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Réponse D’un Homme A Coco Argentée : L’homme est l’homme tant que « ça s’élève », Un contre discours d’une musique contre-nature

Les uns disaient que l’expression exacte est : l’homme est l’homme tant que ça se lève. Les autres soutenaient en affirmant que ça sonne mieux comme ça. C’est vrai, et je savais là que je venais de faire un sacrilège, ma phrase était une hérésie, voire même un blasphème contre ce que j’appelle le verset sacré. Il est vrai, je ne vous cache pas mon projet, c’est celui de poser un contre discours à ce verset contre-nature, qu’on me promette la lapidation, la condamnation ou la crucifixion, je reste zen. A cette phrase issue d’une chanson à classer parmi les musiques de Sodome et de Gomorrhe, (selon Hubert Mono Djana) qui dit : « l’homme est l’homme tant que ça “se lève“ » je veux l’opposer à celle-ci : « l’homme est l’homme tant que ça “s’élève“ ».

Cette sacrée phrase, extraite de cette musique vulgaire connue et chantée par tous, de la chef d’entreprise pendant ses heures creuses, à l’enfant de l’école primaire pendant les fêtes de fins d’années. Partout où l’on passe, à pied ou à véhicule, c’est elle qui nous accompagne. Elle est clouée aux lèvres des camerounais, si bien qu’il arrive à certains de la répéter à haute voix, alors qu’au fond ils n’aiment pas. Il est vrai que les folies à force de les répéter, prennent lieu de sagesse. Elle est même en passe de devenir la chanson de l’année, non pas seulement parce qu’elle est la plus écoutée mais la plus aimée. Elle est la continuité de cette idéologie qui voudrait réduire l’homme au seul niveau du « ventre » et du « bas vendre ». Alors qu’on n’en avait pas déjà fini, vient donc « l’homme est l’homme tant que ça se lève ».

Donc pour que l’homme puisse être reconnu comme tel, il faut que « ça » se lève ! « Ça » selon le dictionnaire larousse, est une expression familière qui se réfère à « cette chose là ». Et dans cette phrase, nous savons tous à quoi cette musicienne fait référence lorsqu’elle parle de « ça ». Alors il faut qu’une chose se lève en l’homme pour qu’il se dise homme, ceci est vrai. Mais elle a confondu de chose.

La chose à quoi elle fait référence, ne peut qu’enfermer l’homme dans la dictature du règne animal. Animé essentiellement par les instincts et les pulsions. C’est amenuiser l’homme, c’est le ramener au niveau des choses parmi les choses dans le monde. Elle veut donc substituer « l’être » à « la chose ». Comme l’a si bien dit Njoh Mouellé, elle veut substituer « l’être » à « l’avoir ». L’homme est ce qu’il a et non ce qu’il est ceci est une aberration. Il n’est homme que s’il possède la puissance, la virilité, donc l’animalité.

Le plus grand psychanalyste de tous les temps en la personne de Freud disait que : « l’homme totalement guidé par “ça“ n’est plus qu’une bête ». pour ceux qui ont fait un peu de philosophie, on leur apprend que « le ça » c’est le réservoir des pulsions refoulées, des passions et des appétits. Et l’homme qui passerait sa vie à les satisfaire dans le but de s’affirmer comme homme, n’est là qu’en train de se faire bête. Pour parodier Pascal : en voulant faire l’homme il a fait la bête.

Or « le ça » s’oppose au « surmoi », il agit sur le ça, lui dicte les choses, il est le juge moral du ça. Mais qu’est ce qu’il y’a de moral dans cette chanson ? Rien, c’est justement pourquoi je m’oppose à elle comme le « surmoi » s’oppose au « ça ». C’est aussi pour ça que dans mes propos liminaires, je l’ai baptisé de chanson « contre-nature », ce qui est contre-nature n’est pas moralement acceptable.

L’homme est l’homme tant que ça « s’élève ». C’est ça mon projet. Je n’irais pas le mettre en musique, je n’arriverais pas avoir autant d’audience. Et je sais que ce vœu ne sera pas non plus atteint si mon projet reste sur écrit même s’il est publié. Nous ne sommes pas dans une société de lecteurs, voilà mon premier adversaire. Mais je le ferais quand même.

J’utilise aussi dans mon expression le mot « ça », mais loin de considérer l’homme comme une chose, je veux plutôt le faire émerger de là où on l’a immergé. Je veux le faire reprendre le dessus sur les choses, se lever lui-même, se dresser de toute sa stature d’homme. Et l’homme ne peut prendre le dessus sur les choses que s’il en a pris conscience. Or la conscience est le contraire de la chose. La conscience c’est l’esprit, c’est la connaissance. Puisque l’homme est tombé assez bas précipité dans sa chute par une chose, il faut qu’il « se lève en s’élevant, donc en élevant son esprit ».

