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Ebah Essongue : « Woïla Hiphop Festival a pour vocation de promouvoir la scène hip hop locale… »

Bonjour Ebah, nous rappelons que vous êtes Directeur Artistique du Festival Woïla Hiphop qui s’apprête à souffler sur sa 4ème bougie du 12 au 14 décembre 2013 ; depuis sa mise sur pied en 2009, ce rendez-vous se voulait être un élan fédérateur à travers la culture urbaine, c’est-à-dire rapprocher les acteurs de la culture hip hop d’Afrique Centrale et leur offrir des opportunités de collaboration communes. A ce jour, pensez-vous être resté dans la même logique ?

Depuis 2009 le festival  Woïla Hip Hop a mis un accent sur  le développement des échanges culturels entre artistes et opérateurs culturels en Afrique Centrale, cela dans le but de consolider un réseau sous régional et de travailler sur des projets d’amélioration de la production, la diffusion et la formation professionnelle. Et  cinq ans après nous sommes toujours dans la même logique puisque depuis 2009 trois pays prennent part au festival chaque année : le Cameroun, Tchad et RCA. Nous envisageons dès 2014 si les moyens nous le permettent d’inviter le Gabon. Nous pensons que c’est une solution qui pourra doper le secteur de la culture urbaine en Afrique Centrale, secteur qui peine à véritablement décoller du fait aussi de la petitesse même du marché et l’absence de réseaux sous régionaux dynamiques.

Cette année, le festival retrouve son village habituel (ce qui n’était pas le cas à l’édition passée) ;  serait-il dû à un quelconque souci lié aux finances ? Vous disiez pourtant au sortir de la précédente édition : « On souhaitait davantage rapprocher le festival de sa cible et permettre au grand public de découvrir le hip hop car l’une des vocations du Woïla Hip Hop. Ce coup d’essai fut une réussite, on va remettre ça pour cette année (2013) »…

Vous faites bien de souligner cette option de délocalisation du festival qui avait pris forme lors de la 3ème édition en effet. Notre souhait était d’être présent hors les murs encore cette année et le serons. Pas à travers un spectacle mais plutôt à travers une performance graffiti que Dko réalisera sur un mur offert par la Communauté Urbaine de Garoua. Et je tiens à préciser aussi que le retour à l’Alliance qui est le village initial du festival est surtout pour des raisons d’ordre logistique.

Parlons du thème choisi cette année : « Hip Hop et activisme » ; à quoi renvoi-t-il exactement ?

Le hip hop à travers le rap, est un outil pour le changement social même si cela n’est pas toujours visible ici chez nous. Nous avons voulu rendre un hommage à tous ses nombreux artistes dans le monde qui utilisent le rap pour contribuer au développement de leur communauté. Et au Cameroun, Valsero fait parti de ses artistes militants qui  utilisent la musique pour promouvoir le changement social  et animer la société civile. Hip Hop et activisme est en réalité un clin d’œil à tous les militants, artistes engagés qui n’ont pas succombé à l’appel du hip hop business et ont gardé l’essence même de cet art.

On annonce pas mal de têtes d’affiche parmi lesquelles Valsero ; c’est quoi les raisons de ce choix, et peut-on avoir d’autres noms ?

Valsero parce que pour nous il est parmi ce que le hip hop camerounais a produit de solide sur le plan artistique ces dix dernières années. Il a un grand nombre de fans ici et est populaire. Ses textes parlent à tout le monde et il n’était jamais venu au Nord où le public du Woïla Hip Hop le réclame depuis cinq ans déjà. La vocation du festival étant surtout de promouvoir la scène hip hop locale, on aura de nombreux groupes et artistes locaux du Grand Nord (Garoua, Maroua et Ngaoundéré. Ndlr) qui chaufferont également le public durant le festival.

L’univers hiphop Kamer a connu ces derniers mois des départs regrettables, notamment celui du taggeur MERIC à qui justement vous comptez rendre un hommage particulier ; pouvons-nous en savoir un peu plus ?

