écouter une musique destinée aux africains d’abord ; pas forcément créer une musique destinée à l’exportation. Les africains sont beaucoup plus connus au niveau international que dans leur pays ou dans leur continent. Et on essaie d’y remédier en mettant ensemble les artistes africains en Afrique. Mais on les fait circuler dans le continent pour qu’ils puissent se faire connaitre et donc, oui c’est une fierté de savoir qu’on arrive à être responsable de notre propre musique, qu’on l’encadre de façon à ce qu’elle soit bien perçue au niveau international.

Votre dernier mot ?

On a besoin de l’appui institutionnel. On a besoin d’être reconnu par notre continent pour pouvoir être validé, valable et accepté au niveau international. Donc c’est un appel que je lance au secteur institutionnel aussi. Qu’ils se rendent compte que les africains, on peut leur faire confiance aussi. Il y’a des gens compétents qui sont là et qui vont donner de leur compétence pour que la musique africaine rayonne dans le monde. Donc il faut qu’ils s’engagent avec nous dans ce combat. Et j’espère que mon appel sera bien entendu.

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