
Son Excellence Volkan Öskiper, nouvel Ambassadeur de Türkiye nous a accordé en exclusivité cette interview, au menu : la coopération bilatérale entre la Türkiye et le Cameroun, la gastronomie Turque et pas mal d’autres sujets.
Depuis votre arrivée au Cameroun, quelles ont été vos premières priorités en tant qu’Ambassadeur de Türkiye ?
Je suis arrivé à Yaoundé le 5 janvier 2025 avec la ferme volonté de faire une différence et de renforcer les liens d’amitié et de coopération qui unissent la Türkiye et le Cameroun. Mes premières priorités ont été de poursuivre le dialogue avec les autorités camerounaises, de dynamiser notre coopération économique et commerciale, et de soutenir les initiatives dans les domaines de l’humanitaire, de la santé et de la culture. La consolidation de la présence turque au Cameroun, à travers des projets concrets de développement, constitue également un axe majeur de mon engagement.
À cet égard, l’Ambassade a joué un rôle d’intermédiaire dans le renforcement de la coopération entre le Croissant-Rouge turc et la Croix-Rouge camerounaise. Une délégation du Croissant-Rouge turc a récemment effectué une visite de travail à Yaoundé. Un don symbolique a été offert par cette délégation, ainsi que par certains hommes d’affaires turcs, pour soutenir la formation des étudiantes de l’École du personnel médical auxiliaire de la Croix-Rouge camerounaise. Cette collaboration a déjà donné des résultats concrets, et nous poursuivons nos efforts. Par exemple, des travaux sont en cours pour l’envoi de fournitures en prévision des inondations attendues dans la région de l’Extrême-Nord. Je dois également avouer que j’ai un faible pour le domaine sportif, et je suis tout à fait ouvert à toute proposition visant à intensifier la coopération dans ce domaine.
Quelles initiatives concrètes avez-vous déjà menées pour renforcer la coopération bilatérale entre la Türkiye et le Cameroun ?
Peu après mon arrivée, nous avons organisé, après onze années d’interruption, la troisième Commission Économique Mixte turco-camerounaise, qui s’est tenue du 5 au 7 mai 2025 à Yaoundé. À cette occasion, le co-président turc de la Commission, S.E.M. Yaşar Güler, Ministre de la Défense nationale de la République de Türkiye, a tenu des échanges très fructueux avec les autorités camerounaises. Il s’agissait de la première visite ministérielle turque depuis l’ouverture de notre Ambassade. Sur le terrain, je m’efforce de rencontrer toutes les parties concernées pour développer davantage nos relations. Nous poursuivons ainsi plusieurs projets via des institutions turques, dans les domaines de la santé, de l’éducation et du développement.
Plusieurs projets turcs existent déjà au Cameroun. Quelles nouvelles collaborations ou investissements sont actuellement en cours ou en discussion ?
En effet, la Türkiye est déjà un acteur important au Cameroun. Sur le plan commercial, plusieurs entreprises turques explorent des opportunités, notamment dans les secteurs de la construction et de l’infrastructure. Bien que le volume de nos échanges commerciaux soit en hausse, il ne reflète pas encore le potentiel réel entre nos deux pays. Nous devons travailler ensemble pour l’augmenter significativement. Dans le domaine technique, je peux mentionner la visite récente d’une délégation de la Direction Générale des Archives d’État de Türkiye, venue explorer des pistes de coopération avec leurs homologues camerounais. Par ailleurs, avec plus de 200 projets réalisés par l’Agence turque de Coopération et de Coordination (TİKA), la Türkiye continue de soutenir le développement local. Nous préparons actuellement de nouveaux projets dans les secteurs de la santé, de l’agriculture et du développement durable.
Quelles sont vos relations avec les autorités camerounaises jusqu’ici ? Avez-vous eu l’occasion de rencontrer des membres du gouvernement ou des chefs traditionnels ?
