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Les Paris Fous et Stupides : le nouvel opium du peuple

Les jeux de hasards depuis lors sont devenus une coutume, voire une culture dans la société africaine et camerounaise en particulier. Ils sont ancrés dans notre personnalité de base. Par-là, nous finissons par devenir les pions et les marionnettes de la danse macabre, cupidement et savamment organisée de ces pilleurs, ces ingénieurs de « la machine à aspirer l’argent », pour parler comme Odile Tobner (le maquis des jeux en Afrique). À chaque course, on promet des sommes énormes, accompagnée des slogans forts flattant, insistant sur le pronom « tu », afin de rassurer à chaque joueur que c’est à lui qu’appartient la grande cagnotte. On présente souvent des vainqueurs fictifs à l’issu de ces jeux, en lançant des nouveaux slogans du genre, « qui sera le prochain » « à qui le tour » ?, c’est un « jeu de hasard », mais il est programmé depuis les écuries par les organisateurs, où le cheval sur lequel on a le plus parié est déclaré officiellement non-partant quelques minutes avant le tir de départ.

Mais les stratégies sont mises en place pour ne pas décourager le futur vainqueur de la cagnotte. Il existe la prime, le bonus. C’est la raison pour laquelle on retrouve souvent un parieur en train de donner à boire à ses amis, parce qu’il a gagné un bonus de 50 000 F Cfa, pourtant il a, avant ce lot, dépensé plus du triple, sans compter ce qu’il a consacré pour arroser sa gagne. Le « lot de consolation » a atteint son fameux objectif.

Personne malheureusement n’arrive à s’en rendre compte. C’est ici que la formule selon laquelle : la passion rendrait aveugle, retrouve tout son sens et sa puissance. Car ses amis veulent faire pareille, ils veulent gagner à leur tour, si ce n’est malheureusement la grande cagnotte, au moins le bonus, ils sont confiants, ce n’est pas du bluff, ça gagne, oui, ils en sont des témoins oculaire, mais avec une vue corrompue, parce qu’aveuglé par les millions à gagner

Les parents, les plus côtés à ces jeux de paris mutuels, puisqu’ayant les moyens de le faire, ont souvent une dizaine de combinaisons entre leurs mains qu’ils ne peuvent pas tout faire seuls. Ils rentrent souvent, à l’heure des études de leurs enfants, et leurs demandent de cocher à leur place, apparemment et bibliquement, Dieu écoute plus les prières des tous petits. Mais ça ne marche toujours pas. Les enfants n’ont pas toutes les fournitures scolaires, mais le père sait comment résoudre ce problème. En donnant au multiplicateur de la richesse. Ce père est très positif et spirituel, il connait la clef de la fortune : « donner pour recevoir ». Il donne au pari, mais apparemment les chevaux ne savent pas jouer à ce jeu. Ils le refusent même carrément, car selon eux, le Christ, pour entrer solennellement à Jérusalem, a choisi un ânon plutôt qu’un cheval.

Mais une fois, sur une centaine de tentative, la roue de la fortune lui sourit, il gagne quelque centaines de milles. Il sourit, sa femme et ses enfants aussi. Il a donné, et il a reçu les 1/10E de son investissement, apparemment le pari, est l’envers du décor des secrets de la dime chrétienne. De nouveau encouragé, il veut gagner plus, il sait qu’on récolte ce qu’on a semé, mais il sème le hasard, comment récolter la certitude. La maxime qu’il ignore c’est qu’ « une fois n’est pas coutume ». Car comme l’a dit Pascal dans ses pensées : « tout joueur hasarde avec certitude pour gagner avec incertitude ». C’est seule la ruine, qui peut empêcher ce parieur dévoué à son métier à jeter l’éponge. Bien sûr pour un temps, le moment aux richesses de se refaire, et a la foi perdue de ressusciter…

Nos jeunes aussi sont entrés dans la danse, et ils sont mêmes en train d’aller plus vite que la musique. Il y’a quelques mois, on a installé dans nos rues les kiosques de pari consacré au football. Oui ! La mayonnaise a pris, et très vite. Certainement, les initiateurs de ce projet ont au préalable fait, une vraie étude de marché et une étude anthropologico-sociologique profonde de nos sociétés. Et le résultat à n’en point douter était le suivant : les jeunes adorent le football et l’argent facile. Et la stratégie mise sur pied a été la suivante : comment leur promettre de gagner assez d’argent, par le moyen du football. Surtout pas en organisant des championnats de vacances, ou en finançant les ligues et divisions, ici la rentabilité n’est pas garantie, et ils le savent. Ainsi, Les paris fous, foot et food ont vu le jour.

C’est devenu une folie, pendant les cours, les élèves cogitent sur leurs combinaisons, à la maison, ils veillent, pas pour prier, ni pour apprendre le cours qu’ils n’ont pas suivis ni copié en journée, mais pour voir les résultats des matchs. C’est peut’ être la raison pour laquelle ce marché fleurit en Afrique noire. La recherche du gain facile, le moindre effort, les conditions misérables de vies. Et pour nous consoler de nos misères on se livre au divertissement, or comme le répète Pascal « c’est la plus grande de nos misères ».

 La faiblesse d’esprits de nos jeunes, et de nos vieux qui n’en sont pas épargné, est devenue le fonds de commerce de ces hommes d’affaires rusés. Qui comme le prophète Elie, réussissent à retirer de la poche du plus pauvre, les deux tuniques qui lui manque pour vivre son dernier jour sur terre. Mort précipitée par le défaut de pain. Mais contrairement à Elie, ils ne savent pas leur en donner en retour et en quintuple. Ils disent qu’ils le leur seront donnés au royaume des cieux en centuple.  

C’est eux les premiers dans ces cas, à pleurer misère, et à tirer à boulets rouges sur le système, qu’ils qualifient de pilleur et de gaspilleur. La capture mentale est loin d’être terminée. Oui, on ne récolte que ce que l’on a semé. Et ceci n’est point un hasard. Celui qui confie sa vie au hasard, ne doit pas se plaindre quand celui-ci sera en sa défaveur. Et celui-là n’est qu’un démissionnaire, qui occulte l’action et la création pour espérer une autre manne qui descendrait du ciel. Comme si le ciel n’en avait pas déjà assez donné, et n’en avait  que si peu reçu.

Ce n’est qu’avec des épithètes de folie, et de stupidité que nous pouvons qualifier tous ces jeux ayant trait au hasard. Que ce soit le loto, le bingo, le poker, grattage, tirage, machine à sous, tombola…Car ils offusquent la visibilité de la liberté humaine, du libre arbitre et de la responsabilité. Il faut que l’Afrique sorte de ses croyances mystico-religieuses, de son monde de l’invisible, et de son attachement à tout ce qui a trait à l’ésotérique. Car on n’investit pas dans la chance, l’homme est ce qu’il se fait, et non ce que le hasard ou la nature a fait de lui. Il faut sortir de cet argument paresseux du déterminisme, et comme l’a dit Voltaire par la voix de Candide, prendre les outils, et « cultiver notre jardin ».

By TATLA MBETBO Félix, dans la capitale.

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