
Le rappeur et activiste camerounais Général Valsero a fait une entrée remarquée dans le monde littéraire avec la publication de son récit, « Le Prix de la Liberté », paru aux éditions Edern. Loin d’être une simple autobiographie, cet ouvrage s’impose comme un puissant témoignage romancé, une chronique sociale et un véritable manifeste politique.
Un Autoportrait dans le Songhaï imaginaire
À travers le personnage principal, Serval — dont l’évolution mènera au « Général Valsero » que le continent connaît —, l’artiste plonge le lecteur dans les réalités d’un pays imaginaire, le Songhaï, une allusion à peine voilée au Cameroun et à bien d’autres nations africaines gangrenées par les mêmes maux.
Valsero y dépeint sans concession une jeunesse en déshérence, confrontée au chômage, à la misère et à l’omniprésence d’un « Cartel » au pouvoir, incarné par un président-dictateur nonagénaire. Le narrateur, initialement fils d’un haut fonctionnaire, se sent en porte-à-faux avec cette bourgeoisie corrompue et choisit de s’enfoncer dans l’école de la rue et la délinquance, avant de trouver sa voie.
Le Rap comme Arme d’Insurrection
Le cœur du récit réside dans la découverte et l’utilisation du rap comme un outil de mobilisation et de dénonciation. La musique devient, selon Valsero, une « arme », et ses concerts se transforment en « insurrections ». L’auteur retrace son parcours de l’écriture de son titre phare, « Ce pays tue les jeunes », à sa montée en notoriété et son engagement citoyen, qui le conduira finalement en prison en 2019.
Le livre ne se contente pas de raconter un destin personnel ; il expose la nécessité vitale de l’engagement face à un système qui, comme il le dénonce, « tue les jeunes » en leur refusant tout avenir. Il s’agit d’une quête acharnée pour l’émancipation, où la liberté doit se gagner par le courage, les mots et la rage.
Manifeste Politique et Mise en Garde
« Le Prix de la Liberté » va au-delà du simple parcours d’artiste. C’est un texte qui questionne l’efficacité des mouvements de contestation et la manipulation des élites. Valsero dénonce la récupération politique, montrant comment même les associations citoyennes peuvent n’être qu’une « soupape de sécurité contrôlée » par le pouvoir pour canaliser la colère populaire.
Malgré un contexte de répression, l’ouvrage reste porteur d’un message d’espérance et de résilience permanente. L’artiste offre son livre comme une « aventure dans la réalité des luttes de liberté et de démocratie », affirmant que « l’art est une clef efficace pour influer sur les changements de mentalité nécessaires à nos sociétés opprimées ».
En définitive, « Le Prix de la Liberté » est un récit coup de poing qui solidifie la position de Général Valsero non seulement comme un rappeur majeur, mais aussi comme un écrivain engagé et la voix d’une génération insoumise qui refuse de se résigner.
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