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Jérôme SOFFO : Une valeur sûre du film d’animation camerounais

Lorsqu’on évoque film d’animation, on est très surpris que ce domaine en soit encore à ses balbutiements au Cameroun. En effet, si l’on peut de nos jours compter du bout des doigts le nombre de réalisateurs camerounais de dessin animé, il n’en reste pas moins que certains  font désormais leur preuve et méritent d’être connus.

Un petit moment en compagnie de SOFFO SIMO Jérôme qui en octobre dernier recevait l’Award du film d’animation au SILICON VALLEY AFRICAN FILM FESTIVAL tenu en Californie aux USA. Il évoque son parcours, ses conditions de travail, ses projets  et les spécificités du métier.

Pourrais-tu te présenter aux nombreux abonnés de CulturEbene ?

Je suis un jeune réalisateur passionné de l’animation. Artiste plasticien et graphiste de formation, j’ai fait plusieurs réalisations dans le domaine du multimédia et je ne cesse de me perfectionner de jour en jour pour pouvoir concrétiser le mieux possible mes idées. J’aime la Bande dessinée, le film d’animation bref le cinéma en général.

Comment es-tu entré dans ce domaine et pourquoi?

Déjà très jeune, j’étais très intrigué par les animations Manga dont je désirais percer le secret des techniques et technologies utilisées. Ce sentiment, le fait de savoir que je pourrais un jour donner vie à mes propres personnages de BD et dans une histoire fantastique à la Dragon Ball de Akira Toriyama, m’a conduit à entreprendre bien avant le Baccalauréat, d’immenses recherches sur internet. A ce moment, mon objectif était d’obtenir le plus d’informations possibles sur les techniques d’animation et des effets spéciaux.

C’est ainsi qu’en 2012, après plusieurs années de formation en autodidacte (environ 4 ans), j’ai pu finaliser la réalisation d’un court métrage d’animation 3D de 2 minutes, avec la contribution de mon collaborateur BALLA Owona Benoît, à qui j’adresse d’ailleurs mes sincères remerciements.

Le rêve devenant réalité, j’ai estimé qu’il étant bon de continuer à m’améliorer tout en faisant connaitre ce secteur au maximum de jeunes qui comme moi, rêvent de donner vie à leur créativité.

Comment on fait pour tourner un film d’animation? Pourrais-tu évoquer tes conditions de travail?

Tout part d’une idée, et le reste dépend de la technique à utiliser. Mais le travail est immense et exige la conjugaison de plusieurs disciplines artistiques. A la base nous avons l’idée qui, ensuite est transcrite en scénario et plus loin en story-board et découpage technique. Selon les désirs et les objectifs du réalisateur, une ou plusieurs techniques sont choisies. Les artistes s’affairent alors pour rendre en image le plus fidèlement possible l’imagination du réalisateur. Les doublures sont enregistrés et ensuite vient la phase de post-production qui va dévoiler l’œuvre de plusieurs mois de travail d’artistes venus de divers horizons culturels.

Concernant mes conditions de travail, je dirais qu’elles sont très difficiles et ne me permettent pas de m’exprimer dans ma totale satisfaction, d’explorer tout mon potentiel. L’animation exigeant davantage de ressources matérielles humaines surtout financières, il est toujours aussi difficile de rallier à la cause nos riches papas qui n’y trouvent jusqu’à présent aucun intérêt. Mais tout ça, va changer.

As-tu déjà sollicité un soutien auprès des institutions gouvernementales compétentes?

