
Les Tikars sont un peuple d’origine Bantou, ils peuplent la partie occidentale du centre Cameroun. Le peuple Tikar est une population nouvelle, métissée car traditionnellement conquérante. Ils sont organisés en chefferies traditionnelles, insérées au sein de plus large royaume historique. Leur implantation est attestée sur le sol camerounais depuis le XIXème siècle. D’où vient le nom Tikar ? Nous vous en disons plus.
- Le peuple Tikar tire son nom d’origine de l’expression « Ti kàlá jè »
En effet, Le peuple Tikar tire son nom d’origine de l’expression « Ti kàlá jè » qui veut dire « Sors d’ici ». C’est du moins ce que tout le monde sait. Cependant, derrière l’origine de ce nom se cache une histoire qui a deux versions.
Dans la première, on affirme que le nom Tikar viendrait d’une histoire d’adultère entre le fils d’un chef Mboum avec l’une de ses femmes. Le Belaka (nom attribué au chef de la tribu chez les Mboum) n’a pas pu accepter cette humiliation, encore que celle-ci venait d’une personne très proche de lui. Dans une colère noire, il décide de chasser son fils pas seulement de la chefferie, mais du village. C’est donc en criant sur ce dernier qu’il va lâcher l’expression « Ti kàlá jè » qui veut dire en langue Mboum « Sors d’ici ». Klo, le fils déchu va quitter le village avec un groupe de personnes. Dans leurs errements, ils vont arpenter les plateaux de l’Adamaoua, jusqu’à progresser au niveau de la rive gauche du Mbam avant de prolonger vers d’autres localités comme Ngambe (Ngambe-Tikar), Bankim, Noun, Bafut…
Dans la deuxième, parle plutôt d’un partage héritage qui aurait plutôt mal tourné entre les enfants du Belaka. À la mort de ce dernier, il laisse laisse trois enfants dont une fille et deux garçons. Mais avant son décès, le chef aurait pris le soin de laisser les consignes sur la répartition de ses biens. Seulement, les deux garçons ne vont pas suivre les directives de leur père. L’intervention de certains notables pour les revenir à la raison ne va rien changer. Au contraire, ils vont chasser leur sœur pour avoir une main mise sur la totalité de l’héritage. Ils vont également utiliser l’expression « sors d’ici » qui s’écrit cette fois-ci « tim kala » pour chasser leur sœur de la concession familiale.
Déçue par le comportement de ses frères, elle trouvera refuge chez une autre communauté. Cependant, aucun récit ne fait mention de cette communauté en question. Plus tard, elle va se marier et avoir plusieurs fils. Devenus adultes, l’histoire raconte que, elle aurait envoyé ses fils vers sa famille d’origine pour réclamer leurs attributs de chefferie afin que, de retour avec leur titre de noblesse, ils puissent être à leur tour des chefs où elle avait trouvé refuge. Et qu’en souvenir de son départ du village où elle était née, le nom Tika puisse être porté par ce peuple. Même s’il convient de dire que l’expression « sors d’ici » est connu de tous les Tikar comme ayant été à l’origine du nom qu’ils portent aujourd’hui, le mystère réside maintenant dans le contexte où il a été utilisé. Et sur ce point, les avis sont partagés, peut-être il y aurait une autre version dans cette histoire.
- La zone d’habitat des Tikars se trouve à cheval sur les provinces de l’Adamaoua et du Grassland.
De l’Adamaoua au Centre, en passant par l’Ouest et le Nord-Ouest, on retrouve dans chacune de ces régions une communauté Tikar. Les travaux de certains chercheurs camerounais pour élucider le mystère de ce peuple ont même démontré qu’il y aurait eu à partir du 16 ème siècle, un vaste empire Tikar qui allait de l’Adamaoua jusqu’au flanc de la vallée de Yoko. D’autres études parlent aussi d’une migration qui aurait commencé depuis la Nubie, avant de se poursuivre en Égypte et puis enfin dans le pays des Mboum.
- Les chefferies Tikar ont les mêmes rites et schémas organisationnels
En effet, les chefferies Tikar ont les mêmes rites et schémas organisationnels. Au sommet se trouve un chef entouré de cercle de notables dont les Nji, ses frères de sang, les Houng ses cousins ministres et les Mgbe, ambassadeurs ou gouverneurs des territoires du royaume. Une place de choix revient à la reine mère. Une organisation similaire se trouve en pays Bamiléké. Société patrilinéaire, ils appliquent la primogéniture en matière de succession.
Commentaires
0 commentaires