J’ai rencontré pour la première fois MERIC, paix à son âme, en 2008 lors du festival Couleurs Urbaines à Yaoundé, après un bref échange on a tout de suite eu envie de faire quelque chose ensemble dans le cadre de la promotion du graffiti. En 2011, lors de notre seconde rencontre toujours à Yaoundé, le projet de venir sur Garoua pour un atelier lors du festival s’est imposé logiquement. Mais lorsque je l’ai eu en fin octobre au téléphone, c’est avec un ami souffrant qui a tout de même promu guérir et faire le voyage que j’ai discuté. Puis quelques jours après j’ai appris  son décès. En sa mémoire un atelier sera organiser et il sera animer par son fils spirituel Dko. Pour nous il s’agit de rendre un hommage à un activiste, qui a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire du hip hop camerounais, que le public non hip hop découvre son travail à travers ses héritiers.

Pas mal d’activités y sont également annoncées ; parlons-en…

Oui le programme du festival prévoit des ateliers de graffiti et de danse hip hop placé sous la direction de professionnels. Les ateliers débuteront tous à partir du jeudi 12 décembre 2013. Il est également prévu une projection du film documentaire « Democracy in dakar » de Nomadic Wax sur la jeunesse hip hop et politique à Dakar au Sénégal. Le film suit les rappeurs, Djs, journalistes, professeurs et d’autres personnes dans la rue avant, pendant et après la très controversée élection présidentielle de 2007 au Sénégal et examine le rôle du hip hop sur le processus politique. Nous aurons enfin les spectacles au cours desquels on retrouvera sur scène le Général Valsero et de nombreux artistes locaux tels que Serum, Salaam, Princesse Kadidja, El Kebir, Gadaal G, etc…

Grâce au festival, l’association 2H Kulture a pu booker un certain nombre d’artistes ; qui sont-ils ?

En effet, depuis 2009, 2H Kulture recherche des concerts dans le monde pour les jeunes artistes d’Afrique Centrale. Entre 2009 et l’année 20012 les artistes suivants se sont produits hors de leurs pays grâce à 2H Kulture : Princesse Kadidja et Sahel Hip Hop du Cameroun se sont produits au festival Ndjam Hip Hop (Tchad), Mack Yobo et 2D Kost du Tchad se sont produits au festival Couleurs Urbaines à Yaoundé en 2011, As Kotangbanga de la RCA s’est produit  au festival Ndjam Hip Hop à Ndjamena en 2011. Et en février 2013, Princesse Kadidja s’est produite sur la scène du festival Ndjam S’enflamme en Slam au Tchad. Enfin, du 21 au 26 novembre dernier, 2H Kuluture a été invité par le Recaf à Ndjamena lors du festival Ndjam Vi, festival au cours du quel nous avons eu des échanges avec le ministre tchadien des arts, de la culture et de la préservation du patrimoine.

La participation d’étrangers à ce grand rendez-vous est-elle aussi grande ?

Nous avons beaucoup de sollicitation depuis 2009, mais nous faisons de notre mieux et en fonction du budget disponible pour satisfaire tout le monde.

Certains locaux se demandent sans doute comment y participer ; est-ce vous qui contactez les artistes où c’est à eux de se signaler suivant des critères précis ?

Certains artistes ont été contactés par notre équipe suivant certains critères, mais nous recevons également de nombreux dossiers d’artistes qui souhaitent prendre part au festival.

Pour finir, nous vous demanderons les différents contacts et d’adresser un mot à l’endroit des milliers de férus du 2h dans le territoire et des contrés reculées…

Tous les férus du 2h peuvent nous écrire via notre fan page facebook, www.facebook.com/festiva.woilahiphop, ou un mail à l’adresse ebah_essongue@yahoo.fr. Nous sommes aussi présents sur place à l’Alliance française de Garoua qui est notre quartier général en quelque sorte.

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