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L’incroyable odyssée artistique de Maurice Mboa

La galerie PACE de Geneve a ouvert ses portes du 06 Décembre 2022 au 07 Janvier 2023 au plasticien camerounais Maurice MBOA . Grande premiere pour un solo show d’un artiste si jeune au talent impressionnant. Nous l’avons rencontré dans les rues de Yaoundé le temps d’un break au mois de Décembre 2022. Il revient sur son travail et l’ensemble de sa carrière suivez à plutôt :

Salut Maurice Mboa Quel est votre sentiment en ce moment où vous êtes en exposition à la galerie PACE?
Je suis heureux et reconnaissant d’être représenté par PACE et surtout d’ avoir monté cette expo. Ce travail est une histoire de plusieurs trajectoires mises ensemble. En fait j’ai l’information que je dois exposer à PACE au lendemain du décès de ma mère alors que je suis encore au Cameroun en plein préparatifs de ses obsèques. Cette nouvelle m’a bouleversé pendant ce moment douloureux et triste. Mon ami resté à Genève qui me donne cette information, me fait comprendre qu’avec cette exposition je viens d’entrer dans l’histoire en sautant des classes pour me hisser au sommet avec les grands. Car j’entre chez PACE avec un solo show c’est du jamais vu pour un artiste à ce niveau.

Qu’est ce qui va changer maintenant que vous avez signé chez PACE ?

Il faut comprendre que PACE ne cherche pas les artistes dans les foires et autres lieux culturels. Ils ont déjà des artistes avec lesquels ils travaillent et ce pour une très longue durée. PACE n’est pas une galerie qui a besoin de la vente des tableaux d’un artiste au contraire il l’encadre et le place sur le marché de la bourse de valeur artistique pour faire monter sa côte. Grace à l’écosystème qu’il créee, l’artiste qui est signé chez PACE a un certain nombre d’œuvres à produire chaque année pour qu’il tourne. PACE est comme une multi nationale dans l’art contemporain

Racontez-nous comment tout a commencé
En fait, ma vie a pris une autre tournure après la chirurgie de cœur que j’ai eu. J’avais l’impression que tout ce que je touchais se transformait en or. C’est ainsi qu’à la sortie de l’hôpital je suis d’abord contacté par Roser and wir, une des plus grosses galeries du monde. Bien avant en 2020 j’ai fait une exposition collective avec un camerounais Ajard Bernard à la galerie des Bin Ban ; ce qui est curieux, c’est que je leur ai envoyé des œuvres avec des titres et quelques jours plus tard je suis retourné vers le responsable pour changer tous les premiers titres et les remplacer par  » recristallisation », renaissance »,  » autre naissance » ; et il m’a dit non Maurice, nous sommes une galerie et nous ne traitons pas avec les logiques spirituelles. Dans cette exposition on retrouve une pièce unique, celle d’un personnage couché voir allongé dans un feuillage de forêt que j’ai créé. À la question de savoir comment je passe des portraits à ce personnage, je n’avais pas d’explications à donner si ce n’est que c’est une inspiration divine. Précisons que pendant l’exposition c’est le seul tableau qui n’a pas été encadré, on l’a simplement isolé. Ce tableau a servi de déclic pour la suite de la carrière du messager de l’art que je suis.

Comment définissez-vous votre travail ? A quel courant appartenez-vous ?

Si j’étais sur un autre continent, je serai parmi les personnes qui influencent les arts plastiques. Dans l’art contemporain je mélange les codes, confond les logiques. Car mon art n’est pas figé. On n’arrive pas à le définir, on l’adapte juste avec les différents courants existants. D’après les retours qui me parviennent des critiques d’art et autres historiens de l’art ; je suis dans l’impressionnisme et on trouve en moi du cubisme aussi. En fait je crois humblement que suis propriétaire d’une écriture unique, d’un courant qui va exister ou se manifester dans le futur. Et qui sera amélioré dans les académies et autres institutions spécialisées. Mais en un mot, je vous dirai que je fais de la gravure sur du métal.

Vous avez presque fait le tour du monde avec votre travail, le célèbre magazine FORBES vous a même consacré un article, Qu’est qu’on se dit quand on a votre âge ?

Je peux vous dire concrètement que je ne force rien. Au sujet du magazine FORBES je n’étais pas au courant qu’il me consacrerait un article et je ne me rappelle pas leur avoir accordé une interview. Mais je peux vous garantir que ce que je fais, ce qui m’arrive est la résultante de quelque chose de fort que je n’arrive pas à expliquer. Après mon opération du cœur, j’ai l’impression que je suis allé toucher quelque chose de surréaliste et ça m’a renvoyé une réponse qui a une portée importante. DIEU merci je suis camerounais, africain et je sais percevoir l’accomplissement et le besoin des choses. Pour revenir a FORBES , je peux vous dire que soit ils étaient au courant de mon travail, soit ils ont vu mon nom circuler quelque part et ils ont donc voulu créer la surprise au monde entier en lui présentant un artiste plus ou moins connu qui accompli un travail incroyable.