Non, mais je m’y prépare sérieusement à travers le prochain projet. A voir les statistiques des subventions du MINAC octroyées aux projets de tous bords, l’on constate que la musique a pris le haut des marches avec environ 75%, suivi du cinéma et de la littérature. Ce qui signifie que jusqu’à présent la culture camerounaise est gouvernée et représentée par un secteur artistique qui en réalité n’est qu’une discipline parmi plus de 102 autres nécessaires  pour la réalisation d’un film. Pourquoi donner tant de moyens à une discipline qui n’implique que la voix le son? Un film c’est plus de 102 métiers réunis, plus de 102 camerounais artisans, couturier(e)s, maquilleuses, stylistes, sculpteurs, peintres, musiciens, acteurs, menuisiers, soudeurs, électriciens et plus encore, qui auront du travail simplement avec un projet de film financé. Quoi d’autre pourrait valablement représenter tous les pans de la culture camerounaise qu’un film? L’Amérique, la chine, l’inde et aujourd’hui le Nigeria s’imposent culturellement avec le cinéma. Qui ne connait pas le Manga japonais? Ou encore les vertus du thé chinois à travers les films de jet li? Qui ne connaît pas les grandes villes américaines et leur passion pour les armes? Pour les grandes choses? Le Cameroun doit se vendre d’avantage à travers le cinéma et entre autre par les vraies musiques camerounaises et non les musiques étrangères « camerounisées ».

Mais la question est aussi celle de savoir ce que font les cinéastes pour changer cette tendance. Et je croix qu’avec la nouvelle génération, beaucoup de choses vont évoluer dans ce sens car nous allons avec beaucoup de professionnalisme nous imposer tout doucement.

Et comment comptes-tu t’y prendre pour apporter ta contribution à ce mouvement?

Sous l’initiative de Mr Pierre Bizo que vous connaissez certainement, nous avons mis sur pied le projet Emanfilm donc je suis le porteur. Sous l’appui institutionnel du Minac et le précieux soutien de l’IFC, nous nous acheminons vers un évènement d’envergure qui est celui d’être présent au Festival d’Annecy 2018 comme pays émergent en film d’animation.

Nous avons également prévu l’organisation d’une série de master class composée d’experts d’Annecy pour permettre aux porteurs de projet de film d’animation d’être plus professionnellement outillées.

Je profite de cette occasion que vous m’offrez pour rappeler qu’un appel à projet a été lancé  sur le site www.emanfilm.org et que nous sommes ouverts à tous propositions de collaborations susceptibles de contribuer à l’avancement du projet.

J’ai pour ma part créé une association « Tous’anim » donc la principale mission est de promouvoir les métiers du cinéma d’animation et des jeux vidéo, mais aussi de souligner la nécessité d’une influence culturelle dans toutes créations d’œuvre de l’esprit. Nous travaillons essentiellement avec les écoles et les collèges, car Il est plus que jamais temps, de sensibiliser les plus jeunes sur les différentes possibilités d’auto emplois et de préparer la relève. La révolution culturelle se fera par la future génération si nous leur donnons les bases dès à présent, et cela implique impérativement la valorisation des modèles de réussite.

Selon nos sources, tu es en ce moment l’un des réalisateurs camerounais du film d’animation le plus primé avec 6 prix en deux courts métrages donc le dernier aux USA. N’envisages-tu pas de passer à l’étape supérieure?

Je suis sur un gros projet de long métrage qui prend peu à peu vie. Je dévoilerais les premières images courant 2017.

D’autres projets?

Bien sûr, en art, en musique et en évènement Mais qui ne nécessite pas encore d’en parler.

Des personnes à remercier ?

En effet. Je voudrai tout particulièrement remercier ma maman et toute ma famille, tous ceux qui m’ont toujours soutenu de près ou de loin. Je voudrai remercier mes amis et collaborateurs. Merci également à tous ceux qui très prochainement vont m’ouvrir leur porte enfin qu’ensemble nous contribuons à l’émergence d’un cinéma d’animation camerounais de qualité et compétitif.

Projet de développement du cinéma d’animation camerounais

emanfilm.org

Contact Jérôme SOFFO:

General MANAGER of Studio Solf

Infographiste 3D, Graphiste Designer

Tel:(237) 69 857 25 46

soffo@studio-solf.net

www.studio-solf.net

 

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