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Ernest Ouandié: 15 janvier 1971 – 15 janvier 2018, 47 ans déjà!!!

Ernest Ouandié, né en 1924 à Badoumla (arrondissement de Bana, région de l’Ouest du Cameroun), dans une famille bamiléké, est mort fusillé le 15 janvier 1971 à Bafoussam par les autorités camerounaises, durant le mandat d’Ahmadou Ahidjo, président de la République du Cameroun.
Ouandié est une grande figure de la lutte pour l’indépendance du Cameroun et des premières années de la république camerounaise. A la mort de Félix-Roland Moumié, il lui succéda à la présidence de l’UPC.
Le 27 juin 1991, il fut déclaré héros national par l’Assemblée nationale du Cameroun.
La loi no 91/022 du 16 décembre 1991 le réhabilitera celui-ci ayant
« œuvré pour la naissance du sentiment national, l’indépendance ou la construction du pays, le rayonnement de son histoire ou de sa culture. »
Aux termes de l’article 2 de la loi précitée, « la réhabilitation (…) a pour effet de dissiper tout préjugé négatif qui entourait toute référence à ces personnes, notamment en ce qui concerne leurs noms, biographies, effigies, portraits, la dénomination des rues, monuments ou édifices publics» Cependant, à ce jour, « Il n’y a pas de monument à la gloire des nationalistes camerounais » (Jean Kouffan, professeur d’histoire et enseignant à l’Université de Yaoundé I).
Il est né à Badoumla, arrondissement de Bana (Haut-Nkam) mais serait originaire de Bangou dans les Hauts-Plateaux. Son père Djemo (ou : Djeumou), grand notable badoumla, et sa mère Kapsu se seraient mariés en 1905. Djemo a trois épouses.
Ouandié – nom qui signifie « qui est dans la maison ? » ou « qui est en sécurité ? » – est le 5e de 7 enfants issus de la même mère : Ngako, Yemdo, Mboutchak, Djieumo, Ouandié, Djoma et Kamdem.
En 1927, alors qu’Ernest Ouandié était âgé de 3 ans, son père fut astreint aux travaux forcésNote 1 non loin de Bafang, à Djimbong, située dans l’actuel arrondissement de Kekem (région de l’Ouest, département du Haut-Nkam, en pays bamiléké), dans les plantations de café appartenant aux colons français. Vers 1929, très malade, il fut renvoyé dans son foyer et ainsi il put rejoindre ses épouses et ses enfants à Bangou.
De 1933 à 1936, il fut scolarisé à l’école publique de Bafoussam (quartier Famla).
En 1937, il fut admis à l’examen de ceux qui devaient continuer le cycle primaire.
De 1937 à 1939, il fréquenta l’École régionale de Dschang.
En 1940, il fut reçu au Certificat d’études primaires élémentaires » (CEPE) ainsi qu’au concours d’entrée à l’École primaire supérieure de Yaoundé où il obtint le Diplôme des moniteurs indigènes (DMI).
Il épousa d’abord Njila (fille de Diffo Petko) avec laquelle il eut un enfant qui mourut en bas âge, avant leur divorce.
En secondes noces, il se maria à Douala le 5 décembre 1948, avec Marthe Eding, née en 1921, femme bakoko rencontrée l’année précédente à Édéa, où il était affecté.
Cinq enfants sont issus de cette union : Philippe, Mireille, Irène, Monique et Ruben Um Nyobé.
Hors mariage, il aura eu au moins trois enfants – dont une fille prénommée Ernestine, née à Yaba (Lagos, au Nigeria) le 11 mai 1961, d’une mère ghanéenne qu’il avait connue lors de son exil à Accra. Celle-ci sera retrouvée morte à Foumbot (département du Noun), en octobre 2009).
Sa veuve est morte à 95 ans, le 15 avril 2016, en son domicile de Bonabéri, un quartier dans la ville de Douala.
l est enseignant dans le secteur public ; sa carrière est marquée par d’innombrables affectations dites disciplinaires, en réalité à caractère politique.
• 1944-1948 : enseigne à Édéa et milite au sein de l’Union des syndicats confédérés du Cameroun (USCC).
• 1948 – 15 janvier 1971 : militant, puis dirigeant de l’Union des populations du Cameroun (UPC).
• 7 octobre 1948 : il est affecté à Dschang.
• 6 novembre 1948, soit un mois après : il est affecté à Douala comme directeur de l’école publique du quartier New-Bell Bamiléké.
