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Danse au Cameroun: Le mal d’un art

Les 12 jeunes qui constituent la troupe Abok Minem sont des amoureux de danse traditionnelle. De lundi à samedi, ils se retrouvent de 8h à 12h dans une salle qui leur a été gracieusement offerte par le chef du
canton Effa, sis au marché Mokolo à Yaoundé. Ici, ils mettent en place des chorégraphies, les peaufinent, et les représentent en danse. La troupe est conduite par Arlette Biloa Essomba, la sœur cadette de la
présidente fondatrice du groupe, Corry Denguémo. C’est en 2005 que le groupe Abok Minem voit le jour, à la suite d’un atelier entre la chorégraphe danseuse, Arlette Biloa Essomba, et la compagnie de danse
congolaise Mankoussou. Un atelier organisé par l’association humanitaire « Voies en cœur » dont Corry est la présidente. Agés entre 20 et 30 ans, les membres sont répartis en deux grands groupes. Les
percussionnistes et les danseuses. Ceux-ci sont assistés par la musicienne Marie Lissom. « La plupart des membres sont des enfants de la rue, les orphelins et les enfants défavorisés », confie Arlette
Biloa Essomba. « Et pour fonctionner, nous ne comptons que sur quelques dons faits par des particuliers, amis de la présidente fondatrice, et quelques fois grâce aux cotisations des membres et aussi aux perdiems issus des  prestations que la compagnie effectue de temps en temps », ajoute t’elle. Pourtant, la modicité de ces sommes
ne permet pas aux membres de cette compagnie de vivre complètement de leur art.

Diane Ngo Bodi et sa compagnie, Transcendantal Beauty Dance, connaissent les mêmes galères. La promotrice, seule pourvoyeuse de fonds, se plie en quatre pour faire rêver les jeunes danseurs qui évoluent au sein de la compagnie. "Mes revenus personnels et ceux des spectacles organisés ça et là nous aident à nous procurer le matériel dont nous avons besoin, à payer le déplacement et le casse-croute des uns et des autres", avoue-t-elle. Diane Ngo Bodi, Hervé Ngomé, Ele Nanga, Stéphane Nje, Gabrielle Amougou, Steve Mpouadina et Rebecca
Yayakingue explorent une centaine de pas afin de concevoir leurs chorégraphies. La danse traditionnelle et la danse contemporaine se tutoient.  En 2006, la compagnie camerounaise a participé au festival
Yannick Lerat, à celui d’André Mba, au festival Corps é gestes de la camerounaise Annie Tchawack en 2009, 2010 et 2011 et aussi au festival Afric’ Muret.

La compagnie Phenix d’Elise Mballa Meka essaye tant bien que mal de surmonter ces difficultés. Née de la dissolution de la compagnie Nyanga dance en 2000, le groupe Phénix est aujourd’hui l’une des
compagnies de danse contemporaine les plus en vue en Afrique. Sous la houlette du chorégraphe Michel Monkam Fonkam, la compagnie a fait des représentations partout dans le monde. Elle bénéfice d’ailleurs du
soutien de la Francophonie. Par ailleurs, les membres du groupe Phénix donnent des cours de formation de danse dans l’espace qui leur est réservé à Elig-Essono. « C’est la fondatrice qui s’occupe de tout.
Taxi, alimentation, tenues, et quelquefois frais d’hôpital. La compagnie dans ses premiers jours, possédait une caisse secours, mais depuis,  nous l’avons vidé pour assurer les gouters entre lesdifférentes répétitions » nous confie Alaka Yakana Alain Claude, un des membres et ancien trésorier de la compagnie Phenix.

A ces compagnies s’ajoute, une quinzaine d’autres, comme Abe Simon, Kalengou, Black star Assiko, Muasa Band, Mankoussou, Pôo lek qui essayent de se forger un nom, malgré leurs difficultés financières.
Chaque jour, avant de se retrouver pour les répétitions,  les danseurs, se forgent un moral d’acier pour ne pas abandonner cet art qu’ils aiment tant. Et jusqu’à présent, ils disent n’avoir jamais reçu d’aides du ministère des Arts et de la culture, tout comme des compétitions nationales publiques ne sont pas organisés. C’est alors toutes seules qu’elles évoluent au quotidien. « Nous n’avons pas de revenus fixes. Aucun statut ne fixe clairement la condition des danseurs au Cameroun. Dans la musique par exemple, il y a des sociétés qui s’occupent des droits d’auteurs, mais nous rien », s’indigne Félicité Manga, une danseuse professionnel, membre de la compagnie Pôo Lek. La survie de ces compagnies dépend alors de la seule volonté de leurs promoteurs. On les retrouvera du 16 au 22 juillet au festival de danse Abok I Ngoma, qui est devenu pour elle un cadre majeur pour se vendre et nouer des partenariats avec des compagnies étrangères.

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