Sénégal : Clap de fin pour la ville futuriste d’Akon

Le rêve de bâtir une métropole africaine digne de Wakanda s’effondre. Le gouvernement sénégalais a officiellement mis fin au projet Akon City, cité futuriste imaginée par l’artiste américano-sénégalais Akon. Lancé en grande pompe en 2020 avec un budget pharaonique de 6 milliards de dollars, ce projet devait symboliser l’Afrique de demain. Cinq ans plus tard, les promesses sont restées lettres mortes.

Akon City devait naître sur 136 acres de littoral à Mbodiène, à une centaine de kilomètres de Dakar. Sur le papier, la ville promettait un hôpital, une université, des hôtels de luxe, des quartiers résidentiels écologiques, le tout reposant sur l’économie numérique et la crypto-monnaie Akoin. Une ambition digne de la science-fiction… mais sur le terrain, seul un bâtiment d’accueil inachevé témoigne d’un projet avorté. Pas de routes. Pas de logements. Pas de centrale solaire. Les populations locales, qui espéraient infrastructures et emplois, sont restées sur leur faim.

L’État sénégalais reprend la main

Face à l’arrêt prolongé des travaux et à un financement jugé insuffisant, le Sénégal a décidé de reprendre le contrôle. Déjà en juin 2024, la SAPCO (Société d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal) avait adressé une première mise en demeure aux promoteurs. En juillet 2025, la sentence est tombée : les terrains sont récupérés par l’État, à l’exception de 5 hectares destinés à un projet immobilier de moindre envergure.

Akon reconnaît des erreurs

L’artiste Akon, alias Alioune Badara Thiam, ne nie pas les défaillances. Il parle d’une annonce trop précipitée, d’un contexte sanitaire défavorable et de blocages politiques sous-estimés. Il continue à défendre sa vision mais promet désormais d’agir dans “la discrétion”.

La crypto-monnaie Akoin, qui devait être la pierre angulaire de l’économie d’Akon City, a perdu toute crédibilité. Le montage financier du projet, souvent jugé opaque, n’a pas aidé à rétablir la confiance.

Une désillusion révélatrice

Le fiasco d’Akon City pose un regard critique sur la viabilité des « smart cities » africaines annoncées à coups de communiqués spectaculaires mais sans socles solides. L’échec de ce projet rappelle que les promesses ne suffisent pas : transparence, solidité financière et ancrage local sont des conditions sine qua non pour réussir.

Le Sénégal, désormais tourné vers de nouvelles options plus réalistes pour exploiter le site, tire les leçons de cette aventure. Pour beaucoup, Akon City restera un symbole : celui d’un rêve africain futuriste, porté par une star mondiale, mais emporté par la dure réalité du terrain.

Il est donc à noter que le projet Akon City est officiellement abandonné. Le Sénégal récupère la quasi-totalité des terrains. L’échec relance le débat sur la crédibilité des mégaprojets privés en Afrique. Akon promet de continuer à œuvrer, mais de manière plus discrète.