J’ai eu l’honneur de rencontrer la plupart des membres du gouvernement camerounais. Ces échanges ont été très cordiaux et marqués par une volonté commune de renforcer notre coopération. J’ai également eu l’occasion de rencontrer des autorités régionales, locales et des chefs traditionnels.
La Türkiye accorde une importance particulière à l’éducation. Des projets éducatifs ou des bourses ont-ils été récemment initiés pour les étudiants camerounais ?
Absolument. La Türkiye continue d’offrir des bourses aux étudiants camerounais dans le cadre du programme Türkiye Scholarships. Chaque année, plusieurs jeunes Camerounais sont sélectionnés pour poursuivre leurs études en Türkiye. Avec la présence des écoles de la Fondation Maarif de Türkiye et du Centre d’Études Turques à l’Université de Yaoundé II, les étudiants camerounais disposent davantage d’opportunités pour leur avenir académique. Nous soutenons également des projets tels que la réhabilitation d’écoles, la dotation en matériel pédagogique et la formation professionnelle.
Quels sont, selon vous, les secteurs les plus prometteurs pour un partenariat turco-camerounais dans les années à venir ?
La construction, les infrastructures, l’agro-industrie, les énergies renouvelables, la santé et la formation technique sont des secteurs très prometteurs. La Türkiye dispose d’une expertise reconnue dans ces domaines et est prête à la mettre au service du développement durable du Cameroun.
Avez-vous rencontré la diaspora turque vivant au Cameroun ?
Oui, j’ai eu le plaisir de rencontrer les membres de notre communauté turque résidant au Cameroun. Leur présence et leur contribution au renforcement des liens bilatéraux sont une source de grande fierté pour nous.
L’Ambassade prévoit-elle d’organiser des événements culturels (festivals, expositions, projections de films turcs) dans les mois à venir ?
Tout à fait ! Nous préparons plusieurs événements culturels à Yaoundé et Douala. Je préfère garder la surprise pour l’instant, mais je peux vous citer quelques exemples récents :
- À l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, nous avons projeté le court-métrage turc Yara (La Plaie).
- Le 21 mai, nous avons organisé à Douala la 4e édition de la Semaine de la Cuisine Turque.
- Le 1er juin, lors de la Journée mondiale du petit-déjeuner, nous avons servi un petit-déjeuner turc traditionnel à nos invités.
Il ne nous reste plus qu’à faire découvrir la street-food turque à nos amis camerounais !
Pensez-vous qu’il existe des similitudes culturelles entre la Türkiye et le Cameroun ?
Oui, tout à fait. Malgré la distance géographique, nos deux peuples partagent des valeurs communes : hospitalité, solidarité familiale, attachement à la culture et aux traditions… sans oublier la passion pour le football !
Quelles initiatives avez-vous envisagées pour favoriser les échanges culturels et artistiques entre nos deux pays ?
Nous encourageons les partenariats entre institutions culturelles turques et camerounaises, ainsi que les échanges entre artistes, étudiants et chercheurs. L’accueil d’artisans et artistes camerounais en Türkiye figure également à notre agenda.
La cuisine turque est mondialement connue pour sa richesse. Quels plats recommanderiez-vous à un Camerounais qui découvre la Türkiye ?
Je recommanderais de goûter au döner, lahmacun, dolma, et mantı. Ce sont des plats emblématiques de notre gastronomie. Et, bien sûr, il faut terminer par un baklava accompagné d’un thé turc !
Quel est votre plat turc préféré, et avez-vous déjà goûté à un plat camerounais qui vous a marqué ?
J’ai un faible pour les plats à base d’huile d’olive, typiques de ma région natale. Au Cameroun, j’ai particulièrement apprécié le ndolé, les gambas et le met de pistache, qui reflètent toute la richesse et la diversité de votre gastronomie.
En quelques mots, quel message souhaitez-vous adresser au peuple camerounais ?
Je tiens à exprimer ma profonde admiration pour la résilience, la chaleur humaine et la richesse culturelle du peuple camerounais. Je souhaite que notre amitié, déjà solide, continue de s’épanouir pour le bénéfice mutuel de nos deux pays.
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