Comment s’est opéré le choix du métal comme matière première ?

C’est quelque chose de très mystique. J’avais un besoin d’exister en tant qu’activiste, je voulais parler des matériaux et des richesses du sous-sol. Je voulais chercher quelque chose qui a un impact très fort. Une espèce d’outil qui est en même temps dur et fragile, j’étais à la recherche de ce stéréotype qui pouvait établir le lien entre l’équilibre et la fragilité. Je voulais un matériau rigide et malléable à la fois, ayant aussi la capacité de fondre. En fait je voulais créer un duel surréaliste dans ma tête. Le jour où je l’ai essayé en blessant le métal une sorte de serve, de sang a jailli. Ce qui pour moi était une sorte de lumière qui avait jailli. Cette expérience exceptionnelle a été ma réponse car j’ai découvert que le métal peut être dur, fragile et surtout un excellent canal de dialogue et d’une spiritualité esthétique pure

A quand une exposition grandeur nature au Cameroun votre pays ? La dernière baptisée ‘’Transitions ‘’ s’est faite en 2016 a IFC de Yaoundé

Pour le moment je serai très ravi de venir faire une exposition au Cameroun mais j’éprouve le besoin de transmettre et celui de représenter valablement le Cameroun. Néanmoins je reste ouvert à des projets qui ont trait à quelque chose à caractère social et éducatif

Quel est le regard que vous jetez sur les arts plastiques au Cameroun ?

Je trouve qu’il y’a beaucoup de choses sur lesquels il faut débattre. Il y’ a beaucoup de flou, de spéculations sur les arts visuels du Cameroun. Il existe nombreuses mauvaises démarches sur les approches académiques et pédagogiques. Il faut reformer les choses en apprenant aux jeunes artistes locaux à aimer ce qu’il considère comme passion et plus tard pourrait devenir un métier. Eviter de les conduire à faire de l’art pour l’or mais leur inculquer des valeurs éducatives afin que celles-ci accompagnent la diffusion de leur art. Leur art doit être une sorte de représentation de leur propre âme. Proscrire cette attitude qui consiste à s’inspirer avec arrogance des travaux des ainés sans les citer. S’inspirer de la démarche des artistes africains qui ont dominé et dominent le monde par leur création, leur technicité qui malheureusement sont peu connues et citées dans les travaux scientifiques.

Quelle est l’histoire derrière votre signature « o Maurice »

Je signe o Maurice et je m’appelle Maurice Mboa . En fait je suis ni un anti occident ni un anti quoi que ce soit, j’ai toujours été un militant de l’esprit esthétique des choses , je déteste la promotion des choses dévergondées, j’aime trouver une sorte de refuge esthétique dans ce que j’entreprends . Je signe « o Maurice » parce ce que je ne veux pas que mon nom soit européen voilà pourquoi j’ai ajoute O. En Afrique l’écho du O est singulier. D’ailleurs quand ma grand-mère ou ma mère m’appelait elle disait toujours « OH Maurice » et c’était flatteur et je me suis dit le jour où je vais flatter mon égo, je vais me dire « O Maurice » d’où ma signature. C’est une façon pour moi d’être à la fois neutre, humble et trouver la logique qui me permettra d’améliorer ma thérapie

Comment entrevoyez-vous l’année 2023 ?

Actuellement je prépare une grosse exposition avec Ochar Tiger Londres en Avril 2023. C’est une collaboration entre la galerie avec laquelle j’ai signé PACE et la marque AZIZ. Ce sera une exposition peinture dont les tableaux seront floqués sous forme de broderie sur les vêtements qui seront présentés à la fashion week de Mai 2023. Je serai le directeur artistique de ce projet colossal dont j’ai rêvé toute ma vie.

Quel est votre plus grand rêve ?

Je pense je peux répondre à cette question avec beaucoup de fierté en vous disant que je ne rêve pas. Pour moi il faut reformuler votre question en parlant de mes projets ; et là je vous dirai que mes projets c’est la continuité de mon œuvre en réalisant en fin de compte cette œuvre dont j’ai toujours dit que ce n’est pas une pièce, ce n’est pas une ombre ce n’est pas dans le futur, c’est une œuvre monumentale. Laquelle donne la forme, le fond, bref que mon travail reste dans la transition des courants et développe une capacité d’immersion pour les jeunes créateurs afin qu’il puisse aussi trouver la force qui résidait en moi

Propos recueillis par Thierry EDJEGUE

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