Festival “Marrakech du rire” avec Jamel Debbouze aux commandes

La ville entière est aux couleurs du MDR : les 4×3 surplombent les bâtiments officiels, des affichettes dans toutes les échoppes, des babouches Debbouze dans le souk. Une cinquantaine de voitures officielles siglées en lettre dorées “Festival international du Marrakech du rire” parcourent la ville dans tous les sens, au milieu des calèches. On attend des Vip (tels que Luc Besson, François-Xavier Demaison, Amaury Leveaux, Tomer Sisley, et même Samy Naceri, qui n’a jeté aucun plat à tajine dans la tête de personne) et des francophones du monde entier. Ambiance Cannes, les films et la coke en moins.

Le festival est placé “sous le haut patronage de sa majesté le Roi Mohamed VI”. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire mais on connaît l’amitié entre M6 et Mel-Ja. En vrai, ça facilite surtout les autorisations, comme squatter le mur ancestral du Palais Badii et de retourner la ville comme on veut pendant le festival. A Kech, la famille princière s’appelle Debbouze.

Gignac, Jonathan Lambert et Roland Courbis…

Le match de foot “Charity Game” au Marrakech Stadium : sur le terrain, des footballeurs stars en pagaille, Desailly, Gignac, Coupet, Dhorasso, Ben Arfa, Makelele baladent les humoristes, dont Jonathan Lambert, qui n’avait pas fait de foot depuis l’école primaire. Au bout de 10 minutes, Jamel sort prendre un shoot de ventoline et échanger quelques balles avec les gamins. Franck Gastambide des Kaïras hérite des cages, son nain sûr Anouar Toubali s’occupe des penaltys, sous l’œil amusé de l’équipe nationale du Maroc. Résultat : 4 à 5, je ne sais plus vraiment pour qui, mais Guy Roux, un des coaches (avec Charles Bietry et Roland Courbis) dénonce une erreur et grommelle que son équipe a gagné. Plus de 6 000 enfants en délire qui chantent dans les gradins sur le “C’est la vie” du moustachu Khaled. Ça fatigue, mais c’est pour la bonne cause, celle des gamins des rues, pris en charge par l’association Al Karam, qui milite pour les droits de l’enfant.

Luigi Li gagne le prix “Jeunes talents” de la scène internationale, la première du genre : face à d’autres humoristes français, marocains, suisses, belges, gabonais, ivoiriens ou québécois, celui qui a mérité sa place au sein de la troupe du Comedy Club a survolé la compétition avec des punchlines comme “Je suis sûr qu’il y a déjà un diabétique qui a essayé de se suicider avec un makrout” C’est sans nul doute le mec de la scène émergente à surveiller de très près.

Guy Roux le Chinois

Guy Roux me parle de ses origines chinoises. Sous la tente qui abrite les VIP en attendant que ne commence le grand gala. Peut être parce que je d’origine asiatique. Ses ancêtres viendraient des steppes et auraient fait halte dans l’Yonne ; le nom de la ville viendrait même d’un mot chinois. Quand je lui dis que c’est peut être pour ça qu’il a les yeux “un peu bridés”, il corrige hébété : “Ils sont ridés”. Après vérification, les Chinois de l’Antiquité n’ont jamais galopé en Bourgogne, et “Sens” vient du peuple gaulois les “Sénons”. En fait, Guy Roux est un super humoriste.

Kev Adams ne donne aucune interview, même pas 5 minutes. Il serait trop fatigué. Heureusement, il est venu avec sa horde, en mode Entourage et kiffe la piscine de l’hôtel. Son passage sur scène est le seul qui n’a pas été relu par les auteurs de Jamel, résultat, un moment gênant sur scène.

“Pour le gala, il faut sortir un peu des potes”

Les révélations de ce festival sont sans aucun doute Jérémy Ferrari, Malik Bentalah et Jeff Panacloc qui ne sort jamais sans le singe qui a une main dans le cul, Jean-Marc (sa marionnette irrévérencieuse à souhait).

“Des gens comme Jeff ou Jérémy Ferrari, ce sont des gens qu’on ne connaissait pas personnellement, nous dit Mohamed Hamidi, l’éminence grise de Jamel. C’est vrai que ce ne sont pas les comédiens les plus naturels dans l’univers de Jamel, mais c’est aussi bien. Pour le gala, il faut sortir un peu des potes”.

Même s’ils sont là, comme Malik, acclamé sur scène. La conférence de presse ne s’intéresse qu’aux poids lourds du festival, il n’hésite pas à lâcher : “Si vous plaît, posez moi une question, demandez-moi n’importe quoi : ma pointure, n’importe quoi”. Mention spéciale à Mohamed Nouar, un nouveau du Comedy Club, chargé de chauffer le public du Grand gala pour Jamel. Exercice plus que périlleux, quand 3000 personnes s’impatientent dans le froid du crépuscule marrakchi.

Des moments suspendus inattendus, comme les tours de magie de Kamel le Magicien, s’évadant d’un four micro-ondes, ou qui fera apparaître Amel Bent. Bon, je vous l’accorde, c’est pas son meilleur tour. Mais aussi Patrice Thibaud, un ancien de la troupe Deschamps-Makeïeff, reconverti en mime génial, entre Tati, De Funès et Tahiti Bob des Simpsons. Sans oublier Jamel qui danse, au début du show, entouré par une demi-douzaine de b-boys en costards. Il se dit d’ailleurs qu’une journée consacrée à la danse pourrait se rajouter au MDR 2014.

…Jay-Z, Daft Punk et Psy

Les after officielles sont gérées par Momo, le frère Debbouze rendu célèbre par le film Tout sur Jamel. Elles se passent au club La Palmeraie. Des Nabila partout, un redoutable service de filtrage VIP que je n’arriverais pas à déjouer, et quelques comiques errant au milieu de tout ça. C’est loin du centre ville où tout se passe, trop loin pour y aller.

Les rumeurs les plus ouf : les rappeurs blockbusters Busta Rhymes, puis Jay-Z (rien que ça) doivent “ambiancer” les afters du MDR. Finalement, on aura Ryan Leslie et Matt Houston. Psy, le Coréen le plus connu du monde, devant Kim Jong-un, est de toutes les fêtes. Sauf qu’il s’agit de son sosie auto-proclamé, Denis. Philippe Vandel et ses assistantes auraient les plus belles chambres de tous les journalistes. Les Daft Punk feraient la fermeture du grand gala. Et ça c’est vrai … Si on accepte l’idée que Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homen-Christo s’appellent en fait Mickaël Youn et Jamel Debbouze.