
Le verdict est enfin tombé au terme de sept semaines d’un procès ultra-médiatisé. Sean « Diddy » Combs, figure emblématique du hip-hop américain, a été reconnu coupable de deux chefs d’accusation sur les cinq retenus contre lui. Le tribunal de Manhattan l’a notamment déclaré coupable de transport de personnes à des fins de prostitution, mais l’a acquitté des accusations les plus lourdes, notamment le trafic sexuel et l’association de malfaiteurs.
Le procès, qui s’est déroulé au tribunal fédéral Daniel Patrick Moynihan à New York, a vu défiler de nombreux témoignages accablants, dont ceux de Cassie Ventura, ancienne compagne du producteur, et d’une autre plaignante anonymisée sous le nom de « Jane ». Les deux femmes ont raconté des années de relation toxique, marquée par l’emprise psychologique, l’intimidation, et des pratiques sexuelles dégradantes, parfois sous l’effet de drogues ou sous contrainte économique.
Au cœur du procès, les « freak-offs », ces soirées sexuelles organisées par Diddy, qui ont été décrites comme de véritables orgies ritualisées, mettant en scène un pouvoir de domination assumé. Certaines victimes ont affirmé y avoir participé contre leur gré, sous menace ou manipulation.
Malgré la gravité des faits évoqués, le jury a écarté les charges de trafic sexuel, de racket et d’association de malfaiteurs. L’accusation n’a pas réussi à prouver l’existence d’un réseau criminel structuré à visée d’exploitation sexuelle. La défense de Diddy, menée avec acharnement, a tenté de requalifier les faits dans un contexte de relations consenties et de style de vie libertin, pointant des incohérences dans les récits et des messages à connotation sexuelle échangés par les plaignantes.
Cette stratégie a fonctionné partiellement. Le jury a exprimé des doutes suffisants pour ne pas retenir les accusations passibles de la prison à vie, mais a estimé que les preuves étaient suffisamment solides pour condamner Combs pour transport à des fins de prostitution – un crime fédéral passible de dix ans de réclusion.
L’affaire Diddy ne se résume pas à un énième excès de célébrité. Elle a mis en lumière un système opaque et violent, mis en place sur plus d’une décennie. Depuis la plainte initiale déposée en novembre 2023 par Cassie Ventura, la parole s’est libérée autour des abus et pratiques de l’ex-producteur. L’enquête a révélé un visage sombre de l’empire Diddy, longtemps protégé par la musique, la richesse et l’influence.
Dans son allocution au jury, le juge Arun Subramanian a salué le travail rigoureux des jurés : « Vous avez écouté, vous avez travaillé ensemble, vous étiez là tous les jours, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau. Vous l’avez fait sans autre récompense que celle de répondre à l’appel du service public. Cela devrait nous donner à tous de l’espoir. »
La date du prononcé de la peine n’a pas encore été fixée. Incarcéré depuis septembre 2024, P. Diddy risque désormais jusqu’à dix ans de prison.
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