Perles Rares 2013 : Conférence-débat sur la capitalisation de la mode au Cameroun.

Apprenants, participants, curieux, journalistes et professionnels de mode ont pris part hier à l’échange sur la problématique de la capitalisation du secteur au Cameroun. Parmi les panélistes, M. Tayou Kamgué, Dio Ali (Président du festival), Yves Eya’a (Parrain du festival), Cecile Agius (représentante de l’Ifc de Yaoundé) et Prince Eberreipye à la modération. Prenant la parole en premier, M. Tayou Kamgue illustrera son propos introductif avec un documentaire afin d’édifier les uns et les autres sur l’existence « palpable » d’une mode « africaine », et camerounaise en particulier. L’élément visuel à nous présenté sur vidéo-projection découle d’une analyse, fruit des recherches de la chroniqueuse de mode Roselyne Belinga. Cette dernière était alors invitée sur le plateau d’une chaine internationale, et le peu qu’on ait pu voir nous démontrait à suffire, que l’Afrique (en plus d’être le berceau de l’humanité) inspire les grands couturiers et créateurs de mode « européens », pour ne pas dire se fait plagier…

Des coiffes inspirées des traditions Yoruba (Nigéria) aux tresses des tribus Mangbetu (Congo) fidèlement reprises lors du défilé 2008 de Christian Dior, en passant par des tissus Bogolan d’Afrique de l’Ouest carrément utilisés par Oscar Delarenta qui n’a pas hésité d’user des confections traditionnelles (qui reprennent des codes aussi bien au niveau des graphismes qu’au niveau des couleurs) des tribus d’Afrique du Sud aux colliers de perles (qui d’ailleurs lui ont valu moult plaintes), sont autant de preuves tangibles qui trancheront (enfin) le débat sur la question.

La nécessité d’une structuration du secteur et ce par « les » professionnels, soulevée par Rodrigue Tchatcho (jeune styliste et représentant du festival Lambo La Tiki), élargira la discussion, pour sa pertinence ; d’ailleurs, ce dernier usera d’un ton ferme suggérant l’extirpation des brebis galeuses de ce métier. Une proposition qu’accueille avec joie M. Tayou Kamgue : « Ils viennent même plutôt détruire le milieu, dans la mesure où tout le monde ne saurait se prévaloir le statut de médecin, c’est pareil dans le milieu de la mode. Elle obéit à ses codes, c’est un domaine hiérarchisé », nous dira-t-il.

Troisième industrie porteuse du pays (après les Brasseries) il y a quelques années, le Cameroun a en (industrie textile) fait un cimetière, s’offusque Tayou K. Il faudrait alors tout repenser. Outre la structuration, l’homme prône la méthode aux cinq « M » : On parlera d’une industrie s’il y a des Machine, de la Main d’œuvre, la Maintenance, la Matière première, et la Méthode de travail.

Yves Eya’a quant à lui épousera les différentes suggestions, non sans apporter sa touche personnelle en sa qualité de Directeur du Centre des Créateurs de Mode du Cameroun (CCMC), en posant les jalons du prochain rendez-vous du Forum des Métiers de la Mode et du Design dont il est le promoteur ; les participants seront désormais suivis pendant 04 mois (de Janvier à Mai 2014) sur quatre modules à savoir la Technique, l’économique, le juridique et l’industrielle. Les candidats peuvent d’ores et déjà déposer leurs dossiers et ce jusqu’au 30 Novembre prochain. Seules les candidatures de 10 créateurs ou/et aussi des projets communs (de groupes) seront retenus pour cette formation.

Demain, 08 Novembre à la Place St Josué se tiendra la grande soirée de Gala à partir de 19h ; une cérémonie qui ne manquera pas de couleurs à en juger l’avant goût à nous servi Mardi dernier lors de la cérémonie officielle matérialisée par la coupure du ruban symbolique, par le représentant de l’Ambassade du Sénégal au Cameroun, à l’Ifc de Yaoundé où se tient encore une expo-vente et vernissage des créateurs locaux.

Nous vous recommandons vivement d’y faire un tour.