• Agé de 28 ans, quitte sa famille à vélo pour mener une quête importante dans la lutte avec l’UPC. Désormais, il ne verra plus femme et enfants
• Septembre 1952 : élu vice-président de l’UPC chargé de l’organisation et directeur de la Voix du Cameroun au 2e congrès à Eséka.
• Septembre 1953 : affectation à Doumé, puis à Yoko ; il implante l’UPC dans le Mbam.
• 29 juillet – 12 septembre 1954 : voyage en Chine, où il assista du 9 au 15 août 1954 au Congrès mondial de la jeunesse démocratique, puis à Paris et à Moscou.
• Décembre 1954 : affectation à Batouri, puis à Bertoua
• 29 janvier 1955 : à nouveau affectation à Douala, où le haut-commissaire Roland Pré entreprend de rassembler tous les dirigeants de l’UPC pour les tenir en permanence à sa portée.
• 1955 : exil au Cameroun occidental.
• 1956 : création du Syndicat des enseignants à Édéa.
• 3 juin 1957 : le gouvernement britannique interdit l’UPC. Expulsion du Cameroun occidental et déportation à Khartoum (Soudan) avec Félix-Roland Moumié, Abel Kingué et 10 autres militants nationalistes (UPC, UDEFEC et JDC).
• Mars 1959 : participation à l’Assemblée générale extraordinaire des Nations unies consacrée à l’Indépendance du Cameroun.
• 1960 : rencontre Albert Mukong à Accra, qui l’encourage à abandonner la lutte armée et à participer aux élections de 1960, ce à quoi était favorable Félix Moumié mais cette opinion fut mise en minorité car Ernest Ouandié refusera, approuvé en cela par Abel Kingué.
• 1960 : rencontre Nelson Mandela au Caire à qui il recommanda chaudement de ne plus hésiter à engager la lutte armée contre l’apartheid, car c’est malheureusement le seul langage compréhensible par les partisans de celui-ci.
• janvier 1961 : En compagnie d’Abel Kingué, se rend au Caire (qui continuait sa politique ambivalente vis-à-vis du Cameroun, nouant des liens diplomatiques bilatéraux tandis qu’en même temps, il offrait l’hospitalité aux opposants politiques). A cette occasion, ils dénoncèrent la coopération du gouvernement camerounais avec l’impérialisme (cité par Akhbar du 15 janvier 1961).
• 21 juillet 1961 : retour clandestin au Cameroun, prend les commandes de l’armée de libération nationale kamerunaise (ALNK) et réorganise celle-ci.
• Août 1961 : regagne les montagnes du Moungo pour poursuivre la lutte jusqu’à son arrestation.
• 13 septembre 1962 : préside sous maquis une assemblée populaire qu’il a convoquée. La décision de création du Comité révolutionnaire comme Direction provisoire de l’UPC est prise. De même est décidé la création d’un état-major de l’ALNK.
• 25 avril 1963 : préside sous maquis une nouvelle assemblée populaire qu’il a convoquée. Cette assemblée confirme les décisions de la précédente.
• 1965 : Avec l’autorisation du chef de l’État, Mgr Ndongmo, un Bamiléké, rencontre Ernest Ouandié pour étudier les conditions de sa reddition. L’affaire restera sans suite.
• 19 août 1970 : arrestation à Mbanga, dans le Moungo. Il est aussitôt conduit dans les locaux de la Brigade mixte mobile (BMM) à Kondengui, près de Yaoundé, tristement célèbre pour ses salles de torture et dont le chef, Jean Fochivé, « représentait la terreur » et n’avait de comptes à rendre qu’au chef de l’État. Lors de sa détention dans les locaux de cette police secrète paramilitaire, il partagera la cellule d’Albert Mukong, ancien secrétaire général du One Kamerun de Ndeh Ntumazah et, en tant que tel, habitué des prisons politiques.
• 28 décembre 1970 : comparution devant le tribunal militaire de Yaoundé en compagnie de Mgr Albert Ndongmo et de 26 coprévenus.
• 5 janvier 1971 : condamnation à mort par le tribunal militaire.
Force l’admiration du public en portant publiquement la contradiction et en acculant littéralement Léopold Sedar Senghor qui tentait, à l’instigation de l’administration coloniale et du haut de son agrégation de grammaire, de convaincre les Camerounais d’abandonner la revendication de l’indépendance nationale, à la Salle des fêtes d’Akwa.

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