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François Bingono Bingono : « je soutiens la culture camerounaise bec et ongles… »

A l’allure où vont les choses, la culture camerounaise serait en perte de vitesse selon l’analyse de certains ; excellent prétexte pour nous de donner la parole à celui-là même qui consacre sa vie à la promotion du patrimoine culturel.

Ça nous fait plaisir de parler aujourd’hui de culture avec toi, surtout que tu es présenté comme étant un grand de ce domaine dans le pays…

Je te remercie cher ami, c’est bien que vous vous intéressiez à la culture parce que comme on le dit souvent, la culture c’est ce qui reste quand on a tout oublié, mais moi je dis la culture c’est qui reste et qu’on ne peut jamais oublier.

Qu’en est-il de celle dite patrimoniale ?

Justement, il faut faire attention car nous nous plaignons en Afrique aujourd’hui de ce qui pourrait passer pour une déliquescence de la culture patrimoniale ; je suis donc très heureux de que votre site et plus particulièrement le jeune journaliste que tu es puisse s’y intéresser. Je voulais aussi souligner un point important, c’est le « tu » avec le quel tu t’adresses à moi parce que l’africain culturellement parlant s’adresse même à Dieu avec ce « tu ». Le « vous » installe la distance entre les interlocuteurs donc c’est très important que l’on se tutoie. Pour répondre à ta question, je te dirais tout d’abord que je ne suis pas un homme politique, moi je ne fais que la science, comme pour dire que je tente d’être objectif ; alors je voudrais dire ma très grande admiration pour le gouvernement camerounais qui enfin a commencé à comprendre l’importance de la culture notamment patrimoniale, avec l’ouverture à l’université de Yaoundé 1 et à l’école normale supérieure de Yaoundé, d’un département baptisé « langues et cultures camerounaises » c’est-à-dire, il faut désormais enseigner la culture camerounaise dans la langue du locuteur de ladite culture. Donc en Bulu, Mendoumba, Douala, Féfé… alors je me dis que, si on a commencé au Cameroun par le sommet (puisque à l’école normale supérieure on forme des formateurs), il faut comprendre que très prochainement, quand les premières générations qui auront reçu cet enseignement-là seront sur le terrain et bien, la culture camerounaise sera enseignée dans les lycées et collèges et on ira plus bas et plus bas encore.

Est-ce à dire qu’il n’y a plus de raison de craindre une éventuelle décadence de notre culture ?

Ecoute, au moment où on pouvait émettre cette frayeur là : « est ce que notre culture ne va pas disparaitre ? », on peut se satisfaire de ce que nous sommes entrain de commencer par le sommet ; car c’est l’institutionnel. A présent je voudrais encourager l’informel, car la toute première école reste la maison, c’est papa et maman ; la culture camerounaise ne saurait disparaitre si les familles camerounaises réapprenaient à parler les langues camerounaises à la maison, parce que le support et le véhicule de la culture c’est la langue. Rattrapons d’abord nos langues, parlons certes français et anglais pour étendre notre discours à un plus grand auditorat, mais parlons beaucoup plus souvent nos langues maternelles. Tant que nos langues camerounaises n’auront pas disparu, alors il restera toujours de la culture camerounaise. Tant que les pouvoirs publics comprendront l’importance qu’il y a à soutenir la culture, tant que les mécènes et sponsors le comprendront également, on passera du stade de la préservation au stade de la diffusion et de la promotion à une grande échelle.

A ton avis, qu’est ce que les gens n’ont pas compris ?

Pour ma part, on parle de plus en plus aujourd’hui de l’industrie culturelle ; des gens ne savent pas qu’après le pétrole la deuxième industrie au monde c’est la culture, allons-y voir combien est-ce que le gouvernement américain rentre de fonds à travers Hollywood ou encore la musique…

La musique occupe une grande place dans la culture…, s’il faille analyser ces propos ?

On ne peut pas dissocier la culture de la musique, dans la mesure où en « Negroculture » nous n’avons pas le concept de musique ; en Bulu on dit « Ma Wok Mezik » en Douala « Na Senga Musiki »… donc pour dire qu’on ne dissocie pas chant, danse et paroles poétiques. Ces trois éléments sont intimement liés, si liés qu’ils sont le centre même de notre culture et vont au-delà du divertissement ; ils sont une « communication » et non une simple activité ludique. Et quand je parle de « communication », c’est la communication classique, communication initiatique et communication rituelle.

Quelle autre solution préconises-tu pour pérenniser cette richesse ?

Etendons tout d’abord la sensibilisation vers tous les médias, c’est-à-dire la radio, la télévision, la presse écrite, la presse cybernétique… même les conversations publiques sont un média. C’est de ça dont il est question, et tant que l’Afrique va continuer à se comporter comme cet arbre qui a son tronc en Afrique et ses racines en occident, nous tournerons à rond. Ramenons les racines de la culture africaine en terre africaine, ce n’est que comme ça que nous nous développerons et l’élément fondamental c’est la « langue ».

Ton mot de fin François Bingo Bingono ?

Juste dire que je soutiens la culture camerounaise bec et ongles. C’est ce que je fais à la radio tous les lundis à 23h05, les mardis à 23h05 et tous les jours de minuit à 2h, promouvoir notre culture. Sinon, je suis modestement un enseignant du supérieur ; pour dire que j’enseigne la culture y compris la culture sacrée c’est-à-dire la culture rituelle. Je ne dédaigne pas le mysticisme, j’enseigne le mysticisme africain…, c’est de la culture.

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Un commentaire

  1. Parfait M. Bingono Bingono! Dans la tete de nos frères et soeurs c est l occident et rien que l occident! La meilleure culture est européenne et américaine.toutes mes connaissances sont déçues par le fait j eus choisi de faire langues et cultures camerounaises à l université. Tous, d un rire moqueur disent: « dans tous ngoa ekellé, c est tout ce que tu as pu trouvé comme filiere? Il vaudrait mieux pour toi de rester à la maison ou bien comme c est ce tu aimes tant tu peux aller au village apprendre ça »! Et moi j ai toujours dit:Personne ne décide à ma place surtout en ce qui concerne les études. Aussi, je me plais dans ma culture(langue), dans mon pays et dans mon continent.Nous avions été piétiné par les colonisateur autrefois au point où ils nous ont fait comprendre qu il n y a rien de bon en nous. Seul, l esclavagisme. Et nous l affirmons davantage par le refus de parler sa langue, le refus du port de nos vetements traditionnels, la consommation de nos plat culinaires etc. Pourquoi refuser son identité culturelle? L AUTRE EST- IL MEILLEUR QUE MOI?

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