Dans le dictionnaire larousse, s’élever veut dire : atteindre une certaine hauteur, un certain niveau. Parvenir à un degré supérieur. S’élever c’est aussi : se lever contre. Comme moi je me lève contre cette musique contre-nature. C’est pour dire que quand « ça s’élève » chez l’homme, s’élever donc son esprit, l’homme ne prend plus les choses comme elles viennent, il voit au-delà des apparences, il n’accepte plus tout comme un mouton, il remet tout au crible de la raison et de la critique, bref quand son esprit s’élève, il se lève contre tout. Contre ses passions, ses appétits, ses instincts…

C’est pour cela que « le ça » la chose, s’oppose au « surmoi », ce qui est au dessus du « ça » et du « moi ». C’est dire que par là, l’homme cherche non plus à dépasser ses instincts, mais à se dépasser soi même. Nietzche lance même l’appel à un « surpassement de soi ». disait’ il dans Ainsi parlait Zarathoustra : « l’homme est quelque chose qui doit être surmonté ».

Ce projet est long et difficile, parce que je viens là déconstruire une doctrine pour en construire une autre. Mais mon discours s’adresse à un public timoré et réfractaire au changement. Surtout quand un tel projet vise la culture et l’élévation spirituelle. L’homme est la mesure de toute chose, le disait Protagoras, c’est dire qu’on ne peut le mesurer à rien. Ni à la chose agissante, ni à la chose pensante. Mais pour qu’il soit à la mesure de toutes ces choses, il faut qu’il soit placé au dessus. Qu’on ne se trompe pas, l’homme n’a préséance sur les autres que par ce qu’il possède comme bagage intellectuel, par sa capacité à réfléchir sur les problèmes et à y trouver des solutions adéquates, par sa culture générale et de la valeur de ses actes.

Dire que j’ai la folie de croire à un projet qui me laisse peut de chance de se réaliser. Les camerounais sont tombé assez bas. Ceci n’est pas un jugement de valeur, mais de réalité. Il n’y a qu’à voir les musiques qu’ils aiment, leurs modèles, leurs valeurs, leur mode de vie, leurs croyances, alors on comprendra. Mais l’émergence dont ‘on parle en 2035, moi aussi j’y crois, et il serait erroné de penser qu’il s’agit exclusivement de l’émergence économique. Emerger signifie sortie d’un état à un autre, se distinguer d’une masse. Ceux qui ont lu, Ki Zerbo, Njoh Mouellé, Ka Mäna, Etounga Manguélé… savent qu’on ne développe pas, mais on se développe. Le développement est éducationnel et culturel.

C’est dire que la musique devrait y jouer un rôle primordial. Mais hélas, la musique camerounaise telle qu’on l’exerce depuis ces vingt dernières années, raccourcira sans doute la marche vers cette émergence. Beaumarchais disait qu’ « on peut s’instruire en s’amusant », préface le mariage de figaro. Mais la musique camerounaise, nous détruit en nous divertissant. Détruit à la fois nos énergies et la lueur d’esprit qui nous restait. Les musiciens devaient plus prendre conscience du rôle qu’ils ont à jouer dans la socialisation. Puisqu’un très grand moyen de diffusion de la culture.

Désormais j’aimerais entendre les camerounais, non pas chanter ou danser, mais penser avec moi que « l’homme est l’homme tant que “ça s’élève“ ». ceci est valable autant pour l’homme que pour la femme. C’est vrai que Verlaine disait qu’ il faut « de la musique avant toute chose », mais dans notre réalité séculaire et quotidienne je pense qu’on doit s’instruire avant de se divertir. On ne se développera pas, c’est-à-dire, gagner en extension si nous restons enfermés dans le clair obscur du précipice élevé où repose notre esprit. Pour ne pas répéter Njoh Mouellé, nous dirons que : « l’homme excellent est celui qui dit non ». Sachons dire non, (slogan si cher au rappeur Monsieur R) et faire entendre l’autorité de notre liberté, sur la servitude de nos passions. Ne pas juste faire des choix, mais en faire des bons. Et le choix des musiques que nous écoutons et que nous faisons écouter à nos enfants déterminera si oui ou non nous avons fait le bon choix. Celui qui mène à l’éclosion de la pensée, à l’ouverture d’esprit, et à l’émergence.

  

BY TATLA MBETBO FELIX, dans le capitale.

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