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Barack Obama, l’adieu à la maison-Blanche

Après huit ans à la Maison-Blanche, le président aura marqué par son élégance et son charisme

Le maître des lieux a servi lui-même le poulet… C’était vendredi 6 janvier, à la Maison-Blanche. La scène ressemblait à une répétition générale des Golden Globes, la cérémonie qui allait donner à Meryl Streep l’occasion de prononcer son discours au lance-flammes contre Donald Trump. De George et Amal Clooney à Beyoncé, en passant par Robert De Niro ou Steven Spielberg, la liste des invités qui avaient tenu à applaudir une dernière fois Barack Obama pour sa fête de départ tenait du générique. Mais ce n’est pas la peine de faire partie des happy few pour comprendre à quel point le président est déjà regretté. Il suffit de regarder sa courbe de popularité : 55 % d’opinions positives, contre 34 %, en janvier 2009, pour George W. Bush à sa sortie de la Maison-Blanche.
« It’s the economy, stupid », aurait pu répondre Bill Clinton, lui aussi très populaire en quittant le bureau Ovale, malgré l’affaire Lewinsky. Mêmes causes, mêmes effets : à son arrivée, Obama avait hérité d’une économie plombée par la crise des subprimes. Entre janvier 2009 et janvier 2017, le chômage a fléchi de 7,8 % à 4,7 %, grâce à 11 millions d’emplois créés et à une croissance repartie à plus de 3 %. Même les économistes critiques comme Paul Krugman, qui pourfendait, en 2009, la timidité du plan de relance du président américain, admettent aujourd’hui que ce succès est à mettre au crédit de Barack Obama.
Et puis, il y a l’Obamacare, la mise en place d’une sécurité sociale digne de ce nom. En France, on a réglé le problème en 1945, mais les Américains en sont toujours à débattre sur la façon de s’y prendre pour accorder à chaque citoyen l’accès aux soins. Certes, tout n’est pas parfait dans le plan d’Obama, compromis boiteux obtenu de haute lutte quand il avait encore la majorité au Congrès, mais il a au moins le mérite d’exister. Obama a réussi là où tous ses prédécesseurs démocrates – à commencer par Bill Clinton, qui avait confié le dossier à Hillary ont échoué. La mise en place de l’Obamacare a permis à plus de 20 millions de citoyens américains d’être assurés, même si beaucoup d’entre eux sont furieux contre l’explosion des cotisations. Donald Trump a promis de signer l’abrogation de l’Obamacare dès le 21 janvier, au premier jour de son arrivée dans le bureau Ovale. Non pour revenir à la situation d’autrefois, où rien n’existait, mais pour le remplacer par un système « plus efficace ». Au moins, sur ce plan-là, Obama peut se targuer d’avoir fait évoluer les mentalités.
Le point faible du bilan d’Obama, c’est la politique étrangère. Il n’a exprimé aucun regret sur ce point, se félicitant sans doute que neuf soldats américains sur dix soient rentrés au pays. Mais tout le monde pense à son inaction en Syrie, ce 31 août 2013, quand il fit volte-face et décida de ne pas intervenir face à Bachar El-Assad, qui avait pourtant franchi la « ligne rouge » qu’il avait définie, en utilisant les armes chimiques contre son peuple. Les alliés des Etats-Unis en sont restés cois, et François Hollande devra renoncer à monter à l’assaut.
A l’arrivée au pouvoir d’Obama, en janvier 2009, la Russie ne pèse pas grand-chose sur l’échiquier international. Mais en se désengageant de la scène internationale, Barack Obama lui a laissé le champ libre. Il a commis l’erreur de sous-estimer Vladimir Poutine et ses volontés hégémoniques. De son côté, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton ne s’est pas privée de donner aux Russes des leçons de démocratie et de droits de l’homme. Poutine saura s’en souvenir quand elle briguera la présidence. Selon les services de renseignement américains, il aurait donné l’ordre d’espionner son équipe de campagne mais aussi le Parti démocrate, en pénétrant leurs systèmes informatiques et en jetant sur la place publique des révélations embarrassantes. Une accusation que le Russe réfute, tout comme Donald Trump d’ailleurs, que ces mauvaises odeurs pourraient finir par incommoder. Comme au bon vieux temps de la guerre froide, Obama, d’habitude si prudent et réservé, s’est fâché en ordonnant l’expulsion de 35 diplomates russes.
C’est la seule fois, en huit ans, où on l’aura vu régler ses comptes. Mais il y avait de quoi s’énerver : au moment où tout lui réussissait, la défaite de Hillary Clinton signait l’ultime échec, irrattrapable. Barack Obama s’était battu bec et ongles pour la faire gagner. Il a fait plus pour sa victoire que n’importe quel président sortant pour son successeur. Deux jours après les résultats, le 10 novembre, il a pourtant donné l’impression de jouer fair-play en recevant le vainqueur une heure et demie à la Maison-Blanche.
C’était un leurre. Depuis, Obama et ses équipes travaillent d’arrache-pied pour bétonner ce qui peut l’être. « On n’a jamais autant bossé que depuis l’élection de Trump », nous confie un proche, en plaisantant à peine. Sur le site Web de la Maison-Blanche, l’image qui annonçait l’allocution d’adieu de mardi dernier, à Chicago, valait mieux que tous les grands discours : on y voyait Barack et Michelle, de dos, se tenant par la taille, au bord d’un plan d’eau, le regard fixé vers des gratte-ciel au loin. Une affiche pour un film glamour. Celui que regrette déjà la moitié de l’Amérique. Le contraire de la télé-réalité et des dorures de la Trump Tower.

Olivier O’Mahony

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