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Psychose post-électorale

L’actualité nationale et même internationale est quasi braquée sur l’après élection présidentielle de 2018. Pour cause, cet évènement est présenté comme situation charnière dans l’histoire de la République du Cameroun. Ce qui donne tant d’importance à cette élection, que certains qualifient d’élection à haut risque, sont ces quelques controverses observables dans l’actualité depuis ses débuts.

Commençons par le commencement, c’est le 9 juillet 2018 que le Président de la République du Cameroun a signé le Décret N°2018/391 du 09 juillet 2018 portant convocation du corps électoral en vue de l’élection du Président de la République le 7 octobre 2018.

Aussitôt, les réactions des acteurs politiques se firent mitigées. Deux principales réactions s’opposaient. Le mouvement Stand Up For Cameroon, adepte pour une « transition politique » proposait comme préalable à toute élection au Cameroun, de revisiter le code électoral qui date de novembre 2012 afin de le réécrire. Cette position est fermement défendue par Edith Kawala, la présidente du CCP (Cameroon People Party), qui appelait au boycott pur et simple depuis les inscriptions sur les listes électorales. Elle argumentait publiquement que gagner le Président Paul Biya ou le RDPC dans une élection serait impossible avec cette disposition de la loi. Pour l’illustrer, elle utilisait l’allégorie du football. Pour elle, s’était comme jouer une partie de football contre une personne qui est à la fois arbitre et joueur puis commissaire du match.

Mais un autre son de cloche retentissait parmi les électoralistes. De nouveaux venus dans la scène politique entrèrent en lisse. C’est le cas de Cabral Libii, un jeune audacieux de 38 ans, très connu dans l’univers médiatique. Il en profitait pour lancer le mouvement 11 millions d’inscrits sur les listes électorales. En expliquant qu’il était possible de changer les choses par la force des bulletins jetés dans l’urne. Dans la foulée, Me Akere Muna, Bâtonnier et ancien président de Transparency International, est l’un des tous premiers candidats officiellement engagés. C’est au soir du 09 juillet 2018, qu’il sort de son silence.
Faut-il aller ou ne pas aller aux élections ? Au lendemain du 22 septembre, date du lancement officielle de la campagne présidentielle, la question ne se pose plus. Les 9 candidatures retenues par Elecam engagent leurs actions de séduction auprès des électeurs.

Deux semaines à la veille de la tenue du Scrutin prévu pour le 07 octobre 2018, les camerounais ont donc la surprise de découvrir une guerre communicationnel tel qu’ils n’en voient que dans des séries télévisées et des polar comme Scandale. D’abord, la chasse au slogan. Certains ont pris du vieux pour faire du neuf. C’est le cas de président sortant Paul Biya, du haut de ses 35 ans à la tête de l’Etat , qui propose « La force de l’expérience » ; indiscutablement le même que le dernier slogan utilisé par feu Omar Bongo, président gabonais, pour sa dernière campagne présidentielle du 27 novembre 2005 au terme de laquelle, il a est réélu avec 79,18 % des suffrages. Dans la même foulée, le Pr Maurice Kamto, un autre candidat, avocat réputé pour avoir défendu avec brio l’Etat du Cameroun contre celui du Nigeria, pendant le procès ouvert pour le conflit de la péninsule de Bakassi, opte pour un slogan plutôt inspiré de celui de la dernière campagne qui lui porta chance à François Hollande: « Ensemble, c’est possible ».

Les gadgets traditionnels fusent de partout. Et le branding entre aussi en lisse avec le Candidat Serges Espoir Matomba, un jeune homme d’affaire, qui innove avec un bus de 70 places totalement revêtu de l’effigie du candidat. Dans cette guerre de la communication, les hostilités sont lancées. La conquête de l’espace communicationnel est un enjeu majeur. Si Cabral Libii gagne de la sympathie avec ses sorties toujours animées dans le petit écran, pareillement, les portes paroles et représentants de candidat Kamto s’y érigent en bourreaux des intellectuels dans les médias. Pendant ce temps, les affiches du candidat sortant et des candidats entrants bleuissent l’espace publique d’affichages prévus ou non. Parfois, ce manque d’élégance est décrié par les uns et les autres sollicite l’intervention d’Elecam.

Les meetings se multiplient sur l’ensemble du territoire national. Même les zones en conflits comme le Sud-Ouest et le Nord-Ouest du Cameroun sont sollicitées. Quoique les réalités sécuritaires soient des plus à craindre, chaque candidat trouve l’importance de maitriser sa communication.

Avant la date du 07 octobre, les sondages dans le cadre de qui sera le vainqueur de cette campagne sont de plus en plus nombreux et les résultats statistiques des plus controversés. Majoritairement, deux tendances s’opposent. Certains sondages donnent le Président sortant largement vainqueur. D’autres sondages annoncent une victoire d’un des candidats de l’opposition. Une autre guerre des chiffres!
Puis, les tendances électorales publiées dans les réseaux sociaux au lendemain du scrutin du 07 octobre font plus que polémiques. Certains donnent le Pr Maurice Kamto vainqueurs et d’autres sources plus réservées, préfèrent attendre le verdict d’Elecam. Quoi qu’il en soit, la promulgation des résultats s’annonce sous un ton d’invective de part et d’autre. Le Candidat Maurice Kamto en coalition avec l’autre Candidat Akéré Muna annonce déjà leur intention à « défendre la victoire ». Le Gouvernement lors de ses dernières sorties médiatiques (par le biais de Ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement Issa Tchiroma Bakari et son homologue de la décentralisation Paul Atanga Nji) dans une mise en garde, appelle les candidats à cette élection à respecter la décision de la Cours Constitutionnelle, qui est la seule institution habilitée à la promulgation des résultats et à commettre de la gestion du contentieux électoral. Depuis la fin du Scrutin, la suite s’annonce comme un dialogue entre chiens de faïence.

Après une sortie médiatique du Candidat Maurice Kamto qui annonce sa victoire, l’autre Candidat Cabral Libii choisi sa page facebook, le même soir du 08 octobre pour remercier ses électeurs pour l’avoir élu. Toutefois, les observateurs internationaux prennent le parti de mettre en garde toutes les parties impliquées dans cette élection présidentielle de possible dérives sociales, voire de trouble civiques que pourraient amplifier le sentiment de replis identitaire, l’intolérance et le suivisme. Nous exhortons toutefois toutes les parties à considérer qu’au-delà des enjeux électoraux, la politique reste un jeu dont le respect des règles et le fairplay, constituent le charme absolu et l’une des clés de la victoire.

 

 

Une chronique de Delphin Néo

 

 

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